samedi, août 28, 2010

sweat blood

La saison 2 d’Écrivains en séries est en montage. C’est-à-dire que les maquettes individuelles sont réalisées (bon, OK, presque, encore deux ou trois à boucler, mais vous croyez que les week-ends c’est fait pour buller, peut-être ?), il ne restera plus qu’à (ah ! ah !) tout chaîner à partir de lundi. Et puis reporter des corrections d’auteurs reçues à ce moment-là, ainsi que celles aimablement réalisées par Anne-Laure et Danièle, aussi… Et pof, quelque 500 pages en route vers l’imprimerie. Ce délicieux cauchemar aura donc duré trois semaines bien denses – je n’évoque, bien sûr, que la phase d’immersion. Mais au moins, j’ai protégé mon capital solaire, n’est-ce pas.
Bientôt viendra le temps de la lecture en librairie et du verre de l’amitié… Je vous tiendrai au courant.

En attendant... Trailer#1 : la vidéo réalisée par l’artiste Mélissa Epaminondi sur la série I Love Lucy à l’occasion d’Écrivains en séries, saison 2 : I LOVE MAMAN :



Trailer#2 : cinq épisodes d’Écrivains en séries, saison 1 seront diffusés ces prochains jours sur France Culture dans le cadre de l’émission Micro Fiction ; réalisation : Jacques Taroni.

Épisode 1, lundi 30 août à 11h50 : « Capo di tutti capi » de Tarik Noui, d’après Les Soprano > émission.

Épisode 2, mardi 31 août à 11h50 : « Desperate in the City » d’Hortense Gauthier, d’après Desperate Housewives et Sex and the City > émission.

Épisode 3, mercredi 1er septembre à 11h50 : « Vanités ou l’ironie du sort » de Laure Limongi, d’après Six Feet Under > émission.

Épisode 4, jeudi 2 septembre à 11h50 : Laure Limongi : Twin Peaks > émission.

Épisode 5, vendredi 3 septembre à 11h50 : « Dallas ou l’Engrenage » d’Emmanuel Tugny, d’après Dallas > émission.

Et La Vignette d’Aude Lavigne (France Culture, toujours) du 1er septembre est consacrée à la collection Laureli. Vous pouvez l’écouter ici.

Je remercie vivement l’équipe de Micro Fiction d’avoir choisi Écrivains en séries pour inaugurer cette nouvelle émission. Et Aude Lavigne pour ce joli moment – j’ai l'impression qu’on se marre pendant cinq minutes... mais on dit des chose sérieuses, aussi !

mardi, août 17, 2010

CosmoZ

Cher lecteur,

On a essayé de ne pas donner dans le méchant vilain spoiler.

Mais comme CosmoZ parle du Magicien d’Oz, on en raconte l’intrigue pour pouvoir expliquer comment et pourquoi l’auteur... enfin, vous voyez, quoi. Alors si ça fait trente ans que vous attendez de dévorer ce livre de L. Frank Baum ou de voir le film éponyme où l’on chante « Somewhere over the rainbow »… Eh bien, faites-le avant de lire cet article.

De surcroît, depuis la lecture de CosmoZ, on cherche à inventer un mot plus fort qu’« adorer » – là on est entre « aduldorer » et « gosténérer » –, alors on n’a pas pu s’empêcher, c’était plus fort que nous, d’analyser certains éléments du texte, notamment en les mettant en rapport avec d’autres livres de Claro.

Donc si vous êtes du genre à préférer arriver vierge de tout commentaire dans une œuvre magistrale – un peu comme à la plage on ne saurait s’interdire le plaisir violent de la déferlante –, vous pouvez suspendre la lecture de ces lignes et vous ruer les yeux fermés chez votre libraire préféré et lire CosmoZ là, maintenant, tout de suite, avant que le monde n’explose.



