samedi, juillet 28, 2007

Un dernier pour la route quand même



... et pour frimer, surtout, parce que j'ai déjà vu le pilote : Californication, la nouvelle série de Showtime dont le héros est un écrivain en crise artistique et sentimentale interprété par David Duchovny alias le flic travesti de Twin Peaks alias, bien sûr, Mulder dans X Files.
Le gâteau sur la cerise, c'est que le héros est écrivain - j'aime bien aussi les croques-morts, les mafieux, les patrons de saloon, les empereux romains, les femmes au foyer alcooliques et atteintes de TOC, les cultivatrices de beuh, les super héros japonais et autres tueurs en série moraux - mais ici il s'agit d'un écrivain dépressif et obsédé sexuel. Où l'on observe que les écrivains américains en crise d'inspiration made in Showtime roulent en Porsche - ça change du Marché de la Poésie...

vendredi, juillet 27, 2007

Sur ce, folks...




Plage
envoyé par laurelimongi


... rendez-vous à la rentrée !

jeudi, juillet 26, 2007

Arrêter d'écrire


(Oui, un simple débat à la BNF pourrait être une raison suffisante. Meuh non, allez...)


« Un livre, c’est la mort d’un arbre. »

(Saint-John Perse… d’après David Markson in Arrêter d’écrire, p.36)

Contrairement à ce que suggère le titre – et l’annonce du livre qu’on peut lire un peu partout – je ne pense pas que l’auteur souhaite réellement arrêter d’écrire. Ou alors il le souhaite autant que moi, autant qu’un chanteur souhaite arrêter de chanter, un danseur de danser, un banquier de gagner de l’argent. Non, pour moi ces infinitifs signifieraient davantage accepter la mort, son horizon. Accepter qu’à un moment tout s’arrête, ouf, après tant d’agitation (ou d’inaction) on dépose les armes et le reste est posthume. Ce n’est donc pas un vœu mais une considération stoïcienne qui inscrit le travail artistique à l’échelle de la vie humaine. Un memento mori qui dégonfle les baudruches de la gloire et de l’hypertrophie égotique de l’artiste. D’ailleurs, le titre anglais est : This is not a novel. Comme dans « ceci n’est pas une pipe »1 . Ceci n’est pas un roman, on ne peut pas en suivre l’intrigue trépidante, on ne peut pas s’identifier aux personnages, on ne peut pas en disséquer la psychologie, on ne peut pas y trouver des chapitres, des scènes de résolution, des dialogues convaincants… Ceci n’est pas un roman mais l’image d’un roman, un miroir de roman, un méta-roman dans lequel l’auteur dresse une liste des causes de décès d’artistes, de leurs maladies, d’anecdotes les concernant, tout en écrivant – oui, tout de même – l’« art poétique » de son anti-roman :


« Écrivain est plus que las d’inventer des histoires. (…)

Écrivain est tout aussi las d’inventer des personnages. (…)

Un roman sans la moindre indication d’une histoire quelconque, voilà ce qu’aimerait inventer Écrivain.
Et sans personnage. Pas un seul. (…)

Sans intrigue. Sans personnage.
Mais incitant le lecteur à tourner néanmoins les pages. (…)

Sans action, insiste Écrivain.
Autrement dit, sans une suite d’événements.
Autrement dit, sans que soit marqué le passage du temps.
Mais bon, en arrivant quelque part malgré ça. (…)

Un roman sans décor 2. Sans prétendu mobilier. (…)

Un roman entièrement dépourvu de symboles. (…)

Au final, une œuvre d’art sans même un sujet, souhaite Écrivain. (…)

Écrivain existe-t-il même ? Dans un livre sans personnages ? (…)

Visiblement, Écrivain existe. N’étant pas personnage, mais l’auteur, ici. Écrivain écrit, bon sang… »


Il n’y a pas plus écrit que cette compilation motivée par la paranoïa et l’hypocondrie – topique – de l’écrivain. Pas plus composé que la juxtaposition de ces éléments hétérogènes, faisant alterner détail morbide et anecdote irrésistible, par exemple :


« Rembrandt travaillait si lentement, surtout à la fin de sa vie, qu’il devint de plus en plus difficile pour lui de trouver des modèles.
Ce qui explique en bonne partie les cent et quelques autoportraits.

Luisa Tetrazzini est morte sans le sou.

Tolstoï à qui l’on demandait s’il avait lu une pièce récente de Materlinck :
Pourquoi l’aurais-je lu ? Ai-je commis un crime ? » (p. 58 )


Ou encore :


« Rilke aimait cirer les meubles.

Jackson Pollock faisait des tartes.

Origène s’est castré.

