lundi, octobre 29, 2007

À Chaumont, tout est bon

Dans le cadre de sa résidence à Chaumont, haut lieu du graphisme, Fanette Mellier a invité plusieurs écrivains : Céline Minard, Éric Chevillard, Louis Watt-Owen, Manuel Joseph et moi, à écrire des « livres bizarres ». Il ne s’agit pas de créer une collection dans laquelle se fondraient des textes mais d’imaginer une forme, des caractères, des textures pour chaque texte. La mise en page, la typographie ne sont plus des supports mais font partie intégrante de la création, de l’écriture.

Le premier – sublime ! – livre venant de paraître est celui d’Éric Chevillard : Dans la zone d’activité.









Édition : Pôle Graphisme, Les Silos/Éditions Dissonances
tel 01 43 25 89 05 alain.planchon@wanadoo.fr


À chaque publication, des manifestations (vernissage, lecture, concert…) seront organisées à Chaumont.

De plus amples informations sur le site de Fanette Mellier – auquel j’ai emprunté les illustrations présentes.
N’hésitez pas, également, à me contacter pour en savoir plus – où trouver les livres, quand paraîtront les prochains, la recette de la tarte Langres/pommes de terre, etc.

Vous pouvez, ici, télécharger en PDF les notes d’intention du projet.

>> Ajout du 5 décembre 2007 : je parle du livre d'Éric Chevillard et du projet de Fanette sur Libr-critique, invitée par Philippe Boisnard & Hortense Gauthier :

dimanche, octobre 28, 2007

« I’m in love with life »



Parfois, et ce sont des moments de grâce, on ne se pose pas la question de ce qu’on entend. On sait que cela touche au sublime, que tout est là. C’est ce que j’ai ressenti en voyant Laetitia Shériff sur scène, à Vendôme. Ce que j’ai ressenti en écoutant son album Codification, composé avec Olivier Mellano & Gaël Desbois du groupe Mobiil.



Comme tout le monde, pour tenter de raisonner en termes de comparaison, j’ai parlé de P.J. Harvey (dont le dernier disque, White Chalk est, soit dit en passant, une pure merveille ; je cherche en vain sur quel drôle de piano elle peut bien jouer) en songeant à l’oxymore de ces voix-là : le timbre à la fois puissant & fragile, la richesse vocale s’exprimant dans le plus grand dénuement. Une palette immense qui se déroule sans virtuosité, avec émotion, cœur mis à nu sur scène dans le simple appareil de son affect et de sa générosité. Mais il est évident que Laetitia Shériff est Laetitia Shériff et c’est tout, et je suis stupéfaite de ne la découvrir qu’aujourd’hui et qu’on ne parle pas davantage de cet univers immense de la scène française. Je suis sûre que la sortie de son prochain album changera les choses.

Codification plante dès son titre la notion de série, de classification. La chanson éponyme laisse à penser qu’il s’agit d’une codification sociale, la façon dont le monde qui nous entoure s’organise d’après des valeurs déshumanisées, le pivot en étant l’argent. « … Awake me, take me… But don’t encase me in your codify. » Il s’agit évidemment de cela et d’un engagement dans la vie (« I’m in love with life »), d’une singularité à chaque note, à chaque inflexion. Dans son « Can’t you hear me », je ne peux m’empêcher d’entendre, en chœur lointain, le « can you hear me now » de Shellac, hurlé. Les pétales de roses artificielles chuchotent dans les rues, pleurent, et atteignent le ciel (« Roses ») ; l’étalage du boucher (« The Butcher’s Shop ») montre des cœurs saignants, toute une panoplie d’organes en vanités à penser.
Mais la « codification » série aussi les sentiments. S’il y a célébration de la singularité de l’individu, elle s’exprime dans le lien (« … binds… ») et tout particulièrement le lien amoureux (« for ever »). L’humain est cœur et ventre et bras. L’humain est de chair qui vibre et ressent (« like a thousand fishes swimming inside me » in « Aquarius »). L’humain est humain en tant qu’il aime et qu’il accepte l’extrême vulnérabilité dans laquelle le plonge cet amour, qui est sans pourquoi, qui est sans mesure, qui est absolu. L’être est cet à-pic là, aux bords des larmes et du vide de la souffrance. Ainsi l’amour pour un enfant à qui on chante doucement qu’il a le droit de pleurer (« Baby Man »), qu’il en a le pouvoir. Ainsi l’amour pour un père absent (« The Date »), blessure à vif et colère et manque. Ainsi les mots de Yeats, aussi, dans « That Lover », de la terre, morceau de nuit bruissant, au ciel qui contient tout.
« Lord teach me how not to lose you… » sont les derniers mots de l’album.

