mardi, décembre 30, 2008

Le premier jour

... et c'est qui qui a réussi à finir sa pièce sonore d'une minute (enfin un peu plus, on va pas chipoter) pour le CRUNCHY-CRUNCH de Joël Hubaut/Station Mir/NAD ? C'est Loloche ! Et même qu'elle est vachement fière car c'est le premier truc mobilisant un certain dynamisme neuronal qu'elle arrive à faire depuis à peu près un mois !

lundi, décembre 29, 2008

Ilha das Flores

Ça fait plusieurs années que je cherche une copie de Ilha das Flores (L’île aux fleurs) du brésilien Jorge Furtado qu’on avait vu avec Laurent Cauwet chez notre ami (immense cinéphile, entre autres choses) Jacques-Henri Michot (qui sort d'ailleurs un livre prochainement chez Al Dante), un hiver, à Mouchin. J’avais arrêté de chercher il y a quelques mois, et puis, avec Youtube et Dailymotion… voici donc mon cadeau de fin d’année.

Ilha das Flores est un documentaire choc qui se passe au Brésil et qui a été tourné en 1989. Je lui emprunte fréquemment l’expression (parfois déformée par ma mauvaise mémoire) : « doté d’un télencéphale hautement développé et d’un pouce préhenseur »…

En VO :
Début :


Suite et fin :



En VF :

L'art ou la vie


Vendre sa vaisselle sale - pas forcément en famille.

dimanche, décembre 28, 2008

vendredi, décembre 26, 2008

La touche Record

... Il faut que je finisse ma pièce sonore pour le projet Fracktal Music de Joël Hubaut - l'album s'appellera CRUNCHY-CRUNCH - mais ces derniers temps, ce n'est vraiment pas évident de bosser... Zou !


mercredi, décembre 24, 2008

Random

La tracklist du 24 (vraiment, euh, éclectique...) juste pour vos petits souliers.


























































































































mardi, décembre 23, 2008

Opera

... ça y est ! Jérôme Gontier, l'auteur, notamment, de Continuez, a un blog !

samedi, décembre 20, 2008

Natale

Bon, allez, c’est pas tout ça, mais il paraît qu’il y a des fêtes à fêter. Zou ! Si vous y survivez et moi aussi, à très bientôt !





PS : Pour information, rougelarsenrose étant mon royaume, je ne mets pas en ligne les commentaires anonymes à teneur douteuse et amphigourique parce que je ne parle qu’à des vrais gens, les masques, ça se porte pendant le carnaval et les cagoules, j'ai jamais été fan non plus. Donc, « anonymes » avinés et/ou fielleux, inutile de vous creuser les méninges tortueuses en tentant deux trois effets poussifs par ici… Si vous avez réellement quelque chose à dire, faites preuve du courage minimum qui consiste à l’assumer en votre nom. Et joyeux Noël !

vendredi, décembre 19, 2008

Question de fab, épisode 5

« Malgré tous nos soins, cette confiture peut contenir un noyau » dit Bonne Maman en gras et sur étiquette de sa confiture abricots & framboises – j’imagine qu’il en est de même pour abricots tout court, prunes, cerises, pêches… Mais ce qui m’étonne le plus, c’est le singulier : pourquoi un noyau ? pourquoi pas deux, tant qu’on y est ? parce qu’une fois qu’on a trouvé un noyau, on cherche automatiquement s’il n’y en a pas d’autres et donc, il devient inutile de s’encombrer à désigner ces éventuels deuxième et troisième noyaux ?

À transposer : « Malgré tous nos soins, ce livre peut contenir une coquille. »
Oui. Car après moult relectures, parfois, après avoir vérifié l’orthographe, la syntaxe, les accords, la concordance des temps, traqué les tics fautifs de l’auteur, les fautes typo mais aussi les répétitions et autres constructions malheureuses, l’œil ne se colle plus qu’au sens et laisse passer l’accord foireux, le « n » au lieu du « m », une cap non accentuée… Ça arrive aux meilleurs.
Plaignez-vous, vous ne risquez pas de vous y casser les dents. En plus, aucun additif du genre jus concentré ou gélifiant venu d’on ne sait où. À la limite, quelques emprunts cut-upés et montés mais ce sont des OGM de papier, comme le tigre. Ou le lynx.


{Résumé des épisodes précédents : 1, 2, 3, 4.}

jeudi, décembre 18, 2008

J'aime février, finalement

... depuis que je sais que le prochain album de Mansfield Tya sort à ce moment-là - et puis Écrivains en séries, et puis Le Travail de rivière... champagne !

mercredi, décembre 17, 2008

Le Travail de rivière #3

« J’ai été particulièrement touchée par ce texte qui comprend plusieurs strates thématiques et formelles (histoire personnelle et collective, conscience sociale, technique industrielle de la ganterie, univers du conte, etc.)
Le texte, très structuré tout en étant fluide et poétique, répond à des contraintes d’écriture très précises.
J’ai voulu que ce livre emprunte (en l’exagérant) à la structure formelle du "livre de conte": grand format, épaisse couverture cartonnée, large signet de soie... Ce parti-pris découle évidemment de la présence du Petit chaperon rouge disséminé au fil du texte, mais aussi de la volonté de proposer un "rituel" de la lecture, propre à ce type d’ouvrage.
La gamme colorée de l’ouvrage est une variation froide, en lien avec l’ambiance aquatique et la présence forte de la forêt en lisière de ville.
Ces couleurs sont parfois franches et surréelles (bleu profond de la jaquette, vert pailleté de la couverture...), parfois douces (ambiguïté de la gamme vert d’eau pour l’intérieur du livre).
La main est omniprésente, à la fois somme sujet et objet du livre : la main travaille pour produire des gants, qui habilleront délicatement d’autres mains. Mais la main n’est jamais entière. Sur la jaquette en simili cuir bleue, elle est décomposée dans un patron de gant, qui renvoie à la matière et au processus. À l’intérieur du livre, des fantômes de gestes apparaissent à travers des images de mains, inscrites en couleur vert d’eau et à échelle 1 dans la matière même du texte.
Le texte comprend par ailleurs des signes (filets, points) qui viennent révéler ou souligner la structure du texte et la logique de l’écriture. Ces éléments formels apparaissent comme un squelette, ou une cosmogonie... »

Fanette Mellier



Un ptit scan de retour de calage... En l'occurrence, la première page du glossaire au centre de l'histoire, comme un cœur mécanique, à contrainte.