Aucun artiste ne tolère la réalité, a dit Camus. » (p. 108)


Le monde de l’art apparaît sous des couleurs drôles, certes, voire grotesques, mais aussi acides et cruelles – la jalousie et les médisances des artistes entre eux, notamment. (Les critiques n’étant pas épargnés). Le monde de l’art apparaît peuplé de mortels dotés de corps fragiles, soufrant, se répandant, mourant tous, mourant bêtement, un jour, à l’échelle de six ou sept par page, achevés d’une phrase. Et d’ailleurs, « Écrivain » ne se sent pas très bien non plus, il a mal à la tête, mal au dos, mal à la tête, mal au dos… et s’inscrit donc dans ce futur cimetière (après la page 192) à compléter, sans fin.

David Markson ne cesse, au cours de livre, comme on l’a vu dans la première citation, de questionner les possibilités de son anti-roman : une absence de roman ? un catalogue ? une étude approfondie sur les maladies de la vie artistique » (p. 89) ? en insistant sur le fait que ce qu’Écrivain décrète, l’objet le devient – puisque l’objet n’existe qu’à travers l’énonciation même d’Écrivain. Il semble conclure ainsi :

« Ou n’était-ce peut-être rien de plus qu’un genre fondamentalement identifiable tout ce temps, en dépit de tout ce qu’a affirmé Écrivain.
Rien de plus ou de moins qu’une lecture ?
Simplement une lecture non conventionnelle, globalement mélancolique bien que parfois même espiègle et s’achevant maintenant ? » (p. 187)


Je souscrirai davantage à l’option de l’autobiographie (p. 60). Au sens ou Télex n°1 de Jean-Jacques Schuhl, Garance Rose d’Hélène Bessette, Louve basse de Denis Roche ou Un ABC de la barbarie de Jacques-Henri Michot pourraient être des autobiographies. Les plus réussies du genre contemporain, d’ailleurs, selon moi (avec une certaine adaptation historique et en guise de matrice on pourrait même ajouter Vie de Henri Brulard à la liste). Des textes cernant un moi écrivant à travers le prisme d’éléments d’écriture hétérogènes, des montages, des listes… détournant la question de l’abondance écœurante de « je » et de « moi » mais poursuivant néanmoins une quête auto-réflexive et d’identité. Même si celle-ci reste, bien sûr, toujours un peu flottante :

« Vous n’êtes pas oune escrivain, vous êtes oune araignée, et au Mejico nous abattons les araignées. » (p. 177)


Note écrite pour La Revue Littéraire n°32 à paraître le 24 août prochain (la suite dans la revue, donc...)

Arrêter d’écrire de David Markson, traduction Claro, collection Lot 49 au Cherche Midi, 192 pages, 15 euros.

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1 Dont le titre est : La Trahison des images. (la trahison du roman ?)
2 Bon, on va dire que je suis obsessionnelle (ce qui n’est pas faux) mais un parallèle : « Roman sans paysage. Pas de décor. Pas le temps de décorer. Sans décoration. Siècle de la vitesse. Le lecteur est pressé. La romancière est pressée. Le lecteur lit à 60 à l’heure. à 80 à l’heure. à 35 nœuds. à 400 à l’heure. Et : LES PERSONNAGES SONT PRESSES. — RITE. ALLONS. DEPECHEZ-VOUS. VITE ». maternA, Hélène Bessette, incipit.

mercredi, juillet 25, 2007

Sieste... {soupir}



... j'ai des chats depuis que je suis toute petite... et j'ai toujours envié les chats (les matins pluvieux, les veilles d'examens, les journées difficiles, dans les bus bondés)...

Séries d'été (non, pas les séries françaises de l'été)



... en ce moment, même si ce n'est pas ma préférée, je dois avouer que je regarde (nous regardons) avec plaisir Weeds saison 3 tout en attendant avec impatience la suite de Heroes et de Dexter.
Ah oui, il reste la saison 2 de Rome, aussi, à voir...

Vitam impendere amori



...
Le soir tombe et dans le jardin
Elles racontent des histoires
À la nuit qui non sans dédain
Répand leurs chevelures noires

dimanche, juillet 22, 2007

rue de Paradis, Paris, X

Thomas Clerc publie à la rentrée chez Gallimard (collection l’arbalète) Paris, musée du XXIe siècle : le dixième arrondissement de Paris, sujet auquel une ancienne habitante du 58 rue de Paradis (hein Emmanuel, Béatrice & Cathy) ne peut qu’être sensible. D’autant plus que l’auteur adopte un angle d’approche qui m’est cher depuis quelques années – depuis ma première visite de Berlin, ville-friches, et ma lecture de Gilles Clément (sa notion de « tiers paysage ») – la question de la muséification de Paris dont on observe la progression à l’œil nu, tous les jours, avec la vitesse des marées qui déboulent à l’allure de chevaux au galop. Épuisant l’arrondissement à la Queneau, de façon vertigineuse, Thomas Clerc crée également une forme hybride d’écriture, comme il l’avait fait dans son Maurice Sachs dont je vous livre une lecture ci-dessous (publiée dans La Revue Littéraire – une alterfiction qui me fait penser, mutatis mutandis, au Corbière le crevant d'Emmanuel Tugny, à paraître le 17 octobre prochain). Il redécouvre également son propre Paris à l’occasion de cette recomposition subjective de la ville : « les perles ne sont pas le tout du collier, c’est le fil, aussi, qui les tient. »