Toutes les paroles – mis à part le poème de Yeats – sont écrites par Laetitia Shériff. Vous pouvez entendre des extraits de Codification sur son site (pas mis à jours concernant les actualités, se reporter davantage à sa page myspace.)

Déjà une vieille conne



... ce n'est pas que j'ai particulièrement quelque chose contre le fluo...
- il paraît qu'ils ne se droguent même pas...

vendredi, octobre 26, 2007

La joie des répondeurs

... ce qui rappelle bien des aventures avec la SNCF, ou FREE, ou... vous voyez, quoi...



Merci à LaureMa pour le lien !

mercredi, octobre 24, 2007

"Le petit chat est mort"



C’était le plus gentil chat du monde et le plus beau, aussi. Le matin, il miaulait dès qu’il entendait que j’étais réveillée et il s’amusait à une drôle de chorégraphie, dans mes pas ensommeillés, jusqu’à la cuisine où il réclamait pour le simple plaisir de réclamer. Avec de très étranges miaulements pour un Persan. Mélodiques, parfois disgracieux, toujours très drôles comme des complaintes capricieuses. Puis il me suivait dans la salle de bains car il adorait l’eau, il traquait les gouttes dans la baignoire ; et quand, sac en main, il me sentait déjà ailleurs, il allait voir Emmanuel pour recommencer le même rituel du matin qui finissait en long câlin sur le lit. Moi je sortais en général pleine de touffes rousses et on se disait qu’il faudrait finir par en faire un pull, de toutes ces touffes. Je faisais des crises de jalousie à Emmanuel car j’avais l’impression qu’il était davantage câlin avec lui mais comme tous les chats, Alphonse cultivait un opportunisme pratique, j’étais rarement à la maison, disponible, et quand c’était Emmanuel qui partait pour quelques jours, il était triste de retrouver Alphonse filant le parfait amour avec moi et le snobant un peu. On avait quelques divergences avec les diminutifs, Emmanuel et moi. Moi, j’étais pro Alphonse, voire Phonphonse. Emmanuel aimait bien Chouchou voire Chonchon. Il a également connu, grâce à Émilie, du Phonphonse-pue-lap’ les jours où on était un peu négligents sur son toilettage de Persan. Inutile de préciser que ce chat était donc le roi et qu’on se disputait son attention, tout comme les amis qui venaient nous voir se disputaient une brève visite du gros chat roux sur leurs genoux – mais il n’aimait pas rester sur les genoux, Alphonse. Il était plutôt maladroit (euphémisme) et trop paresseux pour être joueur mais il était fou d’un jouet que lui avait confectionné Céline Dancart avec un papier de paquet de cigarettes. Il le traquait, au bout d’un fil, comme une proie, et le mâchonnait en miaulant comme s’il s’était cru lion dévorant une antilope. Alphonse était très tranquille et passait de longues heures, le dos sur le parquet, ventre à l'air, les quatre pattes écartées dans l'attitude de la plus grande confiance, aux quatre coins de la maison et même, parfois, en plein milieu d'une pièce. Il fallait alors l'enjamber pour passer et il ne bronchait même pas et il poursuivait ses doux rêves jusqu'à ce que le bruit de l'ouverture d'un emballage de jambon ou d'un pot de yaourt ne le réveille. Il était fou des yaourts allégés à la pistache et de l'huile de foie de morue. C’était un chat très sociable avec les humains, il restait parmi les convives pendant les fêtes ; il aurait bien aimé être sociable avec les félins aussi mais ceux-ci ne l’aimaient guère car c’était une crème de bestiole (Maïa disait qu’il était « différent » en riant) qui ne comprenait pas grand chose aux codes de son espèce et courait sans cesse le risque de coups de griffes et de miaulements peu sympathiques. Il aimait le piano, la guitare mais était terrorisé de m’entendre chanter, il pensait que c’était un cri de douleur. Il se mettait alors à miauler très fort et cela faisait une drôle de polyphonie. Il aimait le soleil, la pluie, et tentait d’attraper les mouches et les mites – heureusement, quelques unes, mal en point succombaient à ses gestes approximatifs. Alphonse vient de mourir d’un arrêt cardiaque alors qu’on tentait de soigner une cystite qui avait dégénéré en calculs rénaux. Il n’a pas supporté l’anesthésie. C’est la vie. Je sais que c’est la vie, la mort. La mort des humains, la mort des animaux, je sais, oui. Mais je tenais à écrire ce texte brutalement sentimental, en rentrant de la clinique vétérinaire, ce texte pas relu d’enfant de dix ans, et vous l’offrir, vous qui aviez croisé Alphonse sur ce blog et ailleurs, car j’adorais ce chat, qui faisait partie de ma vie. Je voulais lui dire aurevoir, avec Emmanuel, Nathalie et tous nos amis qui aimaient la drôle de tête sans nez, la grosse touffe de poils roux toute douce dont je garderais toujours le souvenir heureux d’un compagnon fidèle qu’on aurait aimé choyer plus longtemps.