CosmoZ est le quinzième livre de Claro. CosmoZ avec un Z capital final, faisant tourner le mot sur lui-même en une ronde folle, annonçant les 496 pages de vertige narratif, d’émerveillement et d’inquiétude offerts au lecteur, portant le Oz du Magicien, point de départ et matériau d’écriture.

Le Magicien d’Oz, vous vous rappelez1 ? La petite Dorothy s’ennuie au Kansas dans la ferme de son oncle et de sa tante, elle est toujours accompagnée de son chien Toto, enthousiaste et jappant, à la façon d’un Milou. Une tornade s’élève, Dorothy s’assomme, absurdement réfugiée dans sa chambre, et déboule dans le monde merveilleux d’Oz, parmi les Munchkins – de fort pittoresques petits êtres chantant et dansant –, oh ! we are not in Kansas anymore, écrabouillant au passage la Méchante Sorcière de l’Est dont elle récupère les souliers magiques, en argent (en rubis dans le film avec Judy Garland, c’était plus spectaculaire pour les effets en technicolor…) Elle emprunte la route de briques jaunes pour rencontrer le Magicien d’Oz qui vit dans la cité d’Émeraude et qui lui permettra sans doute – lui dit la bonne sorcière Glynda – de rentrer chez elle. En chemin, elle rencontre l’Épouvantail qui aimerait tant avoir un cerveau, l’Homme de fer-blanc, qui se plaint de ne pas avoir de cœur, et le Lion poltron, dont la couardise est un inconvénient notable pour un félin censé régner sur la jungle… Chacun investi d’une mission ontologique, ils poursuivent leur Graal malgré les embûches semées par la Méchante Sorcière de l’Ouest qui est vraiment énervée qu’une pimbêche en robe vichy ait trucidé sa sœurette la Méchante Sorcière de l’Est et qui en récupérerait volontiers les souliers magiques… Bon, je saute les péripéties suivantes, les singes volants et autres seaux d’eau létale, vous connaissez la fin, vaguement déceptive, le Magicien est un charlatan mais tout est happy car chaque self made personnage détient la clef de son mystère. There is no place like home, buddies.

« Mais la légende ne sait pas comment finit le monde, tout comme elle ignore la façon dont il a commencé. La légende ne sait que relever la jupe et confier au caniveau l’image de ses plis intimes. La légende boit du vermouth et bat les cartes. Elle suit des inconnus dans la rue. Elle creuse des tranchées qu’elle remplit d’os et de diamants. Elle se mouche à tout bout de champ. La légende est folle et on doit, parfois, l’interner de force, entre l’idée et la réalité, afin que tombe l’ombre. »2

CosmoZ. « Lasciate ogni speranza voi che entrate ! » Dieu n’est pas un gentil toutou qui donne la papatte, Dieu est plutôt un charlatan pervers, façon Magicien d’Oz, qui t’envoie ton libre-arbitre en pleine figure tout en pipant un peu les dés, quand même, c’est plus drôle. « Si la terre n’était que vaine, ça irait encore ! Hommes creux, hommes de peu de feu ! Tous destinés aux fours, avec livres et brioches ! »3 Claro tend une pomme à Dorothy qui la croque, évidemment, en défaisant ses tresses, et voilà les personnages d’Oz, incarnés, lancés dans le tumultueux XXe siècle. « Un jour, le monde les avait reniés, leur offrant pour seul refuge la prison du réel. »4 Dorothy devient une infirmière dévouée et un peu naïve de la guerre de 14-18, toujours flanquée de son Toto jappant. L’Homme de fer-blanc et l’Épouvantail sont respectivement Nick Chopper et Oscar Crow, l’un, grand mutilé rapiécé de pied en cap par la science, l’autre, dont la mémoire est devenue défectueuse en raison d’un éclat d’obus. Le lion poltron, lui, a très vite mal fini5… La Méchante Sorcière de l’Est, Elfeba, est une aviatrice qui prend le ciel pour une page à noircir. Quant aux Munchkins, Avram et Eizik, des jumeaux, ils découvrent ce que signifie vivre dans un monde qui n’est pas à leur échelle, les considérant comme une monstruosité, un spectacle, et entament une errance à la recherche d’une porte pour retourner à Oz ainsi que leurs autres camarades, déplacés. Ils sont perdus dans l’absurdité du réel et son déchaînement de violence : « Le monde est un abattoir et nous n’avons plus faim »6 , there is no place like Oz, finalement. Leur parcours tragique est l’occasion d’une traversée des cinquante premières années de ce siècle qui a inventé les camps de concentration et la bombe atomique. Dans Livre XIX, Claro se livrait à une magistrale recomposition du XIXe siècle7, avec le cheval pour animal totémique, des découvertes défiant les airs en « baudruches infernales »8, la barricade en support de traité et marche à révolution. CosmoZ s’inscrit dont en suite chronologique de Livre XIX et si l’écriture de Claro s’y révèle plus dévouée à la narration – développant cette cosmogonie avec envergure et souffle épique –, elle ne cède en rien à l’exigence et aux obsessions de ses précédents livres.

