mercredi, novembre 23, 2005

Orchidées & Salami

Photo Hosted at Buzznet.com

Dessin Béatrice Cussol

Dans les bacs ! & bientôt en lecture-concert...

« … I could be a movie star
I could be a baby doll
I could be a truck (as beautiful as)
I could be a fatal machine
I could be a sweet pin up
I could be a dirty flower
(dirty dirty dirty)
I could be a gun
(bang bang bang)

I could be yours
I could be yours
I could be yours

Please

Don’t leave me
Babe
Don’t leave me
Don’t… »

mardi, novembre 22, 2005

« message personnel »

{ ou

l’abC

ou

de la bergère à la bergère }


Le RSS toc à la porte.

Alors on lui ouvre, bien entendu ; le froid dehors, le vacarme des véhicules, on aperçoit même, aux feux rouges, des animaux aux longs cils s’entredéchirer à belles dents en se faisant des sourires ensanglantés et des papouilles dans le sens poli du poil – « comment va votre femme ? Oh, le feu est vert, donnons-nous la main, traversons de concert. »

Alors on lui ouvre, on le fait entrer pour s’extraire de la meute, on ne voudrait pas qu’il prenne froid, et on le dévisage un peu, quand même.

Et ça circule.

On n’a que faire des coups de griffes. Ni des querelles, ni des humeurs. On est au-dessus ou en dessous, bref, ailleurs, non ? Dans une autre tonalité, on joue notre vie toujours en mineur avec accords poker, mélodies en Black Jack et points d’orgue à la roulette. On compte les jetons en les dilapidant. Le temps qu’il fait est toujours un décor indiscret, du Sud au Nord. Le rythme intérieur, souvent absurde, remplace les minutes du cadran. C’est ainsi, on s’adapte. On finit par s’adopter. Oui on est à vif, désespérément à vif, ça goutte deçà delà, du rouge pommette au noir tomate, en sueur de temps qui passe, c’est bien le moins, le poids de l’œil écarquillé, de l’histoire-vertige et de la veille imposée qui hurle en continu les souvenirs, les mensonges, la mort. Alors entre deux gouffres, on vit sa vie en changeant souvent de masque pour qu’on nous laisse un peu tranquille, au jour le jour, tandis qu’on se harcèle en tentant sournoisement de débrancher la machine. On a l’impression d’avoir tout vécu, et puis rien du tout. On aime les eaux changeantes car on risque toujours de s’y noyer – et que ça économiserait une stratégie destructrice de plus. Et puis ça permet de tester ses nages, son souffle, son imperméabilité. Les cheveux trempés et l’avancée en sirène, fendre l’eau, vers. Toujours vers. On aime par-dessus tout les gens qu’on aime parce qu’on les aime, qu’on les a toujours aimé et qu’on les aimera toujours. Parce que ce sont eux (parce que c’est nous) et c’est tout.

Le reste n’est, vraiment, que littérature.

lundi, novembre 21, 2005

dimanche, novembre 20, 2005

Marseille

On ne rencontre pas un personnage de livre tous les jours. C’était pourtant le cas vendredi dernier, à Marseille, avec Nazir Ahmad Nazir, le poète du livre de Liliane Giraudon, Les talibans n’aiment pas la fiction. Outre l’expérience un peu étonnante – encore une téléportation – qui consiste à se balader de Paris à Marseille avec une bande de poètes de tous pays parfois en costumes traditionnels, échangeant comme on peut, dans un anglais atroce – pour le côté français –, décrivant la situation sociale de son pays, le statut des artistes, ses propres textes aussi... quelle distance, justement, que de replacer à leur échelle les milieux, les « événements littéraires », les obstacles (merde, pas de check point, pas d’explosions... la mort garde ici, en général, plus ou moins ses distances jusqu’à la grande rencontre). Et puis la présence physique, l’intensité, la musique des langues, excédant largement la traduction du sens. C’est sans doute en ce sens que l’on peut parler de rencontre « poétique ».

samedi, novembre 19, 2005

L'effacé

La pesanteur du nom avec tous ses cadavres, derrière, comme des casseroles au cul, tous ses souvenirs en papier tue-mouches (collants, bruissants). L.a.u.r.e. L.i.m.o.n.g.i. n’égale pas Anne-Laure Limongi n’égale pas Anne-Laure Louise Marie Limongi n’égale pas Mathilde Lombard, n’égale pas Louise Livert, n’égale pas Mattea Muziotti, n’égale pas Ingrid Chétule, etc. Mais quand même…

— ou :

Ce qu’on efface sciemment sur un blog signé de son nom :

l’amoureux,

le deuil,

l’aventure,

le mièvre,

le malheur,

les peurs,

les énervements factuels,

les fatigues de fins de journée,

les alcools qu’on ne supporte plus,

les nez qui coulent,

les douleurs musculaires,

...

(Prismes : la nostalgie, les lieux à la place des personnes, les clins d’œils et les sur-entendus, la mélancolie, l’élan = périphrases et litotes – des visages, des figures).