lundi, octobre 22, 2007

D’un V qui veut dire Verneuil mais aussi Vendôme


portradium & Véronique Levy lisant Daniel Foucard, Galerie Léo Scheer
Photo © Corinne, de Litote en tête


J’ai déjà évoqué brièvement la soirée anniversaire de la collection Laureli à la Galerie Léo Scheer sur le blog des Éditions, Corinne en a parlé aussi et a pris quelques photos. C’était un grand moment de rencontre entre les auteurs et avec leur public venu nombreux malgré les grèves. Une soirée qui manifeste à quel point la création littéraire est sans frontière – loin de l’image de l’auteur qui toussote son livre en mains –, les arts peuvent dialoguer entre eux. La ligne serait celle-là : investir les formes, toutes les formes, faire entrer poésie, musique, théâtre, biographie… dans le roman pour le bruisser de l’intérieur. Tout cela non pas – non plus ? – dans une de provocation à –ismes ou de déconstruction ; une logique déceptive pour le lecteur/récepteur. Mais dans un mouvement qui l’implique avec pour notion clef : la tension, le plaisir – lui aussi polymorphe – du texte.


Olivier Mellano, Laure Limongi & Emmanuel Tugny à Vendôme
Photo © Jean-Claude Bourdais


Samedi, nous lisions avec Emmanuel Tugny & Olivier Mellano, à la guitare, à Vendôme, dans le cadre du Festival Rockomotives que je recommande vivement. Jean-Claude Bourdais – qui avait bravé kilomètres et froid naissant pour venir nous voir – & François Bon en parlent.
Un grand moment de bonheur. J’y ai découvert de formidables musiciens que je ne connaissais pas et entendu en concert certains que je ne connaissais que par leurs disques. Et rencontré un public hip hop, rock... qu’intéressait le rapport aux textes (de livres) lus sur scène, entremêlés, improvisés, liés à la musique d’Olivier.