Ainsi la fascination pour les machines – ou plutôt le rapport entre les hommes et les machines, l’invention des machines par les hommes –, la description scientifique comme matière de langage malléable dont on peut explorer la polysémie et dériver ainsi vers des continents imaginaires. Dans Livre XIX, on narre l’art de la montgolfière et l’avènement du gaz, avec une précision de dissection gourmande ; dans Chair électrique, c’est le siège homophone dont on chante la « furie noueuse »9 et qui devient un étrange vaisseau traversant les généalogies. Dans CosmoZ, on l’a évoqué, les grandes trouvailles du siècle, les morbides10, les « chouettes, [l]es brillantes, [l]es qu’il faut nettoyer souvent pour le plaisir »11, mais aussi la technique de dactylographie aérienne d’Elfeba ou encore la reconstruction des plus expérimentales du soldat Nick Chopper – surnommé « la Charpie » après sa reptation explosive dans une tranchée – traité par le Dr Huizard, rafistolant à tout va les mutilés comme on ferait en sorte que des épaves automobiles puissent passer sans encombre leur contrôle technique pour être encore propres à la circulation, mû par un motif économique réifiant les êtres – « allait-on laisser ces gueules ratées, ces unijambistes et ces manchots se tourner, hum, des pouces que très souvent ils n’avaient plus ? »12 – pour mieux les exploiter, dans l’intérêt de l’État. Mais évidemment, le grain de sable. Quelque chose échappe au scientifique, dérape, et Nick Chopper, rebaptisé « la Conserve », quart homme, trois quarts machine, ne finira pas ses jours à l’usine inaugurer les congés payés en rouillant sa carcasse sur une plage de Normandie, mais devient – sans le vouloir – récepteur d’ondes radio, habité par la voix fantomale de T.S. Elliot. Poésie contre industrie. Industrie tombe à l’eau. Les abîmés refusent le spectacle et se font la malle.

L’« insurrection des détails »13 se poursuit dans le domaine médical avec l’étrange tumeur de la langue du jeune L. Frank Baum – le futur créateur de l’univers d’Oz, donc – qui explose et infecte l’air comme une vesse de loup pailletée, et finira par réapparaître dans la bouche de Dorothy pour mieux la manger, cette enfant. Et chaque personnage de s’ériger en monstre pour interroger la normalité et ses diktats : Oscar Crow, par exemple, amputé de sa mémoire, a finalement une appréhension du temps sans doute plus subtile que la moyenne… Monstres et chimères animent ainsi tous les livres de Claro : Guilderstein l’homme-chien dans Ezzelina14, la borgne Nina de Livre XIX, ou encore Méduse – celle-là même dont la chevelure est un nid de serpents – dans Bunker anatomie15. S’y adjoint évidemment, la horde ozienne phénoménale, scène freaksienne s’il en est, lâchée dans le siècle des camps, chair à bourreaux, orpheline, victime, qui va de désillusion en désenchantement, avec son humanité, oui, son humanité – la notion semble déjà obsolète au XXe – pour seul bagage. « Ce sont là des couleurs trop violentes pour des hommes qui veulent croire que le monde restera sépia face à l’attraction des parcs et à la concentration des camps. »16

