… Mea culpa, rougelarsenrose, mea maxima culpa. J’ai oublié mon cerveau quelque part dans le disque dur de mon ordi pro, je suis à la bourre absolument – mais alors absolument – sur tout (livres en cours, laureli, textes en revues, critiques, musique, cours de danse, brossage du chat…) ce qui ne m’a pas empêché de faire une nuit involontaire de 14 heures (hé ouais) la semaine dernière, en écroulement type méduse fondant sur une plage au soleil, j’ai une bonne dizaine de dîners de retard à cuisiner pour mes amis (et pourtant plein de recettes fabuleuses), j’ai oublié la notion de sortie nocturne (sor… quoi ?) mais faut pas le dire, hein, largué des saisons entières de séries télé, dû oublier de répondre à pas mal d’emails (désolée), je vis au milieu de piles de livres à lire et de fringues à plier (je n’ai jamais rien à me mettre, de toute façon) mais j’ai rangé les chaussures, faut pas déconner avec ça (enfin, je les ai jetées en bas de l'armoire à peu près par paires) et comme j’ai pas eu le temps de faire les courses, je pense attaquer ce soir la boîte de pois chiches qui s’était planquée au fond du placard avec un vieux fond d’huile d’olive et ptêtre même un soupçon de persil lyophilisé hummmmm… Inutile, donc, de penser profiter du soleil Pascal. Ah, pourtant, les pelouses de La Villette… C’est n’importe quoi tout ça, je sais, merci bien. Un jour, quand je serai vieille, j’aurais les cheveux très courts et la pommette plus saillante encore, je serai habillée en violet et orange, je siroterai du thé vert face à un soleil levant sur une terrasse devant une forêt d’eucalyptus menant à la mer. Yaura des chats, un Steinway toujours accordé malgré l’humidité ambiante, ma bibliothèque sera classée, oui, rangée, classée, ma discothèque aussi – non, ça c’est un idéal d’après la mort, forcément ; si un au-delà existait, ma bibliothèque y serait rangée… – et mes enfants auront la bonne idée de ne pas m’envoyer mes petits-enfants pour les vacances « parce qu’il faut que mamie finisse son prochain livre peinarde ». Merci mes chéris. Lui, il sera en train de pêcher le loup du repas midi (ben ouais, quoi, c’est une projection fantasmatique, je peux tout me permettre, même d’imaginer mon homme de 80 ans pêchant un loup à 7 heures du mat’…) ou alors, plus vraisemblablement, OK, il reviendra du marché à midi avec le journal sous le bras. Ah, et puis pendant ce temps, fort loin de cette plage tranquille, les éditeurs de littérature auront un taux de retour global inférieur à 30% ce qui veut dire qu’il existera un lectorat permettant à tous les jeunes auteurs de publier, d’être largement chroniqués par la presse, suivis par leur éditeur dans le temps de l’écriture. Et de vivre.
J’ai fait un rêve (un vrai, cette fois) dans lequel la rue dans laquelle je bosse se trouvait en pleine cambrousse du genre Auvergne. Avec de grandes étendues herbues et boueuses, qu’étrangement, j’appréciais (parce que la gadoue, euh, bof bof) comme s’il s’agissait d’un vert paradis. Je dévalais les pentes avec un grand sourire façon générique de La Petite Maison dans la Prairie (mais sans robe hideuse, siouplaît) avant d’envoyer l’intérieur de maternA à l’impression. Anton, le chien d’une de mes collègues participant (dans la vraie vie) activement à nos activités professionnelles, se trouvait là et dirigeait des moutons, avec Julia, justement, mâchonnant un brin d’herbe, des corrections dans son panier. Florent, quant à lui, s’occupait des vaches (je m’excuse Florent, c’est un rêve, hein) en attendant un auteur de La Revue, LaureMa découpait des tomates du jardin dans la cuisine entre deux maquettes et Céline bronzait parce qu’elle avait fini tout son boulot super en avance. Julie lisait Le Matricule des Anges puis me prenait la main dans une espèce d’euphorie de fête. On attendait Bernard qui n’avait pas trouvé la route – le sentier, faut dire. Bref, c’était un peu La Ferme de l’Édition. Comment ça vous pensez que je suis vraiment surmenée, docteur ?...