Fanette était au calage il y a deux jours. On devrait recevoir le livre vers le 20 janvier - c'est un long et minutieux façonnage qui se prépare... Peut-être une future question de fabrication 6 ?...

lundi, décembre 15, 2008

Sprechen sie belche ?

... histoire de vous familiariser avec le vocabulaire de Sister Sourire... Bon, en vrai, c'est un prétexte... simplement parce que j'adore l'univers de CÄät, ses dessins, ses tee shirts, ses peluches...







{Cliquer sur les images pour les agrandir}
© CÄät

vendredi, décembre 12, 2008

Soirée du Tonnerre : III

La Soirée du Tonnerre III
Mercredi 17 décembre 08
19h00 - Entrée libre
sur la péniche La Dame de Canton

Venez nombreux, quoi !
Et venez à l'heure parce qu'on ne va pas lire sur fond de rumeur éthylique !

Lectures
Maylis de KERANGAL
Mathias ENARD
CLARO
Laure LIMONGI
Arno BERTINA
Mathieu LARNAUDIE
Sébastien DOUBINSKY
Olivia ROSENTHAL
Stéphane LEGRAND
Fabrice COLIN
Lionel OSZTEAN
Céline MINARD
Joy SORMAN

Musique sur scène
Julie B. BONNIE

DJS
DUDUK BROTHERS ANI’S WAGON

Intervention
Bruno CANDIDA 9.0

Vente de l’édition originale de
Les Soniques
en présence des auteurs
Niccolo RICARDO & Caius LOCUS

La Dame de Canton
(ex Guinguette Pirate)
Port de la Gare, 75013 Paris
Métro : Bibliothèque François Mitterrand ou Quai de la gare
Bus : 89, 62 et Noctilien 131
Accès piétons par le Pont de Tolbiac, le Pont de Bercy ou par la passerelle Simone de Beauvoir

jeudi, décembre 11, 2008

La robe

« Il y a maldonne dans les rapports humains parce que l’on est jamais ce que l’on a (…) j’ai une peau d’ange mais je suis un chacal (…) une peau de crocodile mais je suis un toutou, une peau de noir mais je suis blanc, une peau de femme mais je suis un homme ; je n’ai jamais la peau de ce que je suis. »
(Eugénie Lemoine-Luccioni, souvent citée par Orlan)

Poésie etc. costumes.
Le mensonge de l’armure.
L’écoulement muet du sablier.
La vie, l’amour, la mort.

Un quotidien

... je continue à m'améliorer en anatomie crânienne.





ALGOS-FRANCE. Association pour l'information et l'aide à la recherche médicale sur l'Algie Vasculaire de la Face.

mardi, décembre 09, 2008

À la pelle, avant Noël


… La chance unique de prendre une semaine d’arrêt maladie en prétextant une gastro-entérite foudroyante, de quoi réconforter ses oreilles en ces temps de manque, rêver de hijacks et d'accidents d'oiseaux, le truc hors de prix pour démontrer à belle-maman que vous avez du goût (elle vous rétorquera avant la crème au beurre que rien ne vaut un bon vieux Quimper), quelques ondes d'éternité, des petons pour finir direct dans un (beau) lit, ce que je peux vous proposer de mieux hic et nunc en rock français, ne pas oublier les nenfants, ça craint toujours, donner dans le cuicui vernaculaire (néanmoins utile en tous pays), être dans la tête d’une blonde pendant quelque 300 pages, l’idée magique, des liqueurs merveilleuses, des contenants raffinés, Rome dans sa chambre, de quoi se défouler, puérilement mais efficacement, un Béatrice Cussol, absolument, passer quelques heures ou quelques jours en bonne compagnie, une solution pour vous réconcilier avec vos voisins, gérer ses comptes, aimer son vice (enfin, au moins l'un de ses...), de très douces choses au doigt et à l’œil, la vie, l’amour, la mort, si vous aimez le papier bible sans la Bible, la musique savante qui manque à notre désir, des raretés et des japonaiseries, à chacun sa nostalgie, un comptoir précieux où vous trouverez ce que vous ne cherchiez pas, un peu de courage, que diable ! et histoire de vous bousiller sublimement les oreilles avant de crever (c’est mon cas et j’en fais profiter les transports en commun)…

dimanche, décembre 07, 2008

& the winner is... enfin, are...

PRIX NOCTURNE 2009 : Spiridon le muet d'André Laurie

Très étonnant texte publié en 1908, écrit par un cortenais, collaborateur involontaire, dit-on, de Jules Verne.

Le chirurgien Cordat découvre, à l'occasion d'un voyage en Sardaigne, une civilisation de fourmis souterraine et millénaire. Spiridon, leur roi, de taille et d'intelligence humaine, s'y livre à des dissections sur des cobayes humains, agissant à sa guise sur les volumes et les muscles, qu'il peut réparer à volonté. Le chirurgien, voyant là un trésor de secrets physiologiques et des perspectives intéressantes, tant pour la science que pour le dialogue humano-formique, décide de le ramener à Paris. Là, les expériences des deux hommes ébaudissent le monde médical, mais causent aussi bien des jalousies. Le voyage de Spiridon prend une tournure inquiétante...

