mardi, juillet 25, 2006

dimanche, juillet 16, 2006

Il n’y a pas de temps ; il y a.

« Tout ce qui est mental est réel.

Cher Peter,
Quelle merde que ta nouvelle petite amie ! Elle ment comme elle respire, parce que sa peau est jaune de jaunisse, non parce qu’elle est chinoise comme elle le prétend. Elle est jolie seulement parce qu’elle porte un masque. Tu es accro à son petit con étroit : ce n’est qu’une attirance sexuelle je sais que tu es très attiré par le sexe parce que quand tu étais jeune tu étais gros et qu’aucune fille ne voulait baiser avec toi. Ce que tu ne sais pas c’est que ce con contient pas mal de poisons – pas seulement la jaunisse – mille fois plus puissants que la coke dont elle te nourrit pour que tu restes avec elle – surtout un poison létal créé par le célèbre Fu Manchu qui attaque les pines, fait devenir pourpre leur moitié supérieure, cramoisie leur partie inférieure, rend aveugles les yeux en sorte qu’ils ne peuvent plus voir ce qui se passe, et la personne meurt. Ta nouvelle petite amie est cinglée et elle est en train de t’empoisonner.
Affectueusement,

Rosa

P.S. : Je ne te dis cela que pour ton propre bien.


Cher Peter,
Je te veux humide. Je veux que tu dégoulines partout sur moi. Je ne te veux que pour la baise. Une fois que je serai sûre de pouvoir t’avoir, il se peut que je t’ignore je sais que ce serait très stupide. Alors je te désirerai tellement que j’imaginerai des manières plus subtiles et plus longues de me suicider que toutes celles – comme la lobotomie, tout le monde dans ma famille y passe, moi robot à la chair faite d’acier – que j’ai essayées ces deux dernières années depuis que tu m’as quittée. Notre liaison est la plus torride qui ait jamais existé et je raconte à tout le monde qu’il en est ainsi. La sexualité physique n’a rien à faire avec les relations amoureuses. Les relations amoureuses existent quand chaque personne peut agir à sa guise et quand l’autre comprend que le comportement le plus incroyable est habituel.
Affectueusement,

Rosa

L’état graveleux des choses à venir


Cher Sylvère,
C’est bien fait pour toi. Je t’avais dit que cela allait arriver. Maintenant que j’ai passé la nuit dernière à baiser avec toi, je suis amoureuse de toi. J’écris ces quelques lignes pour te donner des nouvelles et les nouvelles ne sont pas bonnes. Il y a quelques minutes les flics m’ont arrêtée pour avoir volé un exemplaire de SEMIOTEXT(e). Tu ne cesses de m’expliquer comment tu comptes rendre le terrorisme italien à la mode : mon cul ici à New York ne vaut-il pas un liard pour toi contre chaque cul de terroriste italien là-bas ? Je crois que tu devrais être gentil avec moi parce que je ne suis qu’une petite fille sans défense. Alors je t’en prie essaye d’obtenir la permission de venir me voir et apporte-moi des sous-vêtements. Apporte ton chat car j’ai besoin d’affection et que tu n’as besoin de rien. Comment vas-tu ? Chéri, je suis terriblement navrée de ce qui m’arrive. Regardons les choses en face : certains gosses naissent avec une cuiller en argent dans la bouche. Je suis une vieille femme dont les dents tombent. Je compte sur toi pour m’aider. J’aimerais pouvoir courir sur ta poitrine et grimper sur tes bras trois heures par semaine et pas plus. Souviens-toi de ce que nous faisons ensemble quand je suis assez imparano pour te voir. Souviens-toi de ce que nous faisons ensemble quand je suis assez imparano pour te voir. Essaye de reconnaître la seule qualité du monde réel : tout le monde se contrefout de tout. Agenouille-toi mon chou, et baise la terre,
Affectueusement,

Rosa

Nous avons prouvé que la communication est impossible.


