mardi, mai 29, 2007

Fontenew !



Fanette Mellier, graphiste typographe (qui a réalisé l'image de couverture de maternA) a créé une nouvelle typo, le Fontenew (et d'autres typos, sur son site) : cette affiche ci-dessus, à noircir, afin d'en dessiner les lettres. Si vous voulez en savoir plus, rendez-vous à Fontenay-sous-bois samedi 2 juin à partir de 17 heures, vernissage de l'exposition Graphisme dans la rue.




J'ai écrit, pour Fanette, un texte destiné à être disséminé dans la ville, donc lisible par tous les bouts. En voici la version originale qui a été un peu retaillée... pour coller à la taille des murs de Fontenay - principe de réalité urbaine appliqué à l'écriture.


je file lentement file

cœur

amer

au laps

perdu

la terre tourne bas

(comme un ciel)

hier c’était ici

alors viens

demain l’été

en bye tranquille

lundi, mai 28, 2007

Chamarande bande compacte



… et puis ce drôle de dimanche à Chamarande, où Emmanuel Rabu faisait une lecture – notamment de son texte « Chamarande bande compacte », sur l’exposition qui s’y déroule en ce moment.
Chamarande bout du monde quand on rate le RER et qu’on attend le prochain une demie heure sur le quai en bavardant avec tout un tas de gens un peu bizarres qui ont l’air de s’emmerder ferme en ce dimanche pluvieux – à verse. Ce qui se confirme dans la rame même du RER finalement arrivé. Un tout jeune couple d’étudiants étrangers, lumineux, est abordé par un homme, comment dit-on déjà, d’un certain âge, ancien « fonctionnaire européen », ne cessera t-il de répéter, intarissable sur l’ « étranger », et surtout le pays du jeune homme : les pays-bas. Trois quarts d’heure de tulipes, de « bedos » (« Eh, Robert, là bas la fumette c’est tranquille »), de l'autre-pays-du-fromage, de « c’est tout plat ! », de maisons toutes petites et penchées, de « et les gens ils sont tous en vélo », de « mais c’est quoi le problème flamand ? » (puisque ça avait dérivé du côté de la Belgique), le tout en boucle avec le sourire patient du jeune homme et la mine tranquillement interloquée de son allemande de petite amie. Je suivais ça sur fond de Colin Blunstone, avec la drôle de lumière de la pluie qui rendait la scène un peu irréelle, irréalité renforcée par un second plan presque lynchien : un petit garçon noir tapant dans ses mains de façon anarchique et un vieil homme (on peut dire ça, cette fois), édenté, me souriant d’un air vaguement salace de toute son absence de dents dès qu’il croisait mon regard. Je me suis dit à ce moment là que si le train s’arrêtait en rase campagne, je me mettrais à hurler. Mais non, à cet instant, le jeune homme d’Amsterdam a dit qu’ils avaient pris ce train par hasard, avec son amie, et qu’ils ne savaient pas où aller. J’ai donc parlé de l’exposition à Chamarande et nous nous sommes tous retrouvés, sous une pluie battante, les jolis amoureux mais aussi le fonctionnaire européen et son pote torché au pastis à la lecture d’Emmanuel Rabu… Finalement, ça peut être bien la mélancolie des dimanches.