Pour répondre à un commentateur masqué d'un précédent billet : oui oui, le livre devrait bien reparaître en janvier aux éditions des Barbares, tant mieux pour tous !


& fruit d'une rude bataille, un second prix naquit :

Le PRIX MINUIT MOINS UNE
attribué à : Le Centaure dans le jardin de Moacyr Scliar

Un couple de Juifs immigrés dans le Rio Grande brésilien donne naissance à une étrange créature. Son ambivalence (homme ? animal ?), ses organes démesurés, sa judaïté, sa conscience humaine lui causent tant de difficultés qu'il s'échappe, rencontre l'amour, et amorce une vie nouvelle... Après maintes métamorphoses, il regrette son bonheur originel. Traversé de visions insolites et de résurgences mythologiques, cette fable retorse allie l'humour d'un David Garnett (La Femme changée en renard) à la densité d'un conte philosophique. Né en 1937, Moacyr Scliar est un romancier et un conteur brésilien influencé par la Bible et la BD, aussi à l'aise dans l'épique que dans le quotidien. Médecin de formation, il est aussi l'auteur de Sa Majesté des Indiens (1997).

J'applaudis de toutes mes mains avec un regret, cependant, pour L'âne ne monte pas au cerisier de Léon Schwarz-Abrys, mais j'imagine que le but n'est pas de donner un prix par livre...

Voilà qui achève dignement la saison des Prix Littéraires !

vendredi, décembre 05, 2008

La remise du samedi soir

Le Prix Nocturne c'est demain (samedi, donc), à partir de 21 h à la Librairie Le Comptoir des Mots, 239 rue des Pyrénées dans le XXe (métro Gambetta). Remise du Prix vers 23 heures.

Venez nombreux, ça s'annonce mémorable.

jeudi, décembre 04, 2008

Conexão França

Sur Cronòpios, l'entretien vidéo (en deux parties) que nous avions réalisé à São Paulo au printemps dernier avec Solange Rebuzzi et Edson Cruz sur une invitations de Cronòpios et de Sonia Goldfeder (de la librairie Martins Fontes).

mercredi, décembre 03, 2008

Le Travail de rivière #2



Le Travail de rivière
, mon prochain livre, sort donc le 18 février chez Dissonances/Pôle graphique de la ville de Chaumont, manœuvré graphiquement par Fanette Mellier dans le cadre de sa collection : fictions (des livres bizarres).
Les fichiers sont en route vers l'imprimerie. Ce sera un objet comme un livre de contes, un excès de livre de contes, au prisme d'un cours d'eau, portant la trace de la main qui le feuillette...


lundi, décembre 01, 2008

O azul da inclinação

Solange Rebuzzi traduit en portugais du Brésil un extrait du Bleu de l'inflexion - et j'en suis bien fière :

O joelho está flexionado a fim de dispor o corpo na vertical da fechadura.
O corpo carrega a chave mas não deseja abrir, ainda.
A mão contém a chave acariciando-a enquanto o olho se abandona à tristeza. Enquanto
o olho claro perfura, a sobrancelha contra o metal gelado, examina sem sucesso, o olho no limite de sua percepção só poderá voltar à ação. Talvez.
A mão esquerda está posta aberta, contra a madeira da porta que é uma madeira lisa.
A parede do corredor olha a cena.
O cheiro conhecido dos cabelos seduziu e murmura com o movimento da cabeça sem saber muito se e o quê e que fazer.
Com um eu-não-sei-quê de selvagem e perdido.
Com um eu-não-sei-quê de já morto.
O vestido está amarrotado de tocar o solo, levando o peso da personagem leve de coração pesado.
O vestido chia da respiração ofegante da curiosidade e do medo.
A parede do corredor se emociona.

Há carroças e móveis, bordados e espelhos.
Casas, sofás, criados, louça de ouro e de prata e de vermeil.
Ele me desejou, eu, entre todas, depois de muitas.
Eu sabia que era a boca do lobo. Lobo azul. E me lancei ali.
Eu sabia que era o medo azul do qual eu morreria. E me lancei ali.

Mas isso, só a parede do corredor escutou. Sua tapeçaria estremeceu. Uma corrente de ar de lembranças e os motivos se desdobraram. Circundam as portas. Correm de portal em portal em busca da saída. Mas o conto não existe mais pois o malvado morre e somente as mulheres se sucedem. Já que as mulheres morrem e somente os malvados se sucedem. Enquanto que as irmãs conquistam o horizonte com o olhar distraído.

Ela, vestida e penteada, ela se chama Heloisa ou Eleonora ou Isaura ou Rosalinda ou Branca ou Judite. Mas, a irmã se chama sempre Ana. A grama é verde. E a barba é sempre azul.


Tradução: Solange Rebuzzi.
Fragmento do poema retirado da revista Action poétique. n°189, p. 73
.

dimanche, novembre 30, 2008

Migraine 1/Laure 0

... Ce qui fait que j'ai séché la lecture du Travail de rivière au Salon Light du Point Éphémère, et j'en suis bien désolée.