Parmi le foisonnement talentueux de ce long concert, je citerai une découverte, (shame on me de ne l’avoir entendue avant) Laetitia Shériff, dont je suis immédiatement et inconditionnellement fan. Je vous recommande son premier disque. Le prochain sort dans peu de temps et sera une absolue merveille. Je n’aime pas les comparaisons, mais on pourrait dire que quelques inflexions de sa voix font penser à P.J. Harvey ou Karen Dalton.
J’ai entendu Psykick Lyrikah (= Arm & Olivier Mellano), également, grands textes, présence, émotion.

dimanche, octobre 21, 2007

Autoportrait d'Édouard Levé

... je retrouve cet article que j'avais écrit sur Autoportrait d'Édouard Levé et qui était paru dans La Revue Littéraire. Je ne crois pas que je l'avais ensuite posté ici - mais mes titres sont souvent si peu descriptifs que je n'en suis pas sûre... Le voici donc, tel qu'écrit à l'époque.


Une jaquette écran façon miroir noir, laissant deviner en pointillés blanc les contours schématisés d’un visage, comme éclairé par moitié. On ne perçoit pas le regard. Juste un squelette de chair émergeant de cette zone d’ombre glacée. Le contraste n’a pourtant rien de sévère. Les signes sont trop évidemment soulignés pour être univoques, bien sûr. Le contact glissant, presque « toile cirée » ou vinyle de la jaquette dément le noir et blanc. La quatrième de couverture – résumant par citations du début à la fin la totalité du livre avec ellipses, évidemment factuelles – nie l’accent monumental qu’aurait pu suggérer l’exposition centrale du visage, dans une trombe tragique et amusée, les 128 pages à venir n’en étant qu’une répétition-variation, en somme. Rien ne pourrait sembler plus anodin et plus sérieux à la fois. L’écart des signes, la distance, le jeu avec les genres et les passages obligés. Autoportrait. Titre pictural pour une entreprise verbale sérielle dont on devine déjà qu’elle sera systématique, d’une sobriété un brin baroque, sans effet arrêté ni asséné – surtout quand on triche un peu, ayant déjà lu Œuvres et Journal , et connaissant certaines œuvres d’Édouard Levé et le trouble sans incandescence – comme refroidi – qu’elles suscitent.
Inutile de préciser qu’on est loin de l’abondance de « je » et de « moi », d’un narcisso-show pompier, de confessions intimes vibrantes, de détails croustillants, d’anecdotes plaisantes, de révélations sexuelles, politiques, de confessions, de généalogies, de comptabilités sentimentales... tout en étant en plein dedans, justement – abondance de « je » et de « moi », narcisso-show, confessions intimes, détails croustillants, anecdotes plaisantes, révélations sexuelles, politiques, confessions, de généalogies, comptabilités sentimentales… – en forme de sujet/verbe/complément enchaînés, inlassablement. Telle est la chorégraphie risquée et accomplie de cet objet hybride.

Tentative d’épuisement du sujet, répétitions, succession non hiérarchisée d’éléments tour à tour émotionnellement denses ou anecdotiques, Autoportrait s’affirme comme un instantané qui jouerait à l’exhaustivité sans y croire vraiment, entre un sourire complice de Perec et la conscience inquiète d’appartenir à une histoire, tout en affirmant néanmoins sans détour « Quinze ans est le milieu de ma vie, quelle que soit la date de ma mort ». Le « je » s’amuse de lui-même, s’inspecte, se souvient, mais de page en page, il se déplace, de redites en menues contradictions. « Tout ce que j’écris est vrai mais qu’importe ? » (p. 113), « même si c’est vrai c’est faux » ou « à la recherche de la vérité-chiqué », c’est dans ce battement paradoxal que s’insinue le « style » d’Édouard Levé, qui justement, n’en est pas un...

Le ton se veut mesuré, sans pic ni vertige, évitant les effets de manches stylistiques, en-deça du spectaculaire. L’enchaînement semble aplanir la charge émotionnelle tout en la révélant ; le propos incarné comme à distance. En fait, il touche au vif, sans gesticulation d’un timbre qui serait l’essence même de l’atone. Une couleur de la non-couleur, à laquelle attribuer des noms changeant : beige, gris... Il se s’agit pas de créer une langue pour sa vision du monde mais de révéler les aspérités de l’existence et son insistance quotidienne par une vision épousant les formes en les évidant, d’un mouvement manifeste.

