… Franchement, j’envie Berlol et sa discipline quotidienne. Mais je ne me vois pas l’appliquer à ma pomme. J’aurais sans doute trop peur que mon journal dessine une cartographie limpide de névroses complexes (bus/boulot/sport/sancerre/broco(lis)/murratis…) & voir débarquer des gens en blouse blanche, un de ces quatre, pour une longue longue cure de sommeil chimique visant à décoller la pulpe des TOC et à strip teaser les phobies. (Parce que non seulement la France se lève tôt maintenant, messieurs dames, mais elle est efficace. Les grincements dans la tête, ça ruine la productivité, c’est bien connu.) Et puis j’aime trop le secret, tout simplement. (Laure Limongi, élevée à l’omerta.) De toute façon, d’une part, je n’ai pas le choix (raconter les coulisses du livre, ça mettrait tout le monde sous Xanax, je crois) et de l’autre, pas vraiment le goût de l’exhib – plus exactement, j’ai du mal à en voir l’intérêt me concernant alors que je trouve que ça tient très bien chez C.A. (mais arrête avec ton obsession du poids – dit-elle, ex anorexique anonyme dysmorphophobe… hum…), par exemple, ou chez Berlol justement (un blog généreux, à la fois sushis sous le soleil et herméneutique sans tic), ou encore Barbara Vidal – hélas un peu silencieuse ces derniers temps (oh, Limongi, t’es gonflée, tu postes tous les 36 du mois !)
Restent donc les lectures (quand laureli le permet, tyran ! c’est-à-dire de moins en moins, zavez remarqué vous aussi ?) et les reliefs. Par exemple, aujourd’hui – hey, c’est dimanche !
Les draps sont aubergine (avec des espèce de rayures indescriptibles, des taies d’oreiller évidemment pas assorties – so chic ! – et une odeur d’huile essentielle de lavande bio parce que c’est bien pour dormir, qu’ils disent (comment ça, ça fait mamie ?) Ça marche encore mieux avec une bonne poignée d’Euphytose si on ne s’étouffe pas avec – recette du jour) et j’ai découvert récemment la passion du chat pour les Sveltesse à la pistache. Une passion dévorante, assez comique (un persan roux qui se rue sur un truc verdâtre sans rien, vraiment, à l’intérieur – ni sucre, ni gras – c’est presque un épisode de Star Trek) lui qui réclame si peu, habituellement. Avec Lucille, se souvenant de laps oisifs, livres étalés sur les draps, assez lointains à présent, on s’écrivait (aujourd’hui) qu’il devient de plus en plus ardu de se ménager des espaces sereins de lecture. De la disponibilité mentale pépére et de la délectation. Du plaisir sans notion d’utilité (note de lecture) ou de stress (quotidien parasite). La faute à quoi ? Bien sûr aux autres activités (ben ouais, un peu, les écrans, quand même, et puis la vie, l’amour, la mort), au stress social, sans doute, surtout – comme il faut s’agiter pour ne pas mourir, ce qu’il ne faut pas inventer pour tenir quand on brasse des voiles, des choses pas commerciales. J’en suis déjà à ma deuxième théière de Tamaryogusha Impérial (j’adore) et je n’aime pas la pluie (non). Voilà enfin une certitude. J’aime le thé, pas la pluie. Et j’ai peur des orages. Pourtant, il y a des jours où je peux aimer la pluie, la musique de la pluie surtout. Bon, d’accord, pas de certitude (si, le thé). Ça fait trois semaines que je me dis qu’il faut que j’aille au Sympa Barbès un samedi matin avec Fanette et/ou Claire (le clan du 18e) et puis entre grasses matinées (comas de survie, plutôt) et sport, je loupe le coche. Mais j’y arriverai un jour, j’y arriverai. J'ai des courbatures (sport justement), les triceps qui tremblotent à vide, les pauvres. Est-ce que je vais aller acheter un poulet rôti ? Non, j’ai la flemme, il pleut et j’ai du taf. Le paresseux est un animal formidable qui dort 22 heures par jour. J’aime le paresseux. Restant dans la position qu’on connaît bien, accroché à son arbre. Son pelage est vert car occupé d’algues et de symbiotes chlorophylliens, bref, de plantasses qui poussent sur lui tellement il est immobile et ne songe pas à les déloger (zavez-vu son sourire aussi ? crème d’animal, va). Et quand le paresseux meurt, c’est généralement (statistiquement) pendu à une branche, dans la position du sommeil qui est sa vie. La jungle, autour, ne s’en rend compte que lorsque la pesanteur du corps devient plus lourde et commence à sentir. Manifestement. Jusqu’à ce que le paresseux ne soit plus qu’une peluche disloquée débarrassée de sa branche par un coup de vent ou un charognard.
That’s all folks !