Mais on se rattrapera à la Soirée du Tonnerre III avec d'autres lecteurs à la Péniche La Dame de Canton (Port de la Gare, 75013 Paris, aux pieds de la TGB) mercredi 17 décembre à 19 heures.

vendredi, novembre 28, 2008

Coup de gueule du soir, bonsoir

J’en ai un peu marre de l’hypocrisie surprotectrice croissante façon le feu ça brûle et l’eau ça mouille. Ça a commencé par l’alcool « à consommer avec modération ». C’était déjà pas bien drôle. Les femmes dotées d’un encéphale hyper développé et d’un pouce préhenseur ont bien compris, depuis longtemps (ça s’appelle le sens commun) qu’il était déconseillé de picoler enceinte. Hé bien des fois que des aliens suceurs de cerveaux aient envahi la terre en secret, maintenant, on voit un sigle rouge et noir façon code de la route qui explique clairement sur si tu as un très très gros ventre et que tu te tiens les reins et que tu as une queue de cheval, tu ne dois pas boire dans un grand gobelet. Ensuite, on a appris avec stupeur que « fumer tue ». Wha. Comme vivre, en somme. Mais pire : « fumer peut provoquer des maladies cardio-vasculaires », « Fumer provoque le cancer mortel du poumon » (attention, pas le cancer bénin), « Fumer peut entraîner une mort lente et douloureuse » (si vous aimez les morts douces et rapides, trouvez un autre moyen), « Fumer provoque un vieillissement de la peau » (ce qui fait que dans une certaine mesure, Clarins, Clinique, Shiseido… aiment le tabac), « Fumer peut nuire aux spermatozoïdes et réduit la fertilité » (pas pour moieu, nananananèèèèèreu !), « Fumer peut diminuer l’afflux sanguin et provoque l’impuissance » (renananananèèèèèreu !), etc. Vaste programme qui sépare l'humanité en non-fumeurs-qui-aiment-la-vie contre fumeurs-qui-veulent-mourir. Oui mais, tout le monde est bien obligé de manger, non ? On ne peut plus voir une pub pour un truc qui se met plus ou moins dans la bouche en étant censé finir dans l’estomac sans se taper un « mangez bougez.fr », comme si on ne savait pas qu’en mangeant 15 Snickers par jours, on allait porter du 52 en moins d’un mois et mourir d’une crise cardiaque sur ses toilettes. Au cinéma, c’est particulièrement ridicule. Les mâchoires sur pop corn ou autre machin à 4000 calories la bouchée arrivent à couvrir le bruit des bandes annonces lorsque s’affiche un grand « ne grignotez pas entre les repas ». À présent, c’est le site Deezer qui s’y met. On veut écouter un ptit Shellac ? Minute papillon ! Avant nous est imposée l’atroce pub-jingle « écoute ton oreille » (notez bien le tutoiement, c’est pour les djeunes, les vieux étant déjà sourds, sans doute). J’aimerais bien savoir combien a été payé le publicitaire, ou peut-être l’équipe de publicitaires (je ne m’étonnerais pas) qui a pondu un slogan aussi crétin. Notez de surcroît l’espèce de personnification bon marché créée par le singulier « ton oreille ». « Tes oreilles » ça aurait été un peu trop anatomique. Là, tu vois, ton oreille, c’est ton pote. Tu peux tout lui dire et, en contrepartie, tu dois la comprendre. Au secours. J’attends le « Tes yeux ne tiennent qu’à un cil, mets tes lunettes pour mater Youtube » ou « Avant de poser ta narine (puisque le singulier a l’air prisé) sur un parfum Lutens, pense aux migraines olfactives »… Ou peut-être que les dealers vont distribuer des stickers « Un rail, t’es Kant, deux rails bonjours la descente », « Si Kéta bien, t’es Kétamine (mais pas trop quand même, hein ?) », « Zéro baccalauréat, zéro prépa, MDMA ! »…

Et sur ce, je pars me bousiller les oreilles à Rennes en me gavant de galettes. Le tout bien arrosé, cela va de soi. Na !

mercredi, novembre 26, 2008

Soleil du soir

Une chanson du nouvel album de Dick Annegarn, clip Michek Gondry :

lundi, novembre 24, 2008

... & célébrons !

Suite du 10 septembre...
Bastard Battle de Céline Minard mention spéciale du jury du PRIX WEPLER-FONDATION LA POSTE !



Re-YEAHHHHHHHHHH !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

Ou plutôt YEEPEE !!! comme dirait Céline.

dimanche, novembre 23, 2008

SUPELLEX

Si vous passez du côté de la rue Saint-Claude, à Paris, allez donc voir l’exposition d’Emmanuelle Lainé (j'avais déjà parlé de son expo GOLDFINGIA) à la Galerie LHK. SUPELLEX enfonce le clou sans facilité – c’est-à-dire sans s’adonner à une recette permettant une identification facile, un classement pépère dans le monde de l’art contemporain (digression : ce n’est donc pas un hasard qu’Emmanuelle Lainé aime l’œuvre d’Emmanuel Hocquard, autre artiste – hyperonyme d’écrivain… – déjouant la notion de ressemblance et de comparaison) : des objets et des dessins déplacés ou plutôt déplaçants, aux textures sourdes ou dérangeantes. Mais Bruno Botella en parle mieux que moi :