dimanche, mai 27, 2007

I’m a plane



... Sublimissime concert de Shellac au Bataclan, samedi soir. Le bonheur d’entendre enfin jouer ces remarquables musiciens que sont Steve Albini, Bob Weston et Todd Trainer – pour lequel j’avoue un petit faible avec sa touche de gothique paumé, où qu’il se trouve – avec leurs amplis supra vintage, voire carrément rouillés, et ce son absolument unique. Mais aussi le sentiment d’assister à un moment qui n’est pas simplement musical grâce aux interventions des musiciens. Où l’on apprend, à l’occasion de questions posées par le public, que Bob Weston a trois chats « un noirr ey deux tigrreus » – ça veut peut être rien dire pour vous, etc. – et qu’à la question « qui est pire Bush ou Sarko ? », Steve Albini a fait remarquer que la France était un petit pays aux petits enjeux (mondiaux) alors que Bush était responsable de la mort de nombreuses personnes, dans le monde – je crois qu’il a dit « millions ». Et qu’il ne fallait pas déconner quand même. Mais que c’était un petit pays très joli et qu’ils avaient très bien mangé…
À un autre moment, il a parlé des avions. Assez longuement. Du fait qu’il trouvait ça absolument amazing que l’homme soit capable de construire des villes de fer volant dans les airs. Et que tout le monde trouve ça normal.
Ça m’a frappé car cela m’a fait penser à un passage du prochain livre de Tarik Noui, Serviles Servants, que Laureli publie à la rentrée prochaine (comment ça je ne m’arrête jamais de bosser, si, si, ça m’arrive) :

« Brando dit :
— … Dans… dans quel silence avons-nous pensé nos machines, Willard, au point qu’un bateau, soc de métal, puisse tracer une voie dans la mer… Au point qu’un avion puisse balafrer le ciel de sutures blanches de kérosène ? »

Et j’aime ces rencontres, de grandes rencontres. Même lorsqu’elles ne se déroulent que pour moi, dans le secret (éphémère, vous le voyez bien) de mes connexions mentales. Une chanson de Steve Albini, un texte de Tarik Noui. Un concert qui parle de notre monde, certes, mais qui, surtout, crée une forme pour le crier, le rythmer, le vivre.

Après c’est toujours pareil, un fin sourire, quelques bières dans le bar à côté, beaucoup de cigarettes et des projets pour mille vies.

lundi, mai 21, 2007

Si on résumait



Dans la dernière revue IF, on peut lire Le Résumé d'Hélène Bessette, sa théorie littéraire. Un texte inédit. Également un texte de Julien Doussinault et d'autres documents...

Dans toutes les bonnes librairies ou :
Liliane Giraudon/Henri Deluy/Jean-Jacques Viton
33 rue Estelle
13006 Marseille
Tel/fax 04 91 80 39 18
1 numéro = 12 euros
abonnement 2 numéros = 23 euros

Vous pourrez, notamment, vous procurer la revue le 31 mai à la librairie L'Atelier du XXe, puisque s'y déroule, à partir de 20 heures, une soirée consacrée à Hélène Bessette, avec Pierre Hild, Julien Doussinault et moi-même - sur une invitation de Georges-Marc Habib : l'Atelier du XXe, 2 bis rue du Jourdain, Paris XXe. (métro Jourdain).

dimanche, mai 20, 2007

Lazy butterfly



… Franchement, j’envie Berlol et sa discipline quotidienne. Mais je ne me vois pas l’appliquer à ma pomme. J’aurais sans doute trop peur que mon journal dessine une cartographie limpide de névroses complexes (bus/boulot/sport/sancerre/broco(lis)/murratis…) & voir débarquer des gens en blouse blanche, un de ces quatre, pour une longue longue cure de sommeil chimique visant à décoller la pulpe des TOC et à strip teaser les phobies. (Parce que non seulement la France se lève tôt maintenant, messieurs dames, mais elle est efficace. Les grincements dans la tête, ça ruine la productivité, c’est bien connu.) Et puis j’aime trop le secret, tout simplement. (Laure Limongi, élevée à l’omerta.) De toute façon, d’une part, je n’ai pas le choix (raconter les coulisses du livre, ça mettrait tout le monde sous Xanax, je crois) et de l’autre, pas vraiment le goût de l’exhib – plus exactement, j’ai du mal à en voir l’intérêt me concernant alors que je trouve que ça tient très bien chez C.A. (mais arrête avec ton obsession du poids – dit-elle, ex anorexique anonyme dysmorphophobe… hum…), par exemple, ou chez Berlol justement (un blog généreux, à la fois sushis sous le soleil et herméneutique sans tic), ou encore Barbara Vidal – hélas un peu silencieuse ces derniers temps (oh, Limongi, t’es gonflée, tu postes tous les 36 du mois !)