Chère Susan Sontag,
Voudriez-vous être assez gentille pour lire mon livre et me rendre célèbre ? En fait je ne veux pas être célèbre parce qu’alors tous ces gens qui sont très ennuyeux m’arrêteront dans la rue et m’embêteront déjà je déteste les gens qui m’appellent au téléphone parce que je me fais toujours des illusions. Je vois maintenant que mes illusions sont plus intéressantes que tout ce qui peut m’arriver à New York. En dépit de ce que tout le monde dit New York est tout simplement la ville la plus fascinante du monde. Sauf quand Sylvère me baise. J’aurais voulu apprendre à parler anglais. Chère Susan Sontag, m’apprendrez-vous à parler anglais ? Gratuitement, parce que, vous savez je suis une artiste et les artistes par définition sont des gens qui ne paient jamais rien même s’ils vendent leurs œuvres à raison de dix mille dollars le tableau avant même que leurs expositions n’aient ouvert. Tous mes amis artistes mouraient de faim avant d’atterrir dans le giron de leur mère bourgeoise ; ils décrivent surtout aux gens comment ils meurent de faim quand ils commandent des bières à deux dollars cinquante l’une au Mudd Club. La pauvreté est un des aspects les plus répugnants de la réalité humaine : plus répugnant encore que tous les artistes qui se disent être de purs parias, il y a les demi-artistes les hypocrites les UNIVERSITAIRES qui pensent que c’est classe d’être pauvre, QUI VEULENT ETRE PAUVRES, qui méprisent les serviettes de table en soie blanche que j’ai reçues de ma grand-mère décédée – elle a fini par faire quelque chose pour moi une fois dans sa vie (mort) – car ces CRITIQUES ne savent pas ce que c’est que d’être obligée, pour de l’argent, de dire aux hommes qu’ils sont merveilleux, parce qu’il te faut de l’argent, et ce pendant dix ans. J’espère que cette société ira au diable. Je comprends que vous soyez très cultivée, Susan Sontag,
Cordialement,

Rosa


Cher David,
Es-tu déjà moine tibétain ? Avant je te haïssais parce que tu ne m’aimais pas assez pour renoncer à ta vie pour moi. J’attends cela de chaque homme. Rétrospectivement, je comprends que j’étais moi aussi égoïste : j’aurais dû cesser d’exiger que tu ne sois pas le haïsseur de femmes sadique et refoulé que tu es. Je comprends que c’est très dur d’être riche parce que les gens riches sont dressés pour agir comme s’ils avaient besoin de travailler et de connaître de gros succès mondiaux. L’explication selon laquelle tu as cessé d’écrire tes visions pour faire des scénarios commerciaux pour Hollywood parce que tu avais besoin des 150 000 dollars de Francis Ford Coppola alors que tu reçois les énormes chèques mensuels de tes loyers fais de l’ombre à l’essai de ce professeur d’université sur les similitudes entre Moby Dick et le nazisme. Au moins un professeur d’université doit vraiment gagner sa vie. Le langage ne signifie plus rien, de toute façon. En marchant dans la 2e Avenue avec toi quand tu me dis que tu es aussi pauvre que moi alors que je sais que je vais devoir baiser le lendemain des gabarits de trente-trois centimètres dans des films pornos pour pouvoir payer Peter, mon mari, son foutu loyer n’étais pas pire que la manière dont me traitaient mes autres petits amis : au moins tu me payais un repas chez Amy’s après la baise. La seule chose qui me reste sur le cœur, c’est quand tu faisais tout ce que tu pouvais pour me forcer à baiser ton gourou tibétain qui m’a collé une sale blennorragie. Ça, ta richesse environnementale ne l’excuse pas.
J’aimerais baiser avec toi quand tu rentreras de Londres,
Amitiés,

Rosa »


Grandes espérances de Kathy Acker pages 32 à 36, traduction Gérard-Georges Lemaire, Éditions Désordres > en librairie le 21 août.
(Première édition française Christian Bourgois, 1988)

jeudi, juillet 13, 2006

Entre 28 et 32°



Rougelarsenrose a beau être en vacances – enfin tenter – ça n’empêche pas les balades climatisées, voici donc pour vous :

Un répertoire séventies (dont les couleurs rappellent avec une douce nostalgie les grenouillères de la même époque), zizou&co again dans une fiction de la coupe de monde plus que visionnaire par la revue Inculte, un blog de libraires, une revue rafraîchissante, l’alamblog avec que des trouvailles à l’intérieur, les émotions de reryrery – et les aventures de ses animaux de compagnie…

Deux girls dansantes en image, spéciale dedicace à Barbara Vidal.

Comme tout le monde


Parler de Zidane – sur l’image juste avant la chute.
Voilà, c’est fait.

C’est bête, son remarquable coup de boule me le rendait sympathique – quel style !
Le flan qu’on en fait, du supporter au philosophe (en passant par le poète, l'homéopathe, le sculpteur sur bois, l'apiculteur et le conducteur de bus) m’écœure – trop de flan tue le flan.

samedi, juillet 01, 2006

Vivement septembre



... enfin, juste pour une certaine rentrée – la mienne, la leur – & on ne le répétera pas ici.