Maurice Sachs, sa vie, son œuvre. Maurice Sachs, sa mauvaise vie, sa non-œuvre. Maurice Ettinghausen, ses masques, ses échecs. Alias, sa carrière d’escroc, son désœuvrement...
On s’attend, la plupart du temps, à ce qu’un livre consacré à un auteur en dresse un piédestal, même diagonal, même trouble, voire cruel. Une image figée quoique diffractée, manipulée, agitée par l’écrivain au second degré que devient le critique... Thomas Clerc réussit ici le tour de force de faire revivre, en quelque sorte, Maurice Sachs – actualisé en figures de style – de l’exhiber creusant sa tombe, sans fin, son mythe, son errance, ses trahisons... sous nos yeux. Enfin un essai « déclassé », indécidable, mêlant inextricablement ce qui constitue l’éthos d’un écrivain – même raté – : l’indifférenciation du je qui respire et de celui qui s’écrit.

Mais présentons brièvement cette icône de l’abjection qu’on aurait eu envie d’apercevoir au détour d’une péripétie, pour lui jeter un regard avec un frisson inavouable – la peur du diable, l’attrait du diable –, pour en sentir l’odeur de mort, pour se faire rouler et aimer ça, pour le haïr, contempler son gâchis, le conspuer... ou tout simplement avoir le sentiment amer de croiser un miroir...

Une vie de faux-semblants. L’abandon du nom juif de son père – Ettinghausen – au profit de celui de sa mère. Déclassé, il se convertit à un peu tout, aime les hommes et les femmes, l’excès, triche, ment, intrigue, vit dans un luxe qu’il n’a pas. Il côtoie Jean Cocteau, Max Jacob, André Gide qu’il trahit (ainsi que bien d’autres). Commet peu de livres qu’il dénigre avec violence. Est publié principalement après sa mort. « Ses combines sont des chefs-d’œuvre et sa prose une braderie » (p. 18). La guerre lui permet d’intensifier ses trafics divers jusqu’à ce qu’il devienne un agent de la Gestapo à Hambourg... tout ça pour finir expédié de deux balles dans la tête par un SS en 1945.

Thomas Clerc parle avec justesse de « Kitch de l’existence » (p. 134), d’un « artiste en différé, aux marges de la page » (p. 24) et parvient à retracer le parcours proprement fictionnel de cet être de chair et de sang. Étapes par étapes, des figures de styles revisitées recomposent un grand corps de tropes et de genres dévoyés. Une supercherie littéraire en négatif, en somme ; un écrivain à la fois bien réel et totalement fictif, et surtout irrécupérable. « Moins qu’un écrivain, il en est l’image » (p. 58). La « honte » de la littérature et son incarnation la plus incandescente : « Que fut la trahison pour lui sinon l’autre visage, suprême et dégradé, de la littérature ? Sa propension à décevoir les autres ne prit fin que lorsqu’il s’enferma dans la fiction, déclarant forfait comme on retourne une carte. Un écrivain authentique est aussi un traître, traître au monde, à sa classe, traître aux choses qu’il remplace par leur ombre verbale, traître au jeu de la respectabilité et des pouvoirs. « Peut-être écrirais-je un jour un journal de Judas » indique t-il dans une lettre. Mais qu’a t-il fait d’autre ? « (p.32)

Maurice Sachs le désœuvré créé un genre en lui-même, en accord avec son objet. Une fiction de biographie critique, déliée, acérée. Un exercice d’« hétéroportrait » égratignant la dorure des légendes. La sienne (Maurice Sachs), la sienne (Thomas Clerc). Livre de déclassés au pluriel – cf. incipit. (Y ajouter l’histoire du critique du critique, à l’occasion. Et de quelques lecteurs, sans doute...) Maurice Sachs est un accroc au piédestal de la littérature. Sa vie la déplace, la nie en la recherchant désespérément. Maurice Sachs est une tache à la morale. Bon ? mauvais ? facho ? malade ? pervers ? Il n’était rien, juste rien qu’un corps gras, d’une disgrâce commune, surmonté d’un cerveau destiné à être traversé par deux balles SS après quelques aventures qui en valent bien d’autres. Thomas Clerc n’écrit pas un livre sur Maurice Sachs tout en l’écrivant. Il vide ses poches (Maurice Sachs : « Photographies retrouvées (...) — des Japonais aux bains —un cameraman torse nu sur une plage — des jockeys — la reine d’Angleterre entourée de ses pages —un groupe de soldats torse nu — des golfeurs — le toréador Juan Belmonte — jeunes gens faisant leur toilette — un jeune homme distingué qui mange une coupe glacée —des athlètes allemands — des gardes républicains » p. 59). Il vide ses poches (Thomas Clerc, fragment d’une généalogie). Et nous pousse à regarder d’un peu plus près l’hétérogénéité des icônes...

