mardi, juillet 21, 2009

Alain Farah : je décisif

Tous les sujets mènent à Napoléon et Napoléon mène à Mariage, de son prénom Joseph, agent de l’un des Alain du livre – car il y en a plusieurs de Robbe-Grillet à Farah –, agent que l’on pense de prime abord en son sens de 1578 (selon Robert) : employé, intermédiaire, mais qui se révèle plutôt agent façon 1337 (la rousse confirme) : actif, moteur. Mes digressions étymologiques ne vous disent sans doute pas grand-chose de Matamore n°29, je le concède. Je m’en voudrais de gâcher le plaisir de sa lecture. Je préfère donc rester dans ma réserve analogique. Et puis, pour être honnête, je ne saurais pas trop par quel bout l’attraper pour en faire un résumé – quel intérêt ?

Croyez-moi sur parole, lecteurs que je n’ai jamais fourvoyés, lisez ce livre rusé et délectable maniant érudition et désinvolture, remportant son défi littéraire de façon écrasante, jeu, set et match, contre les productions « regrettables » – aurait dit Bessette – bouffies de narcissisme, ronronnant des flonflons rances d’émois – et moi et moi. Car il a tous les culots, ce matamore Farah, il se coltine l’autobiographique, oui, mais depuis un miroir se baladant aux quatre coins du monde, reflétant les œuvres aimées (littéraires, artistiques, cinématographiques…), rendant les frontières entre le passé et le présent aussi volatiles que le poulet Blinky (personnage), semant des indices colorés à la façon d’un Lynch, refusant la linéarité pour truffer d’opérette, de vers, de considérations sur Joyce…

Par un étoilement analogique – j’y reviens –, on circule dans le temps et l’espace, les généalogies, la conscience tragique des destins, de l’Histoire, on saute d’événements heureux en manigances de « LE-SOMBRE » – la sale faucheuse qui n’est jamais bien loin –, ça sent le lilas de l’Égypte au Québec, on entend des échos, des légendes, des relations inédites (« Rien n’aura eu lieu que le lieu » – la sole se dérobe sous nos pas), le chant du Patatore, la possibilité d’une vie que l’art rendrait plus intéressante que l’art.


(bis)


Tous les sujets mènent à Napolé on ne saurait mieux déc rire mais avec la con science du tragique des destins, de l’Histoire, un ré s’il en existe encore, un ro ’man liquéfié pour avoir croqué une fève



Alain Farah dit : « J’essaie d’écrire des livres qui exigent d’eux-mêmes ce qu’ils attendent des lecteurs. »


Matamore n°29 d'Alain Farah
Le Quartanier





(Article à paraître dans CCP. Ici : version longue.)

2 commentaires:

NotBillyTheKid a dit…

J'abonde ! Lisez Farah !
Je copie-colle en renfort :
http://www.t-pas-net.com/libr-critique/?p=1157

Adavèla Laudhère a dit…

Superbe ! Je n'ai pas lu le livre en question mais votre texte se suffit à lui-même. I'm your fan !