Restent donc les lectures (quand laureli le permet, tyran ! c’est-à-dire de moins en moins, zavez remarqué vous aussi ?) et les reliefs. Par exemple, aujourd’hui – hey, c’est dimanche !

Les draps sont aubergine (avec des espèce de rayures indescriptibles, des taies d’oreiller évidemment pas assorties – so chic ! – et une odeur d’huile essentielle de lavande bio parce que c’est bien pour dormir, qu’ils disent (comment ça, ça fait mamie ?) Ça marche encore mieux avec une bonne poignée d’Euphytose si on ne s’étouffe pas avec – recette du jour) et j’ai découvert récemment la passion du chat pour les Sveltesse à la pistache. Une passion dévorante, assez comique (un persan roux qui se rue sur un truc verdâtre sans rien, vraiment, à l’intérieur – ni sucre, ni gras – c’est presque un épisode de Star Trek) lui qui réclame si peu, habituellement. Avec Lucille, se souvenant de laps oisifs, livres étalés sur les draps, assez lointains à présent, on s’écrivait (aujourd’hui) qu’il devient de plus en plus ardu de se ménager des espaces sereins de lecture. De la disponibilité mentale pépére et de la délectation. Du plaisir sans notion d’utilité (note de lecture) ou de stress (quotidien parasite). La faute à quoi ? Bien sûr aux autres activités (ben ouais, un peu, les écrans, quand même, et puis la vie, l’amour, la mort), au stress social, sans doute, surtout – comme il faut s’agiter pour ne pas mourir, ce qu’il ne faut pas inventer pour tenir quand on brasse des voiles, des choses pas commerciales. J’en suis déjà à ma deuxième théière de Tamaryogusha Impérial (j’adore) et je n’aime pas la pluie (non). Voilà enfin une certitude. J’aime le thé, pas la pluie. Et j’ai peur des orages. Pourtant, il y a des jours où je peux aimer la pluie, la musique de la pluie surtout. Bon, d’accord, pas de certitude (si, le thé). Ça fait trois semaines que je me dis qu’il faut que j’aille au Sympa Barbès un samedi matin avec Fanette et/ou Claire (le clan du 18e) et puis entre grasses matinées (comas de survie, plutôt) et sport, je loupe le coche. Mais j’y arriverai un jour, j’y arriverai. J'ai des courbatures (sport justement), les triceps qui tremblotent à vide, les pauvres. Est-ce que je vais aller acheter un poulet rôti ? Non, j’ai la flemme, il pleut et j’ai du taf. Le paresseux est un animal formidable qui dort 22 heures par jour. J’aime le paresseux. Restant dans la position qu’on connaît bien, accroché à son arbre. Son pelage est vert car occupé d’algues et de symbiotes chlorophylliens, bref, de plantasses qui poussent sur lui tellement il est immobile et ne songe pas à les déloger (zavez-vu son sourire aussi ? crème d’animal, va). Et quand le paresseux meurt, c’est généralement (statistiquement) pendu à une branche, dans la position du sommeil qui est sa vie. La jungle, autour, ne s’en rend compte que lorsque la pesanteur du corps devient plus lourde et commence à sentir. Manifestement. Jusqu’à ce que le paresseux ne soit plus qu’une peluche disloquée débarrassée de sa branche par un coup de vent ou un charognard.

That’s all folks !

vendredi, mai 11, 2007

c'est (vraiment) pas ma faute à moi

(ça y est, j'aime - ENFIN - un blond)

(et il chante Elvis, en plus... et il a des tatouages - Manue me dit : Marcel Duchamp au cœur...)