Maurice Sachs le désœuvré, Thomas Clerc, éditions Allia.

vendredi, juillet 20, 2007

Zadkine & après



Sur une invitation de Jérôme Mauche, lecture, hier, au Musée Zadkine de Grandes Espérances de Kathy Acker, Mademoiselle de Biche d'Emmanuel Tugny (bientôt chez Laureli) & d'un extrait de Valérie, un livre à paraître de La Rédaction - qui était d'ailleurs là avec ses agents et machines pour capter des traces des réactions du public.

Quel bonheur de lire ces livres !
Je me pose toujours autant de questions concernant la lecture de mes propres textes en public mais je commence à trouver un plaisir gracile, très nu à lire simplement sans me sentir obligée de convoquer systématiquement toute une armada technologique…


Olivier Quintyn, Daniel Foucard, Véronique Levy (et derrière l'appareil Emmanuel Rabu)... spectateurs en goguette ou agents-doubles de La Rédaction ?...

Toujours à Zadkine, lectures le jeudi 2 août (allez, c'est bien Paris, en août !) :
À 13 heures Jacques Roubaud lira ses textes & ceux de Jean Daive.
À 19 heures Emmanuel Rabu lira, notamment, des extraits de +/- (à paraître).

lundi, juillet 16, 2007

Dido & Anne-James




Dimanche soir, 20h30
: Questio de Dido, un Atelier de Création Radiophonique d'Anne-James Chaton :

«Plus qu’une légende, une rumeur persistante court les ruelles de Naples : le manuscrit de l’Énéide de Virgile serait caché quelque part dans les murailles du Château de l’Œuf.
Nous partons à sa recherche. Et puisque le texte de Virgile nous sert de carte d’orientation dans cette quête, les personnages qui le peuplent prennent vie dans les rues de la ville. Didon arpente les quartiers de Naples à la recherche du précieux texte dont elle aimerait réécrire la fin. À ses cotés Énée, Vénus et Junon représentent les figures d’un destin littéraire inflexible.
La composition radiophonique est un aller-retour entre le texte classique et sa réécriture. La narration virgilienne, présente au travers des monologues de Didon, lesquels sont dits en italien, et des oracles féminins, Vénus et Junon, croise des entretiens réalisés avec des napolitains : un boucher, un cordonnier, un boulanger, qui nous mettent sur la piste du fameux manuscrit. Une “voix off” masculine, française, dit le périple contemporain de Didon et dessine ainsi une ligne sonore monocorde autour de laquelle s’enroulent les événements anciens.»



Jeux-concours rougelarsenrose : reconnaissez les voix de Didon, Énée, Anne, Vénus, Junon... et gagnez un week-end à Naples avec Anne-James Chaton

samedi, juillet 14, 2007

Didascalies (l’idée du Nord traverse lentement la scène)

« Il y a tout une époque entre nous et,
aujourd’hui, un pays entier de
neige. »
Mallarmé

pour Maïa


Il faudrait commencer par ce souvenir de vitre glacée, encadrée d’une portière. (
Le bras sur l’accoudoir, le front touche presque la surface vitrée tachetée d’éclats neigeux, le regard cherche quelque chose qu’il ne connaît pas). Trajet Toulon > Publier – véritable nom d’une véritable petite ville de Haute-Savoie –, un certain hiver (elle remue un peu sur le siège passager et monte le chauffage). Passant par Grenoble, avoir scruté la beauté neigeuse de cette ville, le beau dégradé de gris s’évanouissant jusqu’au blanc (le conducteur chantonne une musique de Jacques Duphly, ce qui est pourtant difficile à chantonner), en se demandant pourquoi Stendhal la trouvait si détestable (la mémoire fait le tri, en accéléré, des extraits idoines, la mémoire accroche sur des passages qui ne correspondent pas à cette situation précise mais qui sont associés à des émotions de lecture agréables, et elle sourit), malgré les noix, les montages majestueuses – puis se souvenant que Stendhal n’aimait pas son père, d’où Grenoble, par association d’affect.