Ce n’est sans doute par un hasard si Œuvres décrit de nombreux projets de maisons déviées, fantasmées, aux fondations plus ou moins biaisées, à la fonctionnalité détournée, comme une obsession de structure à revisiter sans cesse. Une histoire – légende, héritage, croyance – à habiter en y imposant ses marques, au sein même de règles établies. Édouard Levé n’invente pas une langue, il habite la langue, se love dans ses réflexes. « Je suis plus intéressé par la neutralité et l’anonymat de la langue commune que par les tentatives des poètes de créer leur propre langue, le compte rendu factuel me semble être la plus belle poésie non poétique qui soit. » (p. 59)« J’aimerais écrire dans une langue qui ne me soit pas propre. » (p. 122) On pense également à un autre projet d’Œuvres : réécrire La Recherche avec une syntaxe conventionnelle... Ou encore à la vie de Jésus, revisitée par Edouard Levé (Autoportrait, p. 107) : « Une femme adultérine parvient à faire croire à son mari qu’elle a été fécondée par Dieu, elle rend fou son fils avec cette histoire en laquelle il croit, il part sur les routes annoncer la bonne nouvelle et en meurt. » Et paf ! le chien ... Que dire de plus une fois qu’on sera parvenu à gratter le vernis des illusions, à n’inscrire que les faits saillants ? Du sacré magnifié à la pesanteur un peu écœurante de la réalité, « Lorsque j’arrache un pansement, je suis excité par l’effet de surprise : la croûte viendra t-elle ? » (p. 49) Ôtées les dorures, les boursouflures, le sujet se dessine. De même le « je » qui s’affiche en Autoportrait est-il à la fois éminemment singulier et éminemment proche de tous les autres « je » lecteurs à histoires, traversant les étapes obligées d’une vie : « L’ode au verde » ou les choix sociaux, politiques (écologie ? humanisme ? indifférence ?) ; « Rêve de l’ado U », les aspirations, les rêves ; « Elevé au Drod », l’éducation, l’enfance, les relations familiales ; « Rue de Lovade », les lieux de vie, les voyages ; « Ed roule Dave », les relations sociales, sentimentales, les mensonges révélés, les trahisons, les serments...

Il est rare de concilier ainsi l’exigence d’un projet esthétique au concept aussi serré et le plaisir immédiat, presque sensuel, d’une langue qui ne se vautre pourtant pas – justement – dans ses effets... Édouard Levé y parvient avec une acuité nonchalante, un brun dandy. En plus on apprend beaucoup de choses sur sa vie sexuelle, ses habitudes alimentaires, ses phobies, la texture de sa peau, sa région d’origine, sa fascination pour la folie, son rapport à l’argent, à la religion, ses goûts musicaux, sa façon de se laver les mains dans les toilettes publiques... & lorsqu’on a soi-même pris pour argent comptant Suicide mode d’emploi et La Vie mode d’emploi, on ne peut que suivre la mise à nue systématique d’Édouard Levé, du regard calme d’un chirurgien qui aimerait l’ambiance des peep-show, sans contraste…


Autoportrait, Œuvres et Journal d'Édouard Levé, parus aux éditions POL.

Le temps de, je ne sais pas

J’ai appris, la semaine dernière, la mort d’Édouard Levé et comme pour toutes les personnes qui le connaissaient, ça a été un grand choc. J’ai hésité à écrire – à poster – immédiatement quelque chose et puis non. C’était entre nous ces mots-là, les mots qui sont apparus à ce moment-là. De par sa disparition programmée, Édouard s’est fondu dans son système. Radicalement, monstrueusement, abruptement. Il reste mon discret ami, qui manque, comme me manquent d’autres amis arrachés, s'arrachant à la vie.

dimanche, octobre 14, 2007

classical covers (1)

par EMMANUEL RABU

1/ Avec celui des Simpsons, le générique de Weeds est un des rares à proposer un élément de suspense : l’interprétation différente du Little boxes de Malvina Reynolds.