« Emmanuelle Lainé est l’inventeuse d’un projectile sphérique en élastomère doté de pouvoirs rebondissants extrêmes dont la trajectoire imprévisible peut infliger des dégâts majeurs à tout espace qui se proposerait de la contenir. Son exposition réclame un soin attentif à son inertie au risque de voir s’écrouler tout ce qui l’entoure. Le ravage potentiel que contient cette grosse boulle molle appelée Extra-Balle est un appel à la turbulence et au vandalisme joyeux. Portée au regard elle démange la main de quiconque aurait l’idée d’y inscrire un geste et voir l’exposition emportée dans un grand tourbillon. Cette invention inaugure une série de recherches au cours desquelles Emmanuelle Lainé expérimente des matériaux, des formes et des assemblages pouvant constituer des objets relatifs à la dynamique tourbillonnaire, des accessoires instables permettant d’arpenter des milieux hostiles. On comprend alors que sa référence au free-surfeur Laird Hamilton est entièrement déprise de tout folklore sportif et californien. Il ne s’agit pas d’annexer une « sous culture » pour alimenter un vocabulaire de formes en mal d’exotisme. Emmanuelle Lainé et Laird Hamilton sont marqués par la même obstination de voir nos objets se métamorphoser et épouser le dynamisme d’un milieu chaotique pour y glisser un ou plusieurs corps.
Ici les inventions n’ont d’autre choix que de se profiler en fonction des ébranlements d’un écosystème en perpétuelle mutation. La démesure des voiles en fibres synthétiques, les énormes soufflets, les détails infinitésimaux du cuir, les constructions spongieuses et les membranes en élasthanne sont autant de prothèses et de combinaisons ajustées aux circonvolutions d’une nature en crise. Prototypes aux formes instables et caverneuses, ils ont l’élégance des méduses et autres tourbillons vivants adaptés aux milieux extrêmes. La prolifération des poignées, des manches, des fermetures éclairs, figure la métamorphose dont est issu cet appareillage et invite en retour à des postures improbables.

SUPELLEX est un terme latin désignant un groupe variable d’objets quotidiens. Définition vague d’un amalgame de mobilier et d’ustensiles, ce titre associe aux derniers travaux de Emmanuelle Lainé des qualités étrangement domestiques. Il ne s’agit plus d’un inventaire projetant une expédition vers des mondes nébuleux ou des sommets invisibles mais de confectionner le trouble à même notre quotidien. Ces meubles sont dotés d’une curieuse élasticité qui affecte directement leur entourage et en déjoue les coordonnées. Assemblages turbulents de matériaux hétéroclites ils basculent, coulissent, se déplient, se ferment, roulent, s’enroulent, claquent et rabattent sans que nous puissions leur donner une orientation définitive. Leur ordre précaire dessine une topologie mouvante où il nous est alors impossible de leur donner un semblant de repos pour meubler l’espace. »

SUPELLEX – Emmanuelle Lainé
Du 22 novembre à fin Décembre 2008
GALERIE LHK
6, rue Saint Claude
75003 PARIS
t +33 1 42 74 13 55

Image : Emmanuelle Lainé, 2008, Sans Titre, crayon sur papier, 50x50cm

mercredi, novembre 19, 2008

5 ans déjà !

C’est l’anniversaire du Journal LittéRéticulaire (saison 1 et saison 2) qui fête ses 5 ans !
Si vous ne connaissez pas, c’est donc l’occasion rêvée d’aller vous y balader. C’est l’un des espaces pionniers du web.
Reliefs japonais, lectures en cours, sport, restaurants raffinés, coups de cœur, coups de gueule, photos, émissions commentées, auteurs, amis… Pas seulement un blog littéraire mais aussi un lieu de curiosité et d’échange – c’est, par exemple, grâce à Berlol que j’ai rencontré d’autres blogueurs et commencé à formuler ma pratique de l’exposition web…

Mon beau sapin

... Ce n’est pas parce que j’en ai parlé il y a quelques jours que je vais me gêner… Pénélope Bagieu a encore une riche idée : le site Mon beau sapin. Visitez-le et transformez-vous en cadeau de Noël pour un enfant défavorisé. Non, ce n’est pas trop beau pour être vrai. À travers le sponsor du site, la Croix-Rouge française transforme le nombre de visiteurs (pas de visites, c’est pas la peine de se faire un clic-elbow) en argent, puis, à travers l’opération « arbres de Noël » de la Croix-Rouge, en cadeaux. Et en plus, vous y découvrirez tous les jours une planche de BD inédite. Si c’est pas un beau calendrier de l’avent, ça !

Allez, hop !

mardi, novembre 18, 2008

Passeios no recanto silvestre

... un documentaire de Miriam Chnaiderman sur José Agrippino de Paula, vous pouvez notamment y voir de courts extraits de ses films. Le son est sourd et la vidéo n'est pas sous-titrée, donc, hélas, cela s'adresse aux lusophones avertis...
Les extraits de films étant sans paroles, cela résout néanmoins ponctuellement ce problème.
Lorsque PanAmérica apparaît à l'écran, vous pouvez voir l'un des éditeurs des Éditions Papagaio : Sérgio Pinto de Almeida.
La revue en ligne Sibila présente également ce documentaire, avec tous les copyrights.

Sinon, que dire à part Ah ! que saudade !




samedi, novembre 15, 2008

The Narcotic Story

La grosse claque de l’année 2007, tellement grosse que je la sens encore, c’est l’album d’Oxbow, The Narcotic Story, et ce n’est pas Emmanuel ou Basile qui vont dire le contraire.

Oxbow, c’est Dan Adams à la basse, Greg Davis à la batterie et aux percussions, Eugene Robinson au chant et à la plume, et Niko Wenner à la guitare, aux claviers et aux compositions. The Narcotic Story est loin d’être leur premier album, c’est même leur sixième après Fuckfest en 1989, Kind of the Jews en 1991, Let Me Be a Woman en 1995, Serenade in Red en 1997 et An Evil Heat en 2002. Mais, je l’ai déjà écrit, je commence souvent par la fin.

Ce qui surprend dès l’abord de The Narcotic Story, c’est l’équilibre entre un son rock et des arrangements complexes (violons, violoncelle, hautbois, basson, clarinette…) où plus exactement l’impression que tout est exactement à sa place sans être pour autant léché. Ce serait plutôt un chaos (K.O. ?) qui aurait rencontré la grâce. Cette incarnation supra carnée de l’oxymore étant un bon résumé d’Oxbow.