Il faudrait poursuivre par ce deuxième souvenir, postérieur, de découverte d’
Avignon, un été. (Elle marche lentement dans la touffeur vaguement poussiéreuse, cheveux relevés, la petite robe d’été collant aux cuisses à chaque pas.) Avignon, inondée de soleil. Avoir immédiatement détesté la ville – alors que mon père n’y vit même pas. (Elle arrive sur une place investie de cafés, bosselée de parasols griffés brandissant leurs couleurs aussi criardes que les touristes.) L’étonnement (La plupart mangent une entrecôte/frites. Comment peut-on manger une entrecôte/frites par une telle chaleur ? – replaçant une mèche derrière l’oreille) de haïr aussi gratuitement une ville malgré des données esthétiques qui me font, ordinairement, aimer un lieu : l’ocre des pierres, la chaleur du Sud, l’Histoire… Serait-ce la tonalité bourgeoise ? la foule ? le théâtre ? La répulsion reste mystérieuse. (Mais elle finit par s’asseoir en soupirant pour boire un verre frais, sachant très bien que cela ne fera que renforcer la sensation d’étuve, et même le contact de la chaise à travers le tissu trop fin de la robe est désagréable.)

Troisième souvenir qui n’a rien à voir (
elle ne peut s’empêcher de digresser car son cerveau est ainsi fait, tissé multicolore, et car l’instrument le permet ; il est connecté au réseau donc au monde. L’unité de temps, l’unité de lieu, l’unité d’action, tout fuit par tous ses ports) mais qui surgit tout de même tout près des deux autres. (Face à l’écran qui est comme un miroir, qui est comme une rêverie sans brillance. La complaisance en écho d’ego demeure, bien sûr.) En superposition. (La mémoire accroche sur des passages qui ne correspondent pas à cette situation précise mais qui sont associés à des sentiments agréables, et elle sourit.) Dans un lit, un hiver glacial à Berlin (elle est bien dans la chaleur des draps, des bras, et étend paresseusement ses jambes), on voit de lourds flocons tomber lentement, derrière la vitre. (Les flocons tombent lentement derrière la vitre). Je me rue (elle se tourne brusquement) sur un bout de feuille et un crayon en disant « attends, deux minutes, il faut que je note quelque chose ». (Elle griffonne une ou deux phrases à la va-vite, d’un air concentré). Lui (il fume une cigarette roulée en sirotant du thé) se moque en tirant sur la couette « ah ouais, c’est ça, l’inspiration… » (Il rit, elle fronce les sourcils, un peu vexée.)

The Idea Of North de Glenn Gould (emmitouflé, qui marche lentement vers un horizon blanc.)

« Quel plaisir de lui donner des baisers, d'en recevoir ! etc. », Stendhal,
De l’amour (écrivant nerveusement dans les marges de La Chartreuse de Parme : « préfères-tu avoir eu trois femmes ou avoir écrit ce livre ? »)

(
Immobile, au beau milieu de la scène, énervée de cette détestation gratuite d’Avignon qui lui fait cruellement ressentir l’arbitraire de ses goûts et de ses choix, tournant autour du texte comme sur un carrousel, angoissée, les cheveux au vent, avec un léger vertige, elle décide de mener une enquête sur la ville pour trouver des données objectives de réévaluation.)

entracte

Pétrarque (
en grand habit, il fréquente la Cour) voit Laure (d’une beauté parfaite mais déjà adulte, sérieuse, peut-être soucieuse, il l’appelle mulier, foemina et jamais virgo ou puella comme il aurait dû le faire, d’après les archétypes poétiques en vigueur), pour la première fois (il la regarde en secret, elle ne le voit pas ou fait mine de ne pas le voir, elle est mariée), dans l’église de sainte Claire (portant un manteau rayé de pénitente) d’Avignon, le 6 avril 1327 (il y habite depuis quatorze ans). Il l’aime vingt ans (il voyage et écrit voyageant, il voyage et rêve à Laure, qu’il ne connaît pas, il rêve à l’image de Laure, qu’il n’a vue qu’une fois, voyageant), jusqu’au jour où il apprend (il est vêtu d’ un habit clair et ne peut oublier le paysage sur lequel il lève les yeux après avoir lu cette terrible nouvelle) qu’elle a succombé à la peste, et ne cesse de la regretter (en contraste, au fond de la scène, côté jardin, le mari de Laure se remarie immédiatement, portant toujours son deuil) durant vingt-six ans qu’il lui survit (le chœur chante et réunit, après leur mort, deux êtres qui de loin s’étaient tant aimés, le chœur chante et brandit des portraits de Pétrarque et Laure, liés par l’imagination populaire). Ce sont les poésies qu’il fait sur elle, avant et après sa mort, qui composent son Canzoniere (Pétrarque, ceint des lauriers poétiques mais le regard mélancolique.)

Monologue :

quand les soupirs
à vous nommer
le nom, le nom
mis en écrit
louer louant, Laure
s’y avance
ma langue presse
louer louant, Laure
pétrifié
touche en écrit
sa branche précieuse

(Il traverse la scène, nu, d’un pas lent et élastique, venant d’on ne sait où (si, de Berlin), se moquant : « ah ouais, c’est ça, l’inspiration… » En coulisses, elle fronce les sourcils, un peu vexée. Elle s’est rhabillée car il fait froid. Ou que la chaleur ne l’anime plus. Avec cet air sombre, on ne pourrait plus l’appeler puella mais mulier irait bien. Quel mauvais caractère en jupons.)