Moi je m'appelle Lolita
Lo ou bien Lola
Du pareil au même
Moi je m'appelle Lolita
Quand je rêve aux loups
C'est Lola qui saigne
Quand fourche ma langue
J'ai un aphorisme dadaïste
De mon doux phénomène
Je m'appelle Lolita
Lo de vie, lo aux amours diluviennes

C'est pas ma faute
Et quand je donne ma langue au chat
Je vois les autres
Tout prêts à se jeter sur moi
C'est pas ma faute à moi
Si j'entends tout autour de moi
Hello, helli, t'es A (L.O.L.I.T.A.)
Moi Lolita

Moi je m'appelle Lolita
Collégienne aux bas
Bleus de méthylène
Moi je m'appelle Lolita
Coléreuse et pas
Mi-coton, mi-laine
Motus et bouche qui n'dit pas
A maman que je
Suis un phénomène
Je m'appelle Lolita
Lo de vie, lo aux amours diluviennes

Paroles : Mylène Farmer (ben ouais). Détournements de Julien Doré en rouge... Musique : Laurent Boutonnat > Gourmandises d'Alizée, 2000

jeudi, mai 10, 2007

hum, un far...





... Juste parce que j'adore Jean Lecointre... et aussi parce que j'ai faim, sans doute, c'est l'heure du goûter...

mercredi, mai 09, 2007

PROGRAMME MAXIMUM

... En écho à Berlol (dont je partage l'engouement), une note (de 2004... un peu vieille, donc...) sur les SLOGANS de Maria Soudaïeva... totalement d'actualité.


Maria Soudaïeva a tout d’une icône politique et littéraire ; une « héroïne post-exotique » ainsi que la nomme Antoine Volodine qui l’a bien connue et signe préface et traduction de ces Slogans.
Maria Soudaïeva s’est donnée la mort en février 2003 après une existence tumultueuse, de troubles psychiatriques en engagements politiques extrêmes. Elle est née en 1954 à Vladivostok d’un père russe et d’une mère coréenne. Elle a vécu en Russie, en Corée, en Chine, au Vietnam... et a très tôt développé un talent pour les langues aimant alterner le français, l’anglais, le russe comme pour nier une quelconque hégémonie langagière. Polyglotte car résistante : hybrider les langues = désarmer les suprématies. « 64. ONZE LANGUES SORDIDES, UN SEUL LANGAGE ETRANGE ! » (p. 56).
Son existence a été vouée à la résistance contre les dérives de la société post-soviétique et l’écriture de ses « petites proses » développant de fragments en fragments un monde belliqueux de la vocifération. À la fois notre monde sanglant et univers fantasmatique peuplé de fantômes vengeurs.

Trois épisodes s’enclenchent avec le bruit sec d’une arme automatique : « PROGRAMME MINIMUM », « PROGRAMME MAXIMUM », « INSTRUCTIONS AUX COMBATTANTES » car ici les corps en lutte, torturés, agissants, meurtris, violents, déchiquetés sont des corps de femmes : « 127. ORDONNE TON VISAGE AVANT DE TE PENDRE. 128. ORDONNE TES ORIFICES A LA PERFECTION. » (p. 31).

Le « PROGRAMME MINIMUM » débute brutalement avec une surenchère de points d’exclamation : l’acharnement sur le corps de Natacha Amayoq. D’emblée un univers de heurts, étrange et familier – des écarts, parfois, à la Plume de Henri Michaux, disjonction entre réflexe et inattendu, toujours dans le sens de l’absurdité de la cruauté. Se déploie l’impératif d’un monde sans dieu. Ordres impalpables, cruels, contradictoires... « 118. AVANCE, FRACASSE, NE REGARDE PAS » (p. 30). Le destin semble n’être qu’un hasard meurtrier qui s’amuse de tout. Peu à peu ces phrases courtes, assénées, prennent un rythme acéré, essoufflé. La fureur monte. Ce « programme minimum » s’achève sur une vraie-fausse éclaircie douce-amère qui sera reprise, en clausule évolutive de ces trois volets : « 340. UN JOUR ENFIN NOUS SERONS PLUS MORTS QUE VIFS ! 341. UN JOUR NOUS AURONS LE SOLEIL EN BOUCHE ! 342. UN JOUR NOUS AURONS BALAYE DEVANT LA PORTE ! 343. LES MAUVAIS JOURS FINIRONT ! ».

