Matamore n°29, acte I
« De l'intérieur d'un cheval fabriqué par moi-même, pour m'attaquer moi-même, par surprise. »
Alain Farah, Matamore n°29
Le 1er septembre, chez Laureli, sort Matamore n°29 d’Alain Farah. Ce livre était paru en 2008 au Quartanier, l’excellente maison d’édition d’Éric de Larochellière, au Québec – j’ai expliqué nos affinités Quartanier/Laureli dans un précédent billet. Quelques privilégiés, dont je fais partie, avaient réussi à se le procurer et découvert ainsi cette écriture incroyablement indomptée – pour ne pas réutiliser l’adjectif « indocile », dont j’abuse –, foisonnante, généreuse, où la sole meunière côtoie une – brève et lumineuse – analyse de Ulysse de Joyce, le coup de tête de Zizou, la correspondance de Flaubert, le « patatore » – description du « patatore » p. 27 de Matamore, le 1er septembre – s’érige en arme pour crime parfait, les règles du tennis structurent le récit, le-sombre est sans cesse repoussé de cuisses interminables de blondes polonaises en moments d’amitié, d’éternité.
En parlant d’amitié, parmi les personnages du roman, on retrouve aussi Thomas Braichet, dans sa période parisienne de l’atelier place Dalida – ça ne veut peut-être rien dire pour vous, mais pour nous, ça veut dire, beaucoup, voilà.
Nous en sommes à la relecture/corrections avec Alain. Ce Matamore n°29 ci sera un peu différent du Matamore n°29 de 2008. Parce qu’Alain a choisi de modifier son texte, mais aussi parce qu’on a décidé d’adapter certains termes propres au français du Québec au français de par ici. C’est subtile et c’est un travail absolument passionnant, pour moi, de sonder la langue et ses usages, de découvrir comme des instantanés historiques dans la grande province, des traces de patrimoine oubliés dans l’hexagone. Et surtout, comme toujours, le dialogue qui s’instaure ainsi avec l’auteur, qui fait, donc, proliférer son Matamore.
La maquette est déjà commencée sur XPress, avec une police Minion, une très belle garalde qui a aussi le mérite de posséder de nombreuses variations en display, black, bold, semi-bold, italiques, SC (c’est-à-dire petite cap.)… fort utiles pour le texte, comme vous pourrez le constater. J’avais lorgné tout d’abord sur la fonte Kennedy, bien évidemment – puisque le président apparaît dans le texte… – mais elle n’a pas la plasticité du Minion, hélas. Je tempère donc mes délires cratyliens cette fois-ci…
J’ai aussi passé un ptit coup de Prolexis, surtout, évidemment, pour éliminer les problèmes de mauvaises espaces typographiques… Car, comme vous pouvez le constater sur l’image illustrant ces quelques lignes – et ça me fait toujours bêtement rire, l’aveuglement des logiciels –, Prolexis est resté assez perplexe devant le vocabulaire employé.
Présentation et couverture arrivent bientôt : c’est Marion Pannier – qui avait déjà réalisé pour Laureli les couvertures de Ida ou le délire d’Hélène Bessette et des Carcasses de Raymond Federman – qui planche dessus…
Photo d’Alain Farah © F.Duchesne.