2/ On sait que ce n’est ni la qualité du morceau de départ ni le génie du repreneur qui détermine le résultat ; du sublime (Scott Walker reprenant Jacques Brel) au pire, en passant par le relativement anecdotique (Goodbye 20th Century de Sonic Youth),

3/ Gainsbourg est sans doute l'un des artistes français les plus repris, Je t’aime moi non plus a été interprété par Bourvil et Jacqueline Maillan, Donna Summer, Einstürzende Neubauten, Genesis P-Orridge ou Barry Adamson.
Dans la masse des tributes, hommages, reprises etc., il y a beaucoup de déchets (même l’album chez Tzadik avec pourtant une partie de la crème expé, n’est pas entièrement enthousiasmant), très exceptionnellement une réussite (Lemon incest par Vive la fête, mais bon, je ne suis peut-être pas très objectif…)

4/ Noir Désir a été particulièrement inspiré avec Volontaire de Bashung (avec Bashung himself) et en reprenant/créant Des armes de Léo Ferré.

Etc.

Baby’s on fire

Ce morceau (culte) de Brian Eno, provient de son premier album solo Here Come The Warm Jets et a fait l'objet de nombreuses interprétations, en voici 6.
Deux par Eno, l’originale et celle du live June 1, 1974.
Deux par Superpitcher (Kompakt, Cologne, le musicien de la scène électro minimaliste allemande que je préfère).
Une excellente du groupe belge Absolute body Control, enregistrée en 1981.
Et une autre par The Creepers (Mark Riley ex membre de The Fall).


la version originale par Brian Eno, 1973



la version de June 1, 1974, album live de Kevin Ayers, John Cale, Nico et Brian Eno, sur lequel jouent également (sur certains morceaux) Mike Oldfield et Robert Wyatt.


Absolute body control, 1981


The Creepers, 1986


Superpitcher, 2004


Superpitcher (club mix)

John the revelator

John the revelator est un morceau de Blind Willie Johnson qu’il a enregistré en 1930, c’est un classique de la folk américaine repris de très nombreuses fois dont par Frank Black, REM ou par les Blues brothers….
Son House en a fait une version a cappella dans les années 60.

Dans leur dernier album Playing the angel, Depeche Mode en fait une nouvelle version (paroles et mélodie différentes).


Blind Willie Johnson, enregistrée en 1930, c’est la première version, c’est madame Johnson elle-même qui répond à BWJ


la version de Son House, année 60


une prise alternative par Son House


Hugo Race & the True Spirit


Thee Headcoats


Nick Cave


une version live péchue et très pixisienne par The White strips


la version de Depeche Mode, from Playing the angel, leur dernier album

Summertime

/ de reprises ou de déclinaison d’interprétations, il y a un (sinon LE) morceau emblématique, c’est Summertime de Gershwin (Porgy and Bess, 1935).
Selon Wikipédia : « Un regroupement de collectionneurs d’enregistrements de Summertime affirme avoir recensé 8.764 versions et au moins 20,415 exécutions publiques. »
En voici 8 remarquables + 1 par le supergroupe (de reprises) Me first and the Gimme gimmes.


Gershwin, 1951


Ella Fitzgerald et Louis Armstrong, 1957


Miles Davis, 1958


John Coltrane, 1961


Albert Ayler, 1963


The Zombies, 1965


Janis Joplin, 1967


Me first and the Gimme Gimmes, 1999


John Fahey / c’est l’un des derniers morceaux qu’a enregistré John Fahey (en 2000-2001) et qui figure sur son dernier album (posthume) Red cross

mardi, octobre 09, 2007

Lorsque j’étais petite, j’apprenais mes leçons, en chanson

… c’est sans doute pour ça que j’ai du mal à en recevoir lorsqu’elles sont infondées et énoncées sans la moindre subtilité rhétorique.
Si une petite déprime vous guette – « je suis nul(le), je suis partial(e)… », vous voyez, ce genre de choses – gardez cet article en lien permanent et jetez-y un œil, ça fait du bien.

