Depuis quelques jours, on trouve chez tous les bons disquaires le premier disque du groupe Molypop.
En exclusivité mondiale, je vous livre ci-dessous un descriptif de l’album, à travers quelques chansons, tiré d’un entretien réalisé avec
Emmanuel Tugny – qui signe toutes les paroles et compositions.
«
Sous la barque : L’idée était de faire une chanson sur un jeu enfantin qui consistait à creuser des cabanes sous les barques déposées sur les plages en Bretagne. Le phénomène acoustique est le même que lorsque l’on met un coquillage sur l’oreille, on y entend la mer d’une façon étonnamment puissante. Le sens se rapproche de celui de la chanson
La pêche à la ligne, à savoir que lorsque l’on veut s’arrêter de comprendre les choses, les choses vous parviennent avec une intensité folle. C’est une autre chanson sur la contemplation et la nécessité d’y arriver. Alors ce qu’on contemple, ce n’est pas seulement la nature et des objets inanimés, mais aussi ce qui nous intéresse dans la nature et en fait partie, c’est-à-dire les femmes.
Je fume plus : Si je fume est-ce que je me guéris ? En France, la réponse est clairement non, c’est en arrêtant que l’on va se sauver, moins on fume, plus on est sain. Moi j’avais l’impression en écrivant cette chanson que c’est justement en arrêtant de fumer que l’on se sauvait pas. Le fait d’arrêter de fumer implique la rupture nette avec un lien au monde formidable, le lien aux amis, le lien au jardin, le lien au café, toutes ces petites choses qui sont fondamentales pour vivre, justement, et par conséquent on ne meurt pas moins en ne fumant plus, on meurt plus, et puis finalement, j’ai généralisé l’affaire dans le refrain en disant qu’au fond, c’est
La peau de chagrin de Balzac : la vie tue. « La vie est ce qui tue la vie ». Ce qui est le plus dangereux pour la santé, c’est de vivre, ce n’est pas de fumer. Plus l’on vit longtemps, plus la mort est terrible. Il y avait une émission sur France Inter sur ce sujet justement, et tout le monde était d’accord, mais un auditeur a appelé en disant “ Oui c’est bien joli tout ce que vous me dites, mais moi j’ai pas envie de m’emmerder 170 ans. Je veux bien vivre longtemps, mais si je vis sans fumer sans baiser, sans me droguer, je vais m’emmerder, donc j’aime autant fumer et pas vivre longtemps. ”
La Parade : C’est un appel à l’aventure. C’est pour cela que
L’Espérance est centrale dans cet album, car il fallait absolument que cela se termine sur une note d’espérance. Des gens sont morts, des gens vous ont quitté, la situation contemporaine est un peu merdeuse, on ne peut plus fumer, tout d’un coup les dieux de la métaphysique médiévale refont leur apparition, on souffre de ne pas pouvoir être contemplatif, de ne pas pouvoir voir les choses mais ce n’est pas grave puisqu’un nouvel amour, de nouveaux pays, des choses illusoires mais bandantes vous attendent au bout du voyage, c’est ça l’idée. C’est ce que dit Woody Allen dans un film : “ La réalité est atroce mais c’est le seul endroit où l’on peut manger un bon bifteck. ” Hé bien
La Parade, c’est cela : je vais un jour rencontrer ce bifteck. Prends un train et tu vas voir, ça va être super mieux après. C’est jamais super mieux après, mais il vaut mieux se dire que ce sera super mieux. Et c’est pour ça que les dernières notes de l’album sont des notes de fête. Allez hop ! Joue de la trompette en plastique ! Et si t’as pas de trompette tu vas la faire avec la voix et si t’as pas de voix tu vas la faire avec les aisselles et puis démerde toi pour faire plutôt que de ne pas faire ! Et peut-être que ce sera la cause du salut. »
Ah oui, et pourquoi « Molypop » ? Bon, deuxième exclusivité mondiale mais c’est bien parce que c’est vous… Dans la mythologie grecque, le moly (μῶλυ) est une plante magique. Dans
L’Odyssée, Hermès en offre à Ulysse comme antidote aux sortilèges de la magicienne Circé, qui transformait ses hommes d’équipage en pourceaux : « (...) le dieu aux rayons clairs tire du sol une herbe, qu’il m’apprit à connaître avant de la donner : la racine en est noire, et la fleur, blanc de lait ; « μῶλυ » disent les dieux ; ce n’est pas sans effort que les mortels l’arrachent ; mais les dieux peuvent tout. »… C'est
peut-être une explication...