Laure (
se retourne) s’appelle Laure de Noves, femme de Hugues de Sade (il trousse sa nouvelle femme, toujours vêtu de noir, toujours côté jardin). Par une facétie de l’histoire (le chœur ricane, ce qui n’est guère approprié, cela fait comme un cri prolongé de mouette), l’un des objets d’amour les plus idéalisés et désincarnés de l’histoire littéraire se trouve être mariée à l’ancêtre du marquis de Sade, auteur, notamment, des 120 journées de Sodome (portes se fermant au loin, sur des scènes que l’on ne verra pas. Vague rumeur.)

« Laissez travailler la tête d'un amant pendant vingt-quatre heures, et voici ce que vous trouverez : Aux mines de Salzbourg, on jette dans les profondeurs abandonnées de la mine un
rameau d'arbre effeuillé par l'hiver ; deux ou trois mois après, on le retire couvert de cristallisations brillantes : les plus petites branches, celles qui ne sont pas plus grosses que la taille d'une mésange, sont garnies d'une infinité de diamants mobiles et éblouissants ; on ne peut plus reconnaître le rameau primitif.
Ce que j'appelle
cristallisation, c'est l'opération de l'esprit, qui tire de tout ce qui se présente la découverte que l'objet aimé a de nouvelles perfections. » Stendhal, De l’amour.

En 1818, Stendhal rencontre Métilde (
au milieu de la scène, dos à dos) qui ne veut pas de son amour (= Dante et Béatrice côté cour, = Pétrarque et Laure côté jardin, en symétrie), ce qui ne fait qu’exaspérer sa passion (Henri Beyle dénoue son écharpe rouge). C’est pour elle, sans jamais l’avouer (Henri Brulard, col ouvert, air perdu, porte successivement plusieurs masques à son visage), qu’il écrit De l’amour. C’est songeant à elle, sans jamais l’avouer (cette fois il se cache derrière des lunettes vertes et poursuit Métilde à Milan), qu’il écrit La Chartreuse de Parme. Il ne cessera de l’aimer et l’idéalisera, après sa mort (Laure et Métilde se regardent, s’avancent l’une vers l’autre, se croisent sans se toucher, sortent de scène), la transformant en « un fantôme tendre, profondément triste et qui, par son apparition me disposait souverainement aux idées tendres, bonnes, justes, et indulgentes ». Cruel fantôme, inatteignable.

le nom, le nom
ma langue presse
sa
branche précieuse

« Elle chantait souvent une
romance où il était question d’un mouchoir donné comme souvenir par une bonne, et puis d’un enfant mort bercé par la veuve d’un soldat. » (Francis Ponge, Nouveau Recueil, souvenir d’Avignon).

dernier acte

C’est dans l’itinéraire capricieux de l’imagination – dédale moqueur – sur la géographie singée de la scène – volière de sentiments – qu’apparaissent les goûts et les dégoûts. Leur arbitraire. En didascalie, le mouvement des corps et de l’âme, le vertige des digressions. Avec pour seul moteur, un argument absurde : « pourquoi détester Avignon sans la connaître ? » On en arrive (
soupir) au dénouement suivant, piteux, catastrophique – variante comique de cette tragédie :

Stendhal détestait Grenoble car il adorait sa mère.
Je déteste Avignon sans raison.
Or.
J’adore ma mère.
Or.
Avignon a été le lieu anachronique d’une cristallisation.
Or.
J’aime Stendhal.
J’aime l’amour.
Donc j’aime Avignon (finalement).
(…)
Non, même pas.

Il vaut mieux laisser le chœur conclure, comme il se doit (
la lumière baisse peu à peu jusqu’à ce que tombe le rideau – et la neige et le cortège) :

« Il faudrait finir par ce souvenir de vitre glacée, encadrée d’une portière. (
Le bras sur l’accoudoir, le front touche presque la surface vitrée tachetée d’éclats neigeux, le regard cherche quelque chose qu’il ne connaît pas). Il voyage et écrit voyageant, il voyage et rêve à Laure, qu’il ne connaît pas, il rêve à l’image de Laure, voyageant. Vers Publier, Avignon ou plus loin encore. Oui, plus loin. Il neige, il fait soleil. Le temps se lève, le jour tombe. (La mémoire accroche sur des passages qui ne correspondent pas à cette situation précise mais qui sont associés à des sentiments cristallisés quelque part sous la constellation du poisson austral, et elle sourit.) C’est une histoire de café renversé dans une soucoupe, de regards en coin, de trains manqués, d'avions qui volent haut. Une histoire de cœur qui bat au son d’une voix, de bifurcation prise, créant un destin. Une histoire de villes qui portent en elles des portraits léchés (Laure, Métilde, Béatrice se recoiffent) de tragédies. »


{texte écrit pour La Res Poetica II, juillet 2007, gratuit de poésie à 1€ distribué à Avignon et environs, Rio de Janeiro au Brésil ainsi qu'en Limousin(e)}

mercredi, juillet 11, 2007

Forza Bastia


(Ceci n'est pas une photo tirée du film...)

