samedi, juillet 30, 2005

« …un vent bleu traverse les rideaux du ciel pour tout emporter au loin… »

Chroniques des quais

« … Aux confins du terrain de jeu, des milliers de voitures aveugles fonçant non loin, la sensation du temps qui s’écoule s’enroulant autour de mon crâne, ce type m’a retourné pour presser tout son corps contre moi, ses bras autour de mes épaules et de mon cou, ses mains plaquées contre mon torse, chatouillant le lobe de mon oreille et mon cou avec son haleine chaude



Quand nous avons joui il est retombé contre le mur, ses bras contre ses flancs comme s’il avait été crucifié et aux anges et en savourait les derniers instants enivrants tel saint Sébastien transpercé par les longs roseaux des flèches, sa silhouette se détachant sur la nuit pleine de nuages qui s’ouvrait, révélant étoiles et lune. Nous avions l’impression d’être des silhouettes à la dérive, des comètes chutant dans un vieil album illustré. J’ai pensé que les livres scientifiques ne révéleront jamais jusqu’où le corps peut aller pour éprouver une sensation de hasard et de changement inaltérables, quelque chose d’extérieur au flux de la régularité : les rues, la routine du boulot, les nuits sans sommeil sur des matelas esseulés et humides.



Au bord de l’étourdissement, je l’ai accompagné dans les rues me voyant avec lui dans les bois mal famés de ce rêve côtier que je fais toujours et dans lequel je me perds loin des rouages globaux du monde : pas de Robinson Crusoé mais un endroit atemporel où le passé pouvait s’oublier et où il n’y avait qu’un gars avec un ventre dur contre lequel se reposer, et j’écoutais son cœur battre sous sa peau tremblante. On est passés devant une vieille femme assise sur sa véranda qui parlait à un flic dans la ruelle d’à-côté. Ils ont ouvert la porte avec une pince-monseigneur… et tout à coup ils ont débarqué. Émerveillé par le bruit j’ai remonté mon col pour me protéger des fraîches bourrasques du vent d’hiver. »

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