Parmi les réponses à ce « troll », celle de Sylvain Courtoux, ci-dessous (cliquer sur l’image pour l’agrandir).

jeudi, octobre 04, 2007

rose Côte d'Azur

Il y a des façades aveugles et roses et ocres qui regardent la mer, qui sont posées là en grandes carcasses piquées de palmiers.

Et la mer, en face, est un calme plat. Est une surface de métal fondu, si belle à voir. Si monstrueusement belle à voir. Magnétique, hypnotique. Un animal endormi prêt à se déchaîner. Une peau habitée, sans le montrer. Quelle que soit la saison, parfois, un tuba en dépasse et on l’entend respirer.

Sur ses bords nichent les Toutou, les Nounou, les Doudou, les Rourou. Chez Toutou, chez Nounou, chez Doudou, chez Rourou. On est trop vieux alors on accepte, au soleil, de retomber en enfance, de bégayer, de dire oui aux transats, aux parasols et à l’orange pressée. Et les machines à sous font houhou ! Chez Toutou, chez Nounou, chez Doudou, chez Rourou. Et le train file, sans s’arrêter.
Parfois, aussi, un toit vert.

Les façades, visages immobiles, la mer, plateau labile, immobile, le duel est acharné quoique silencieux. En armées shortées, à tongs inoffensives. En épuisettes et rose. En migrations et marées. Mais la mer ne parlera pas. Non, elle ne dira rien et surtout pas à ceux-là. De toute façon, ils sont cuits. On connaît déjà la fin de l’histoire. Reste, toujours, le miroir liquide pour rapporter les traits décochés, les conquêtes sablées, les défaites au fil du courant. Reste le miroir qui, reflétant, ne s’engage à rien, a pour lui les rochers flattés. Pas besoin de catapulte, pas besoin de tactique ou de bactériologie sournoise, c’est lui, le vainqueur, c’est elle. On ne se baigne pas deux fois dans ses eaux.

mercredi, octobre 03, 2007

Parce que le 18 octobre, notez

... à partir de 18h30, c'est la soirée LAURELI, Galerie Léo Scheer, avec :

Claire Guezengar, Ouestern

Béatrice Cussol, Sinon

Tarik Noui, Serviles Servants

Bastien Gallet, Une longue forme complètement rouge

Jérôme Gontier, Continuez

Emmanuel Tugny, Corbière le crevant

Daniel Foucard, Cold

& leurs invités :

Olivier Mellano, qui accompagnera à la guitare Emmanuel Tugny

Véronique Levy qui lira des extraits du prochain livre de Daniel Foucard
& Port Radium qui accompagnera la lecture de Véronique Levy

Présentation : Laure Limongi


Galerie Léo Scheer 14 rue de Verneuil 75007 Paris


.... allez, vous ne pouvez pas rater ça ! (On boira du bon vin.) Il y a tellement d'autres possibilités en dehors des transports en commun...

Toujours une idée à la con d'avance



(cliquer pour agrandir la capture d'écran)


Je hais la SNCF. Leur site marche une fois sur deux et cette fois là tente de vous empapaouter une fois sur deux également en changeant artibrairement les dates de départ ou d'arrivée - et avec un Prems, imaginez le désastre... Les prix pratiqués sont HONTEUX, c'est féodal cette affaire, on devrait rougir par rapport aux autres pays européens. Et je ne parle pas des sandwichs qui restent collés au palais au prix du foie gras. Les gens qui travaillent à la SNCF sont, en revanche, souvent gentils - c'est ce qui doit éviter des jets de cocktails molotov sur les comptoirs de la firme.