Le « PROGRAMME MAXIMUM », qui semblerait s’annoncer comme une aggravation, ne fait que réitérer ce pire déjà énoncé. Les terres sont brûlées, « carbonisées » et le froid de la mort envahit tout : « 53. TON CŒUR AUSSI S’APPELLE BANQUISE » (p. 55). À nouveau, la femme se fait ambivalente, combattante, donneuse de vie, porteuse de mort, enjeu de pouvoir : « 137. ENTRE DANS LA MATRICE ATROCE, REGARDE, TUE ! » (p. 61) ; « 195. AVANT DE DETRUIRE LES ŒUFS, ATTAQUE LA POULE PONDEUSE ET NOIRCIS-LA ! » (p. 66). À nouveau, un espoir qui semble d’une ironie sombre, isolé parmi ces flots d’atrocités : « 342. UN JOUR AVEC LES MAINS NOUS FINIRONS L’IMAGE ! 343. LES MAUVAIS JOURS FINIRONT ! » (p. 77).

Enfin, les « INSTRUCTIONS AUX COMBATTANTES » multiplient des conseils absurdes et désespérés dont la prolifération haletante traduit une attention protectrice, une veille disproportionnée à la furie qui s’abat sur les « combattantes ». La plupart des conseils portent sur le « bien mourir » ou plutôt le moins mal. « 3. SI AUTOUR DE TOI TOUT LE MONDE S’EST PENDU ARRACHE-TOI LA TETE AVEC LES DENTS ! » (p. 81) ; « 120. TA COMPAGNIE EST DISSOUTE, VA JUSQU’A TON ESTOMAC ET PENDS-TOI ! » (p. 91). L’attention à la vie semble avoir quitté ce monde de fantômes qui ne cesse pourtant d’attendre, en ritournelle, la fin des « mauvais jours ».

Les « petits poëmes en prose » de Maria Soudaïeva sont le chant d’un univers détruit et ne cessant de continuer à se détruire, sans cesse, sans espoir, comme si on pouvait aller toujours plus loin dans l’horreur. S’y élève le ton imprécatoire d’une voix rauque faisant une harmonie guerrière du concert des cris de souffrance qui la poursuive. L’expression d’une vision d’une lucidité fantastique et sombre projetée sur le théâtre sanglant d’un quotidien qui n’avoue pas le scandale permanent de ses crimes.


Slogans de Maria Soudaïeva, L’Olivier, traduit du russe par Antoine Volodine, 20 août 2004.

lundi, mai 07, 2007

Remontage

Jacques a dit : « je sais ta dépendance à la douleur de la douleur ».

Jacques a dit : « je t’apporterai des perles de pluie ».

Jacques a dit : « tu seras mon hasard ».



21 fév. 03 : Il me dit j’ai rêvé la fille et le couteau et puis sombre très loin je me dis j’écris je reprends je biffe je tombe sans fin (tu sais il m’arrive de sursauter dans mon sommeil) très mal dormi la nuit dernière je pense aux prédateurs qui déchirent à belles dents acérées certains poissons dont on ne sait finalement quoi penser / faire / penser / faire… poisson pilote ? chat ou lune, rouge ou scie, de roche ? toujours assurément glissant, d’avril aussi en queue de poisson toujours un peu insaisissable il me fallait ébouillanter une jeune fille aux longs cheveux blonds d’un jet et puis je me dis mieux vaut sans doute la cruauté comme pour la défigurer « le bleu du ciel est plutôt / est rare et / presque 9800 jours aussi & nuits écoulées au fil vif argent, combien encore, combien terreur le bleu de l’eau est si limpide, à l’œil (pourtant mes cheveux sont bruns à reflets d’automne, mes yeux sombres) comme si je la tuais et puis la pression se fait moins forte, le liquide glisse sur la peau, frais, presque collant je sais qu´elle veut se venger qu´elle va se venger et je refais surface cheveux plaqués grain de peau je n’arrive pas à fuir je vois ton sourire ta pupille profonde mais je ne fais jamais de cauchemar et je souris et je

dimanche, mai 06, 2007

« Je ne suis qu’une artiste de variété… »

Moi aussi, comme tout le monde, aujourd’hui, je ressens une vieille boule à l’estomac comme le jour des examens de piano, des résultats du Bac, de ceux de Normal, des scanners, des agonies, bref, là où il y a échéance et cancer ou possibilité de cancer – vive la France.