L’album est narratif comme l’est également Serenade in Red – les autres, je ne sais pas encore (c’est que j’ai besoin des livrets pour causer, moi). Au départ, The Narcotic story a été conçu comme une bande originale de film d’où l’omniprésence de l’orchestre et les voix chuchotées, toutes proches. Le soin des détails. C’est vrai que, dans un genre très différent, certaines constructions m’ont fait penser à Christophe qui imagine également ses albums comme des films. Quelque chose qui dépasse largement le cadre de la piste. L’histoire, c’est celle de Franck dans la sublime abjection du monde, winner & losser every time : « my numbers are always the right numbers »/« my numbers are NEVER not the right one ». Avec une obsession, donc, pour les extrêmes, la confusion du personnage extrêmement down et extrêmement high à la fois. Mais qui finit par trouver une nervure le reconstruisant et reconstruisant le monde autour de lui : « It’s the giving/Not the taking/That I love ».

Bande originale d’un livre fantôme, The Narcotic Story est également composé comme un livre, pas si évanescent. Dans les entretiens en lien ci-dessous, Eugene Robinson parle de littérature. Pour lui, les mots viennent d’abord, comme charge d’histoires et d’émotion. Niko Wenner compose ensuite à partir de ces textes et le sens, la couleur finale naissent, bien entendu, de cette interprétation et recréation.

Le livret se présente comme un petit livre qu’il est, avec une table des matières et une citation de la Satire X de Juvenal, à la langue crue et savante, en exergue :

« I demens ! et saevas curre per Alpes, Ut pueris placeas et declamatio fias »

Grosso modo : « Va insensé, cours à travers les Alpes escarpées, pour finalement amuser des écoliers et devenir un sujet de déclamation. »

Ce qui d’entrée de jeu trace un portrait ambivalent de héros un peu gonflé, un peu ridicule, un héros exposé aux vents et aux quolibets. Mais héros quand même. Le texte placé sous cet exergue (non chanté, simplement présent dans le livret) décrète : « failure is the only option » – cette idée étant ensuite malmenée, comme on l’a évoqué puisque « the geometry of business » is variable…
Parenthèse factuelle, ce portrait d’excité traversant les Alpes davantage que les Rocheuses correspond assez bien à Eugene Robinson (j’aime bien prononcer son nom à la française, tout de suite, ça veut dire autre chose…), Oxbow étant beaucoup plus connu en Europe qu’aux Etats-Unis – où, selon les dires des musiciens eux-mêmes, ils serait carrément méconnus…

Enfin, trêve de. Dans l’entretien vidéo avec Françoise Massacre, Eugene Robinson parle de la nécessité de l’économie de mots. Il trouve qu’il écrivait trop dans Serenade in Red et que ce flux pouvait paradoxalement nuire à la narration dans ce contexte. Avec la musique, l’ellipse révèle et fait sens. C’est sans doute pourquoi c’est un latin – la langue latine étant très concentrée, sans superflu – qui ouvre le livret. On peut également y lire des phrases entre parenthèse, non chantées. Les ellipses. Le travail de soustraction de l’écrivain.

Cet écrivain insensé, cet écrivain au daïmôn les porte, ses mots, sur scène, dans une transe aiguë : « It’s the giving/Not the taking/That I love ». Un état qui peut paraître incompréhensible, le chanteur s’y effeuille sans en avoir conscience et répond d’ailleurs ainsi à Françoise Massacre au sujet de la nudité ou plutôt de ce que représente sa nudité sur scène :
« E.R : Bien. (Pause) J’ai une question pour toi. Pourquoi tu retires tes fringues pour baiser ? Hum… ok. (Rires) Ne me dis pas que tu restes habillée (Rires)
F.M. : Joker.
E.R. : Plus sérieusement, ce que je veux dire, c’est que quand tu baises, personne ne t’oblige à retirer tes vêtements. Sur scène, c’est exactement la même chose… »
Une transe, une mise à nu qui peut le rendre fragile en le transformant en « sujet de déclamation » pour les enfants – c’est sans doute pour ça que Françoise Massacre, encore et toujours elle (I love Françoise Massacre) a intitulé l’un de ses articles : « Oxbow, musique pour adultes ». Et c’est justement cette fragilité qui le rend fort car elle le porte au-delà. C’est dans cette dialectique que se déplace Eugene Robinson.

Peu après la sortie de The Narcotic Story, il a publié Fight (chez HarperCollinsPusblishers). Un drôle de livre grand format, cartonné, tout en quadri, richement illustré, bien sanglant, sur le combat : « everything you wanted to know about ass-kicking but were afraid you’d get your ass kicked for asking ».
Je ne vous parlerai pas en détail de ce livre, le slang qui s’y développe dépassant largement mes compétences linguistiques (et puis il est trop tôt pour mater des nez défoncés) mais en gros, c’est une étude sur la fascination du combat, à travers ses formes institutionnelles, artistiques et très prosaïques – free fighting, combats de rue, de prison…

Refermant les parenthèses les unes après les autres
)))))))))
je dirai que peu d’albums représentent un tel concentré d’énergie, de vie, d’émotion à l’état pur, pour moi. On parle souvent de noirceur concernant Oxbow. C’est tout l’inverse – cf, d’ailleurs, la conception de leur site Internet noir OU blanc (oh, encore une parenthèse !) –, la dialectique dont j’ai parlé y fonctionne au contraire parfaitement. On n’est pas dans un oubli du monde, dans des couleurs pastels. On n’est pas des anges sans épreuves ni combats. Mais bien des cœurs battants dont le sang, parfois, s’épanche. Le plus souvent, il bat en désir, « rise and shine ». C’est au milieu du chaos que le winner/loser existe, et le winner/loser le chante et le crie, se reconnaît dans le miroir, aime son reflet, est heureux et malheureux, heureux encore, high, down, le winner/loser danse, donne et jouit.