CosmoZ est une anti-féerie magnétique qui prend dans ses rets un lecteur qu’elle ne lâche plus, jouant de l’indistinction entre fiction et réalité pour mieux s’immiscer dans chaque pli vécu, dans chaque souvenir, crainte ou espérance. On la dévore à grands traits comme un poison au goût d’ambroisie. CosmoZ est un outre-monde infiniment fascinant, infiniment inquiétant. Il faudrait à la fois contempler la voûte lumineuse, considérer l’épopée dans son ensemble, et savoir s’arrêter à l’échelle d’une étoile, d’une phrase, en observer la mécanique précise, implacable, les jeux de miroir, l’horizontalité sémantique. Suspendons le temps et faisons-le, dévorons et dégustons CosmoZ tout à la fois, nous en avons le pouvoir, l’écrivain dit qu’il est en nous.

Les livres de Claro sont des mondes, ses cadences, des arias. Dans CosmoZ, il conserve son goût de l’invention typographique17 tout en atteignant – depuis Mille milliards de milieux – une autre dimension littéraire. Plus vaste, plus fédératrice. Pour la décrire, je tenterais volontiers une comparaison avec Glenn Gould et son « apprentissage de la lenteur », dans les Variations Goldberg, entre son interprétation de 1955 et celle de 1981, plus lente, faisant l’économie d’une virtuosité qui n’avait plus besoin d’être démontrée. Claro atteint cet accomplissement là avec CosmoZ, maîtrisant à la perfection chaque inflexion, sachant céder au plaisir du récit, peignant l’émotion à bras le corps, la cruauté sans parallaxe, tissant d’innombrables pistes, planquées en cheval de Troie, pour une lecture inépuisable, bifurquante. Une épopée du siècle déjà dernier – celui qui nous a vus naître, celui dont les mythologies incandescentes nous habitent – incontournable, bouleversante.

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Notes :
1- Le roman écrit en 1900 par L. Frank Baum est un classique de la littérature enfantine aux États-Unis, quant au film réalisé par Victor Fleming (sorti en 1939), il est l’un des plus grands succès cinématographiques mondiaux.
2-
CosmoZ, p. 48.
3- Ibidem, p. 350.
4- Ibid., p. 177.
5- Mais l’on vous assure qu’aucun animal n’a été blessé ou maltraité pour l’écriture de ce livre.
6- Ibid., p. 90.
7- Livre XIX, Verticales, 1997. Et puisque l’on parle de goût pour l’intrication histoires/Histoire, notons que dès
Insula Batavorum (Claro, Arléa, 1989), le personnage Moghilev apprivoise sa langue (mort-vivante) et son histoire à travers l’épopée du peuple batave au début de l’ère chrétienne – et sa défaite face à l’Empire romain.
8-
Livre XIX, p. 59.
9-
Chair électrique, Verticales, 2003, p. 11.
10- « Et la colère de Dieu n’est plus qu’une allumette. » (
CosmoZ, p. 492.)
11- « Des armes », poème de Léo Ferré interprété par Noir Désir.
12-
CosmoZ, p. 173.
13- Ibid., p. 218.
14-
Ezzelina, Arlea, 1986.
15- Verticales, 2004.
16-
CosmoZ, p. 364.
17- Très présente dans
Chair électrique et Mille milliards de milieux (éditions Le bec en l’air, 2010).