Je me sens très vieille tout d’un coup, à 31 ans.
Lorsque j’en avais 4, ma mère m’apprenait des chants russes – en russe – qu’on lui apprenait aux jeunesses communistes pendant l’après-guerre (et ma grand-mère paternelle les prières en latin, mais ce grand écart donnera sans doute lieu à un prochain chapitre). Même si elle avait fini par faire bouffer sa carte au directeur régional du Parti – on est un peu claustro et on a un certain caractère dans la famille – elle portait des valeurs de gauche réelles, éthiques, immuables, se traduisant dans sa vie de tous les jours et dans ses choix. 1981: génération Mitterand. Quand même, génération Mitterand, quoi. Tout le monde la rose à la main, hop, aurore socialiste. Culture le vent en poupe. Bon, 2002, séisme, on n’y revient pas ou je retourne vomir. Le Front National qui passe au premier tour d’une élection présidentielle, même dans mes pires cauchemars… Et là, en si peu de temps, à la fois très abruptement et à travers des stades, des infléchissements complètement repérables (c’est notre très grande faute), on n’a plus qu’à chercher où peut bien se loger la gauche. Ouh ouh ! la gauche ! Où es-tu ? Soulevez les pots de fleurs, les serviettes de plages, les tables de bistrot, mais trouvez-là, bordel, ça a urgé, donc, ça urge. Ça urgera. Je parle d’une gauche existant dans le monde réel et capable de fédérer les citoyens de gauche de ce pays. Non c’est pas le dahu, je suis sûre que ça existe, que ça peut se construire, cherchons encore. On dit droite/gauche c’est une invention française. Peut-être. Et alors ? Les conséquences historiques, c’est pas pour les chiens. Une « démocratie » droite/droite, d’où que vienne l’invention. (Pourquoi pas 60 % d’obèses et bouffer des burgers, aussi, tant qu'on y est ? Après on construit des tours partout, hop…)

Bon, en attendant qu’on trouve notre gauche – on va y arriver, c’est comme en boxe, un peu de motivation et d’entraînement –, va falloir se contenter de celle qu’on a aujourd’hui même. Là, maintenant, tout de suite. Français, toujours un effort. Haut les cœurs !

samedi, mai 05, 2007

train-train

… Pire que les ours. Les ours se délectent à trouver du miel et à le digérer d’un bon sommeil. Moi, juste, je cours derrière les trains, et le plus balèze, c’est que j’arrive, la plupart du temps, à les rattraper, à lancer mon bras loin devant moi et à m’y hisser. Le poignet ne cède pas et l’épaule joue son rôle de bonne épaule solide qui fait axe au corps tout entier. Ce n'est presque plus une épaule de fille. Les frayeurs permanentes du y arrivera, y arrivera pas, si. Du : oh mon dieu, je suis un tout tout tout petit point dans la mer ! si. Ouf. Mais pour une fois, tiens, je fais ours et me délecte de la fierté laureli. Depuis hier, on peut trouver maternA d’Hélène Bessette et Ouestern de Claire Guezengar en librairie. Hier, Claire signait son livre dans la remarquable librairie de Michèle Ignazi, rue de Jouy à Paris devant une cohue enthousiaste de lecteurs vraiment impressionnante. La foule, l’orage, recette de syncope. Et se dire que ça y est, 6 titres, le suivi des auteurs, l’attente impatiente du deuxième livre, ça y est, ça existe vraiment laureli. À force de travailler au plus près des textes, dans l’urgence de chaque journée, un bout de cerveau absorbé par mon travail d’écriture, aussi, quand même, un peu, j’avais oublié de prendre ce recul-là. Le temps, non de la satisfaction (quel mot replet) mais du bonheur de ce qu’on fait. Car je crois beaucoup au bonheur.

vendredi, mai 04, 2007