So Foot pour son numéro d'été offre (dans certains numéros) le DVD de Forza Bastia de Jacques Tati, que je cherchais depuis des années ! Un reportage réalisé en avril 1978 sur l'équipe de Bastia opposée au club d'Eindhoven sur le terrain de Furiani à l'occasion du match aller de la finale de la coupe d'Europe de football. Évidemment, il ne s'agit pas d'un reportage de foot au sens classique du terme ; c'est surtout un film sur l'ambiance locale et les supporters. J'y ai reconnu des visages familiers (et quelle émotion, Bastia en 78 !) mais j'ai hâte de le montrer à mon frère qui avait 16 ans, à l'époque, il va sans doute voir plein d'anciens camarades de lycée. La façon de filmer les occasions de but manqués est très Tati. Et l'atmosphère créée par l'orage (qui détrempe le terrain), unique : la mélancolie de l'île.

lundi, juillet 09, 2007

On sait que tu vas vite (fonction elle visse)



« On l'a maquillée
On l'a habillée
On l'a fait briller
Tu vas l'essayer
Mais t'as pas de quoi la payer
Demande le fric à ton vieux
Et tire toi d'ici
Ailleurs si c'est pas mieux
Alors tant pis
Même si la route est mouillée
Mets ton ciré vernis
Paye pas ton demi
Va t'en sans dire merci
Et roule dans la nuit

Pourtant comme on sait que tu vas vite
On sait que tu vas vite
On sait que tu vas vite
On sait que tu vas vite...
On te guette si on t'attrape on est quitte
On te guette si on t'attrape on est quitte

Demande des fleurs à ton vieux
Qu'a de l'eau plein les yeux
T'avais même trouve
Un petit atelier
T'allais travailler
Peut-être même te marier
Dans l'année

Pourtant comme on sait que tu vas vite
On sait que tu vas vite...
On te ramasse on t'enterre on est quitte
On te ramasse on t'enterre on est quitte »

(Gérard Manset, Ya une route, 1975).

dimanche, juillet 08, 2007

Mal aimé en chanson



... j'ai eu la chance d'avoir un professeur de français exceptionnel en première, au Lycée Giocante de Casabianca, à Bastia. (C’était en 1992-1993). Vraiment exceptionnel. Alexis Micheletti. Je lui dois une éternelle reconnaissance – de ces êtres qui decillent, aiguillent, révèlent. Une des personnes que je respecte le plus au monde. Car il a toujours (et encore aujourd’hui !) transmis avec passion, au milieu du grand n’importe quoi, du plein soleil, de l’appel de la plage et du maquis, des réformes de programme crétines, de l’amaigrissement accéléré des corpus, des préfectures qui explosent, du drame de Furiani, des bombes agricoles planquées dans la cantine, de pères assassinés dans de sombres règlements de comptes… son amour de la littérature. Qui est tout. Avec une tendre et ferme bienveillance pour ses élèves. Nous avions eu la chance, entre autres choses, d’étudier Alcools d’Apollinaire. Quelle claque à 17 ans ! Dont je me souviens aujourd’hui en écoutant La Chanson du mal-aimé par Léo Ferré – re-claque à 31 (merci Emmanuel T.).
Et puisque que c’est vous, je vous offre les éternels conseils, en aparté de fin de cours, de mon bien-aimé professeur : « ne te marie jamais et écoute Jimi Hendrix ». Mais il aurait ajouté avec un fin sourire « oh, ça vaut ce que ça vaut »…




La Chanson du Mal-aimé


à Paul Léautaud.

Et je chantais cette romance
En 1903 sans savoir
Que mon amour à la semblance
Du beau Phénix s'il meurt un soir
Le matin voit sa renaissance.