Sur Oxbow :

Le site du groupe : à vous de choisir l’entrée, lumineuse ou obscure, donc…
Le site d’Eugene Robinson.
Un entretien écrit avec Françoise Massacre en juin 2007 à la Loco.
Un article de Ana C. dans Millefeuille.
Un entretien vidéo avec Françoise Massacre en juillet 2008 à la Maroquinerie (j’y étais !!!), première partie. Et deuxième partie.
Une autre vidéo.
Un livre de Samuel Rochery prenant pour titre Oxbow (+ p).
Un aperçu dans Les Cahiers de Benjy.

vendredi, novembre 14, 2008

Et quand on s'appelle Pénélope, en plus...

Je suis loin d'être la seule, mais la vie de Pénélope Jolicœur me fait bien rire, limite miroir, parfois. Pénélope Bagieu (qui en plus a des origines corses, matez son blog !) cerne les tics générationnels et autres effets d'époque avec beaucoup d'esprit.





Cliquer sur les images pour les agrandir.
© des images : Pénélope Bagieu.

jeudi, novembre 13, 2008

voilà pour la poésie ce matin, et pour la prose

Et pour la prose il y a les journaux et on est bien content quand ils donnent de bonnes nouvelles comme le Prix Décembre décerné à Mathias Enard, voilà, c'est tout ce que j'avais à dire. Ya des jours où on aime quand même pas mal ce monde ancien.

mercredi, novembre 12, 2008

Nouvelle nouvelle addiction



True Blood

La promenade ne change pas

Je travaillais pour une boîte pas très claire, mais évidemment, maintenant, je ne sais plus pourquoi. On faisait une espèce de fête pendant le tournage d’un film auquel participait Angelina Jolie et tout le monde n’arrêtait pas de répéter que j’avais de la chance, ça m’agaçait, je ne cessais de me dire qu’ils parlaient sans savoir. J’étais d’assez mauvais poil mais j’avais des raisons. Je me suis énervée face à un comportement indélicat – on me reprochait de boire trop d’eau, il fallait en laisser pour les autres, alors que bien évidemment, j’y prenais garde – et je me suis barrée. J’étais très étonnée de réagir aussi vivement moi qui généralement encaisse beaucoup, par politesse. Passant en voiture devant le goujat, j’ai même fait un doigt d’honneur. Je me suis retrouvée à Bastia, maman est venue me chercher tout au bout de la promenade le long de la mer. Les tamaris bougeaient un peu, la mer était couleur acier, comme souvent à cette époque. Maman était toujours aussi longue et mince, pas très diserte. Je lui disais que c’était formidable que rien ne change, et je me reprochais d’être trop bête : j’aurais dû me réfugier là plus tôt, j’avais mon ordinateur et mon chat, je me retrouvais dans ma maison avec maman, l’essentiel quoi, j’étais bien, je planifiais déjà les vacances de Noël. Maman me faisait remarquer que je m’y prenais tard, je lui répondais que je reviendrai même à la nage s’il le fallait. C’était si serein d’être là, maman avait un nouveau tout petit chien en plus des deux chats, je me disais que ses amis avaient dû lui offrir parce que je n’étais pas assez souvent avec elle. Je pensais que vraiment, je m’étais noyée dans un verre d’eau puisque j’avais cette île-là à laquelle m’amarrer, puisque j’avais maman. Et puis ces murs et ce paysage, le port de Bastia, que je connais par cœur. Je m’apprêtais à appeler Célia pour passer chez ses parents. Et puis évidemment, je me suis réveillée.

lundi, novembre 10, 2008

Noëlle Renaude lit Mademoiselle de Biche

… et fait part de sa lecture dans une lettre adressée à Emmanuel Tugny. Coïncidence, elle y évoque également le terrible silence critique que j’évoquais hier.

J’ai trouvé cette lettre si juste et belle que j’ai souhaité la faire partager. Noëlle a gentiment accepté que je la reproduise ici (et aussi), je l’en remercie vivement :


« J’ai lu avec joie Mademoiselle de Biche, à la fois ravie par “l’invraisemblable récit” et épatée par le savant de la chose, son désordre et son empilement des références, sa jubilante construction à vue. J’y ai vu des traces, encore, de cette théâtralité ancienne, visiblement abandonnée mais qui nourrit, c’est clair, le débridé corseté des paroles.
J’ai été heureuse d’entrer dans votre écriture, car il faut y entrer, et après y vivre, se laisser faire par elle, s’y cabrer et s’y fourrer.
(…)
Je pense que la critique se trouve avec Mademoiselle de Biche devant une énigme du genre “genre” : à quel genre ce type d’ouvrage peut-il bien appartenir ? Il n’est pas correct. La fiction s’invente par à-coups. La langue échappe au sens et l’inverse. Il y a des ogres et plein de métaphysique. Ça commente en même temps que ça fabule. Il faut y entrer et se laisser faire, je le redis parce que c’est vrai, et que ça peut constituer un obstacle pour le critique pressé, rêveur, paresseux, ennuyé Qu’il faut aussi se débarrasser de tout ce qu’on croit y voir, y déceler, y retrouver, il faut s’empêcher de se dire ah tiens Musset, ah tiens on dirait Delteil, ah mais non et puis zut (je ne vous l’ai pas dit mais la fin est magique, le sol qui colle au talon et tout le fout le camp jusqu’à la page blanche…) J’ai aussi beaucoup d’amis écrivains qui publient ici ou là chez des grands, des petits éditeurs et qui souffrent eux aussi du même manque de regard. C’est une maladie d’époque. J’ai appris à faire avec. Et à ne plus lire les critiques. Mais les livres. Seulement les livres. »

dimanche, novembre 09, 2008

Jeunes gens passionnés, devenez critiques !