Dans la série cette semaine, les Poissons natifs du 21 février ont la scoumoune (si vous avez des témoignagnes...), la SNCF fait également grève le 18 octobre. ça aurait pu être le 17, ça aurait pu être le 19, ça aurait pu être n'importe quel autre jour, non c'est le 18...

mardi, octobre 02, 2007

Mon amie Martine



Une amie m'envoie toute une série de ces Martine(s) hilarantes - davantage que les originales qui me collaient de drôles d'angoisses. Emmanuel me dit ensuite qu'un article à leur sujet est paru dans Libé et qu'on peut tout voir ici.
Enjoy !

lundi, octobre 01, 2007

Manosque côté scène

... C’était bien ! Un festival très fréquenté, une organisation parfaite, beaucoup de rencontres et tout autant de lectures en perspective.
Débarquant avec ma guitare sur le dos, je n’ai pas été reconnue, de prime abord, par l’organisation – il semble y avoir une inadéquation écrivain-directeur de collection/guitariste – mais non, je n’ai pas donné dans la performance sauvage, je n’ai pas gagné entre la Place Marcel Pagnol et la Place de l’Hôtel de Ville de quoi rapporter quelques Banons et pots de miel de lavande, c’était juste pour traîner des médiators dans mes poches (frimeuse) et jouer samedi matin à Digne-les-bains par une température de 10° (le deuxième effet mistral) avec Nathalie Quintane & Stéphane Bérard. Un live pour leurs chats.
Vendredi après-midi, belles lectures d’Hélène Bessette par Florence Giorgetti & Michèle Lesbre (qui vient de publier Le Canapé rouge, que j'ai déjà évoqué), avec un public passionné. C’est toujours émouvant. De voir qu’Hélène Bessette trouve enfin son public. Et je ne répéterai jamais quelle chance c’est de participer à cette redécouverte – ce n’est pas Julien Doussinault, travaillant ardemment à sa biographie prochaine, qui me contredira. Céline Minard a lu des extraits du Dernier monde dont j’ai déjà parlé ici et Raymond Federman, des extraits de plusieurs de ses textes. Voilà pour les personnes connues, que j’appréciais déjà, avant de les revoir sur scène. J’ai également découvert avec intérêt une lecture(-performance ?) de son dernier livre par Olivia Rosenthal et Robert Cantarella, je vais donc me ruer sur On n’est pas là pour disparaître que je n’ai pas encore lu ; Emmanuelle Pagano dont j’avais lu et apprécié Les adolescents troglodytes portait des chaussures de marches très enviées (la rolls de la chaussure de marche mais j’en ai déjà oublié la marque… et sa petite pointure 36 l’a protégée des convoitises…), j’aime beaucoup sa voix fluette et son accent, disant son texte ; Lola Lafon & Leva, dont j’adore l’énergie et que j’aime beaucoup tout court sans vraiment la connaître mais c’est ainsi, parfois, on sait – je n’ai pas encore lu son dernier livre, De ça je me console… ah la la, j’en ai des lectures en retard ! (Vite, vite Patrick, un souhait pour m’aider… pas de pluie, s’il te plaît) ; le film de POL, enfin, Sablé-sur-Sarthe, Sarthe, avant de repartir dimanche. J’ai évidemment raté beaucoup de choses, volontairement et involontairement (la faute à la soupe au pistou, au vin du mont ventoux, aux discussions…) Bref, une vraie colonie de vacances avec plein de gens sympathiques – de toute façon, à trente ans, on ne voit plus les gens antipathiques, non ? – des gens sympathiques parmi lesquels je n’ai cité que les écrivains invités mais il y avait aussi Nathalie Quintane (voisine), Sonia Chiambretto (voisine aussi) et son immense sourire qui réchauffe les places même par temps de mistral, des libraires (j’ai notamment enfin rencontré une des libraires du Bleuet de Banon dont on parle tant !), des directeurs de revue, des programmateurs… Vivement l’année prochaine.

Manosque côté coulisses



... avant d'en parler plus en détail, mais quand ?
(quelle course !)

J'aime les chambres d'hôtel - je sais, je sais, nous sommes nombreux à partager ce goût.