Un soir de demi-brume à Londres
Un voyou qui ressemblait à
Mon amour vint à ma rencontre
Et le regard qu'il me jeta
Me fit baisser les yeux de honte

Je suivis ce mauvais garçon
Qui sifflotait mains dans les poches
Nous semblions entre les maisons
Onde ouverte de la Mer Rouge
Lui les Hébreux moi Pharaon

Oue tombent ces vagues de briques
Si tu ne fus pas bien aimée
Je suis le souverain d'Égypte
Sa soeur-épouse son armée
Si tu n'es pas l'amour unique

Au tournant d'une rue brûlant
De tous les feux de ses façades
Plaies du brouillard sanguinolent
Où se lamentaient les façades
Une femme lui ressemblant

C'était son regard d'inhumaine
La cicatrice à son cou nu
Sortit saoule d'une taverne
Au moment où je reconnus
La fausseté de l'amour même

Lorsqu'il fut de retour enfin
Dans sa patrie le sage Ulysse
Son vieux chien de lui se souvint
Près d'un tapis de haute lisse
Sa femme attendait qu'il revînt

L'époux royal de Sacontale
Las de vaincre se réjouit
Quand il la retrouva plus pâle
D'attente et d'amour yeux pâlis
Caressant sa gazelle mâle

J'ai pensé à ces rois heureux
Lorsque le faux amour et celle
Dont je suis encore amoureux
Heurtant leurs ombres infidèles
Me rendirent si malheureux

Regrets sur quoi l'enfer se fonde
Qu'un ciel d'oubli s'ouvre à mes voeux
Pour son baiser les rois du monde
Seraient morts les pauvres fameux
Pour elle eussent vendu leur ombre

J'ai hiverné dans mon passé
Revienne le soleil de Pâques
Pour chauffer un coeur plus glacé
Que les quarante de Sébaste
Moins que ma vie martyrisés

Mon beau navire ô ma mémoire
Avons-nous assez navigué
Dans une onde mauvaise à boire
Avons-nous assez divagué
De la belle aube au triste soir

Adieu faux amour confondu
Avec la femme qui s'éloigne
Avec celle que j'ai perdue
L'année dernière en Allemagne
Et que je ne reverrai plus

Voie lactée ô soeur lumineuse
Des blancs ruisseaux de Chanaan
Et des corps blancs des amoureuses
Nageurs morts suivrons-nous d'ahan
Ton cours vers d'autres nébuleuses

Je me souviens d'une autre année
C'était l'aube d'un jour d'avril
J'ai chanté ma joie bien-aimée
Chanté l'amour à voix virile
Au moment d'amour de l'année

Le rêve du lapin géant



... voilà la mascotte accrochée depuis quelques jours dans la cuisine des éditions en l'absence fort regrettée du chien Anton (j'ai sursauté la première fois que j'ai vu cette photo) et dont j'ai rêvé la nuit dernière (non mais vous avez vu ces pattes ?), entrant, bien sûr, en collision avec un autre lapin, blanc - puisque même en juillet, j'arrive à me sentir débordée - et je le suis - "débordée" = envie de partir en mer ?...



« Alice commençait à se sentir très lasse de rester assise à côté de sa sœur, sur le talus, et de n’avoir rien à faire : une fois ou deux, elle avait jeté un coup d’œil sur le livre que lisait sa sœur ; mais il ne contenait ni images ni dialogues : « Et, pensait Alice, à quoi peut bien servir un livre où il n’y a ni images ni dialogues ? »

Elle se demandait (dans la mesure où elle était capable de réfléchir, car elle se sentait tout endormie et toute stupide à cause de la chaleur) si le plaisir de tresser une guirlande de pâquerettes valait la peine de se lever et d’aller cueillir les pâquerettes, lorsque, brusquement, un Lapin Blanc aux yeux roses passa en courant tout près d’elle.

Ceci n’avait rien de particulièrement remarquable ; et Alice ne trouva pas non plus tellement bizarre d’entendre le Lapin se dire à mi-voix : « Oh, mon Dieu ! Oh, mon Dieu ! Je vais être en retard ! » (Lorsqu’elle y réfléchit par la suite, il lui vint à l’esprit qu’elle aurait dû s’en étonner, mais, sur le moment, cela lui sembla tout naturel) ; cependant, lorsque le Lapin tira bel et bien une montre de la poche de son gilet, regarda l’heure, et se mit à courir de plus belle, Alice se dressa d’un bond, car, tout à coup, l’idée lui était venue qu’elle n’avait jamais vu de lapin pourvu d’une poche de gilet, ni d’une montre à tirer de cette poche. Dévorée de curiosité, elle traversa le champ en courant à sa poursuite, et eut la chance d’arriver juste à temps pour le voir s’enfoncer comme une flèche dans un large terrier placé sous la haie… »

mardi, juillet 03, 2007

Mesdemoiselles





Mademoiselle Pussy & mademoiselle Cussol aiment déjà Continuez de Jérôme Gontier (à paraître en septembre prochain). Mais on ne voit ici que Mademoiselle Pussy - mademoiselle Cussol doit tenir l'appareil. Merci mesdemoiselles !

lundi, juillet 02, 2007

Enfin en attendant

... il faut tout de même dire qu'il s'agit encore et toujours d'une histoire de vases communicants (pour n'en citer qu'un)...

dimanche, juillet 01, 2007

e+l+l+i+p+s+e



... des fois, dans la vie, ya des ellipses.
Et puis après plus.