Mais devenez-le bien.

(Titre alternatif : Le Blues de l’éditeur)

Laureli a publié quatre livres entre août et novembre : Bastard Battle de Céline Minard, Mademoiselle de Biche d’Emmanuel Tugny, Rouge à lèvres sur le plongeoir d’une piscine municipale de Tarik Noui et Treize mille jours moins un de Didier da Silva.

Céline a eu beaucoup de presse et c’est mérité. Les autres livres (cela ne concerne pas celui de Didier qui vient de sortir ! wait & see, donc) beaucoup moins, ce qui n’est pas, mais alors pas du tout mérité. D’autant plus que ce n’est pas un effet de mon petit bout de lorgnette éditoriale, je reçois des emails de lecteurs – écrivains ou pas, que je connais ou pas – très enthousiastes.

J’enfonce une porte ouverte, mais tant pis, parfois ça soulage : on a un sérieux problème avec la presse papier. Les espaces classiques diminuent comme peau de chagrin. C’est-à-dire, par voie de conséquence, que la témérité critique diminue également comme peau de chagrin. Moins ya de place, plus on va dans le sens du courant. C’est une sorte de mouvement naturel. Je l’ai même observé à l’échelle de La Revue Littéraire : on (les chroniqueurs) est bien contents qu’elle redevienne mensuelle à partir du mois de janvier car ainsi, on aura plus de place pour parler de livres dénichés chez de petits éditeurs, paraissant en dehors de tout calendrier institué – « rentrée littéraire », « rentrée de janvier »…
Ce n’est donc pas dénué d’une certaine logique : crise du papier = crise du papier
Malgré cette pente, j’observe que certains journalistes que je lis depuis longtemps où d’autres, que je découvre, se battent comme de beaux diables pour lutter contre ce processus. On se sent donc moins seul – autrement dit : ils souffrent du même problème que nous, auteurs et éditeurs – mais numériquement, c’est infime par rapport à la production.

Cette conjoncture a pour conséquence que des livres aussi importants à mes yeux que Mademoiselle de Biche ou Rouge à lèvres sur le plongeoir d’une piscine municipale risquent de passer à côté de leurs lecteurs par simple défaut de visibilité. Ce qui n’est pas sans me déprimer un max car quand on fait ce métier – enfin, j'imagine, c'est mon cas tout du moins – c’est pour créer des rencontres auteurs/lecteurs, pas pour se constituer sa bibliothèque idéale à ressasser sous son plaid… Et pour avoir eu une enfance provinciale très loin de tout milieu littéraire, je sais à quel point il est important d’avoir la possibilité – simplement ça : avoir la possibilité – de tomber sur une information orientant vers un livre qui peut changer une vie, faire prendre une bifurcation, créer un déclic esthétique, ou même simplement passer une bonne journée et c’est déjà ça de pris.

Un exemple personnel assez cocasse : j’ai découvert le travail d’Orlan à 14 ou 15 ans en regardant… Ciel mon mardi. Oui oui, avec Christophe Dechavanne. Elle sortait de l’une de ses opérations performances, le visage encore cerné de bandages comme un buste égyptien, et montrait des reliquaires de sa propre chair. Évidemment, le dispositif était atroce et j’en avais le cœur serré : Christophe Dechavanne brandissait un reliquaire sanglant en s’approchant du public qui poussait des « aaaaah ! », et des « beurk ! »… Bref, le cirque. Mais j’ai été marquée par la détermination de l’artiste, droite comme un i, qui ne se démontait nullement et continuait à expliquer calmement sa démarche. Et évidemment bouleversée de découvrir cette forme d'art extrême qui m'était totalement inconnue. Quand je pense que c’est comme ça que j’ai commencé à faire des recherches sur la performance et l’art action (surtout que 10 ans plus tard, je rencontrais Orlan et travaillais sur son livre paru chez Al Dante ! et tiens, j'avais oublié Le Plan du film séquence 1, dont on entend des extraits sur son site, avec la musique de Tanger – je ne vois pas comment j'ai pu oublier ça, j'ai passé des heures à assembler la jaquette, les disques, le livret, à Romainville...), je me dis que ça vaut le coup de continuer à se démener en tout sens pour faire connaître ce à quoi l’on croit, même si c’est vraiment épuisant – et puis cette impression d’être ouistiti ou danseuse nue…


Je précise que cet état des lieux assez sombre ne concerne pas la radio, qui demeure, me semble-t-il un espace ayant la possibilité de prendre des risques et de défendre ses choix. Quant à la télévision, je l’ai évoquée ci-dessus… J'exhorterais volontiers n'importe quel animateur télé à inviter Manuel Joseph, Dominiq Jenvrey, Marie Frering... Sans doute un moment difficile à passer pour eux, mais sait-on jamais ce qui se passe de l'autre côté du miroir...

Heureusement que l’effervescence du net compense la donne et j’ose espérer que cela sera un mouvement croissant. Outre les sites littéraires, je découvre régulièrement de nouveaux blogs offrant leurs enthousiasmes de lecture, et c’est terriblement exaltant (je ne les cite pas tous, j'en oublie toujours ! et après je me fais disputer). J’aurais donc dû plutôt intituler ce billet : « Jeunes gens, soyez lecteurs et faites-le savoir ! » car c’est cette fonction de partage qui importe, hors mode. La sincérité et la passion. Le reste n'est que toile de fond de crise économique et temps qui passe. Soyons souverains et fous !

Images : Orlan, Le Baiser de l'artiste, 1977 (œuvre que l'on peut voir au Frac des Pays de la Loire).