CosmoZ, Claro, Actes Sud, 496 pages, en librairie le 18 août 2010.

mardi, août 03, 2010

Douce France

C’est un hexagone qui atteint 671 000 km2, son littoral s’étend sur 8245 km. Une merveille écologique, un catalogue de paysages, des falaises bretonnes aux massifs alpins, des campagnes verdoyantes à l’île de beauté, et même de l’outre mer avec du climat tropical. Une histoire avec de la fleur de lys, de la bataille rutilante, du héros national, du patrimoine. Une perle européenne où il fait bon vivre, que l’étranger nous envie. France, terre de culture, de bonne bouffe, de raffinement. Baguette de pain, hôtels de charme, châteaux de la Loire, confit de canard, et Code pénal. Oui mais voilà. Vous la sentez, cette pesanteur qui s’abat sur nous depuis quelques années ? Vous sentez cette honte d’observer chaque jour un peu plus la liberté, l’égalité, la fraternité bafouées ? Les Lumières à la cave, la muséification délétère, l’oubli des valeurs, la création considérée comme un passe-temps superfétatoire. Vous aussi vous pleurez bêtement en regardant des CRS violenter des familles sans logement ? Et puis ensuite vous vous étouffez tout aussi bêtement dans vos pleurs, animé d’une rage impuissante ? Muselé par l’impuissance. Le dégoût, la résignation, sont votre quotidien. Vous travaillez plus pour gagner moins. Vous avez peur, l’hiver, de croiser les regards de ceux qui dorment dehors, vous vous dites mais pourquoi ne trouve-t-on pas de solution ; vous vous dites et si c’était moi, si je déconne, si quelque chose déconne, ça peut être moi ; vous êtes secoué d’un frisson et vous accélérez le pas ; vous comprenez que si on ne trouve pas de solution, c’est pour que vous ayez peur et que vous marchiez droit, que vous fassiez tout pour ne pas finir à la rue, comme on laissait les pendus se balancer aux coins des rues au Moyen Âge. Vous rêveriez de soulever des montagnes, vous arrivez à peine à vous lever le matin. Vous voudriez partir au bout du monde soulager toute la misère du monde, vous n’avez même pas la constance d’agir à votre porte. Vous fantasmez des idéaux et vous ne parvenez pas à en soutenir l’intensité. Vous restez interdit, suspendu dans la fange. Vous êtes outré de voir partir des charters. Vous êtes choqué de constater qu’on institue un outrage au drapeau, plein de sang dans le bas et de ciel dans le haut, alors que n’importe quel citoyen peut être maltraité à tout moment par une police toujours plus puissante. Vous avez une carte d’identité et même un passeport, vous avez eu la chance de l’obtenir sans difficulté, étant français de parents français. Vous êtes soulagé de ne pas avoir eu de difficulté à obtenir votre passeport. Vous avez une carte électorale, que vous utilisez docilement à chaque élection, vous votez même utile, quand il le faut, souvent avec un haut-le-cœur. Vous écarquillez les yeux quand vous entendez nationalité et déchéance. Vous n’y croyez pas trop, mais vous avez bien entendu. Vous n’avez pas la force d’y croire, vous avez déjà avalé tant de couleuvres. Vous regretteriez presque Giscard et Chirac. Vous n’êtes pas du même bord politique, mais vous n’aviez pas honte d’eux. Le dégoût colle, l’écœurement se respire. Vous évoluez dans un cirque d’indignité, vous faites la roue, vous trébuchez, vous vous relevez, époussetant les compromissions. Vous vous sentez infiniment vieux alors que vous ne l’êtes pas… comment les choses ont-elles pu dégénérer aussi rapidement ? Vous vous demandez si cela va changer un jour. Vous vous dites qu’il faut que cela change, un jour, et vite. Vous espérez une énergie, une synergie, quelque chose. Vous pensez aux dictatures, aux blessures de l’Histoire, et vous vous demandez comment vous pouvez vous laisser atteindre par cette chape infâme aux habits de redressement économique alors que vous marchez librement dans la rue, alors que votre vie n’est pas menacée ; vous en êtes gêné. Vous vous pensiez plus fort que ça. Mais ça s’insinue, insidieusement, ça ronge. Vous ne vous sentez pas à la hauteur du défi. Vous devez être à la hauteur, pourtant. Oui, vous.


Ajout du 28 août :