Encore une initiative de Léo Scheer qui fait parler d’elle : le
Prix « B » (ici en version dépêche AFP par
Zoé Balthus) en réaction à un nouveau palmarès de prix affligeant – mis à part, en ce qui me concerne, le
Prix Wepler puisque j’ai beaucoup aimé le livre d’Olivia Rosenthal,
On n’est pas là pour disparaître. Qui conserve d’ailleurs son prix, dans le Wepler B de Léo.
Je dois avouer n’avoir pas lu en détail toutes les réactions mais voici, brossée à grands traits, ma position en la matière. Voulant-faire-son-intéressante dès mon plus jeune âge, je n’ai jamais eu que faire des
Prix. Chaque année, à Noël, ma grand-mère (abonnée à
Sélection du Reader Digest et au
Chasseur Français grâce auquel elle avait épousé son second mari, sur petite-annonce) offrait à mes parents le
Prix Goncourt de l’année. Chaque année, ma mère faisait un grand sourire figé en ouvrant le paquet et allait ranger le livre sur une étagère, à côté des autres
Prix Goncourt des 15 dernières années, jamais ouverts. Puis elle proposait une seconde part de bûche à tout le monde. C’est ça le
Prix Goncourt : un marché, un produit à consommer avant ou après repas familial, entre amis, un truc d’homme-d’un-certain-âge-et-d’un-certain-capital pour brancher une jeune femme dans le train Nice/Paris, du chiffre d’affaire. Ça fait tourner la boutique.
Ma mère préférait lire des policiers (des centaines de policiers, c’est addictif, les policiers) et Henri Michaux – je sais, le mélange peut paraître étrange. Mon père, quant à lui, à fait semblant de relire
Anna Karenine (allez savoir pourquoi
Anna Karenine) pendant 15 ans pour faire plaisir à sa littéraire de fille mais il n’ingurgitait que de la jurisprudence. Pour ma part, ayant lu tout ce qui était lisible dans cette maison de la posologie du Débridat au Calendrier des Pompiers – sauf la jurisprudence et
Le Chasseur français – je dois avouer que j’ai toujours évité soigneusement l’étagère des bandeaux rouges. Les
Prix Goncourt, en tant que
lecteur, sauf exception, me sont toujours tombés des mains, sentiment qui va croissant. Tout simplement : le monde des
Prix n’est pas, globalement, mon univers de lecture. Et quand un livre que j’aime a un
Prix : youpi ! C’est beau comme de la neige sur la Place Saint-Nicolas en hiver ou du soleil à Saint-Malo en été.
En tant qu’
écrivain, si un jour j’ai le
Prix Goncourt… j’offre du champagne aux lecteurs de rougelarsenrose...
En tant qu’
éditeur, enfin, voilà que le bât blesse. Il est évident que je n’édite pas des livres pour ma pomme et que je tente de les défendre au mieux. De les faire connaître au plus grand nombre de lecteurs possible. En cela, je ne puis rester indifférente au ronron mafieux des
Prix. Sans souci de l’assentiment ou de la révolte des lecteurs – les vrais, vous, moi, pas les membres de jurys. Évidemment et heureusement, tous les
Prix n’obéissent pas à la règle ! (je l’ai déjà évoqué plus haut). Mais dans ce contexte, je trouve l’initiative du
Prix « B » bienvenue en ce qu’elle peut attirer l’attention sur ce problème. Et donc, bien sûr, cela va de soi, allons-y pour des Prix « C », « D », « E », « F », « G », « H », « I », « J », « K », « L », « M », « N », « O », « P », « Q », « R », « S », « T », « U », « V », « W », « X », « Y », « Z »… & surtout, ne fermons pas nos gueules.