Il faut se résoudre au chassé-croisé de la recomposition du tableau (puzzle).

mercredi, novembre 16, 2005

Beam up

Photo Hosted at Buzznet.com

La réalité est juste un peu décalée (puisque c’est le futur). Nous et pas nous avec les pattes en pointe (au lieu des côtelettes à la Elvis, dans les années soixante). L’alien à l’air à peu près humain, mais il a les oreilles pointues, de drôles de sourcils, le sang vert et ne connaît pas les sentiments – oh, le charme glacé de Spoke. Les échecs ont plusieurs dimensions. (On sent bien pourtant que les acteurs déplacent les pièces n’importe comment, comme dans une pièce de théâtre d’école primaire.) Au rang des innovations : les femmes peuvent occuper des postes de pouvoir (médecins, chercheuses) tout en restant cruches avec leurs minijupes, leurs soutiens-gorge pigeonnants et leur choucroute du futur. Et inlassablement draguées, vénéneuses, éconduites, éplorées. Les États-Unis dominent avec bienveillance (ce qu’ils sont gentils) une humanité bigarrée qui a su garder ses accents comme on n’oserait même pas le faire aujourd’hui, et les machines clignotent de toutes parts, manœuvrées par de grands gestes et un vocabulaire inlassablement répété (« space, final frontier », « Enterprise, come in », « distorsion 8 »). Puisque le russe et le japonais sont membres d’équipage, il y a bien d’autres menaces : des androïdes, des entités gazeuses et intelligentes, des sondes détériorées, des formes de vie un peu biscornues, des rochers pensants, des illusions séduisantes, des poisons inconnus et sans remède, des monstres en peluche très très méchants.

Photo Hosted at Buzznet.com

Les échecs ont plusieurs dimensions.

La téléportation permet de surgir en deux ex machina, sans trajet ni trompettes. Elle fait disparaître le voyage et confine l’aventure à l’écran du vaisseau. La téléportation disperse l’identité pour la recomposer. Ce faisant, elle risque toujours le couac : tuer le téléporté sans que l’on puisse se représenter comment ses molécules se disperseront dans l’infini et si elles y trouveront un jour quelque finalité. (D’une métaphore que l’on pourrait utiliser – rebrancher – comme l’a fait Daniel Foucard.)

Et après ?

Monsieur Spock, alien vulcain censé vieillir quatre fois moins vite que les humains s’est révélé tout aussi ridé que ses petits camarades dans les derniers avatars de la série.

Monsieur Sulu vient de faire son coming out, scandalisé par l’attitude du gouverneur de Californie Arnold Schwarzenegger (encore une téléportation ?) refusant de légaliser le mariage homosexuel.

Et l’on dispersera les cendres de James Doohan, l’acteur jouant le rôle de Scotty – le responsable de la salle des machines – le mois prochain dans l’espace, pour de vrai...

lundi, novembre 14, 2005

Poésie, etc., costume

Photo Hosted at Buzznet.com

Vendredi à Marseille, Poétesse 3 la mission...

samedi, novembre 12, 2005

Banal lambeau de rêve, en attendant

L’envie de prendre des photos tout le temps mais le poids de l’appareil gêne ainsi que toutes les pesanteurs – et le compact numérique d’un autre temps – se sentir le dinosaure d’une époque de clic clac de chambre claire mécanique, de noir et blanc, (de vieilles correspondance à stylo plume aussi), de profil reconnaissable en objectif, sans en supporter l’inconfort, ahhhhhhhhhh le caprice, le dilemme.

Aujourd’hui – c’est l’aujourd’hui en blog, l’instantané des petits enfants sages – il pleut comme une vraie journée d’automne. Cela me rappelle toujours cette poésie apprise à l’école primaire et qui me semblait si exotique, récitée de Corse : Anatole France décrivant le jardin du Luxembourg à la rentrée des classes, déjà froid, déjà des feuilles mortes se ramassant à la pelle (mais ça ce n’était déjà plus lui) – et nous, nous allions toujours à la plage en imaginant ses culottes courtes en laine rêche, pauvre Anatole – aujourd’hui, « il pleut sur mon cœur comme il pleut sur la ville » conviendrait aussi, mais c’est décidément trop exotique la poésie qui va à la ligne avec des échos comme les sémaphores gnangnan d’une grand-mère qui ne cesserait de prodiguer de bons conseils « mange ta soupe », « mets des gants », « lave-toi les dents », « ferme mieux ton manteau », « sourit à la dame »...

Le fil et la lecture, aussi :

Il y a donc la guerre quelque part

Au moins des images nouvelles.

ne pas y penser, non, nous sommes perdus

(Je pourrais encore nager jusqu’à l’île)

les étoiles fixes défient tout évaluation. Plusieurs scintillent rouge, comme en colère, d’autres d’un bleu d’esturgeon

ne pas y penser, non, nous sommes perdus

banal lambeau de rêve

d’un vert sans fin

je suis mon unique objet – moi, et quelques étoiles

(Plusieurs scintillent rouge, comme en colère, d’autres d’un bleu d’esturgeon)

Tout cela n’est-il pas devenu un conte ?

ne pas y penser, non, nous sommes perdus

Un vocabulaire limité à certaines teintes vocales


Voilà pour la trace du jour glissant, en attendant

samedi, novembre 05, 2005

I love him so much

Photo Hosted at Buzznet.com

John Giorno est à Paris – dès mercredi.
Ses Poem Prints, sa voix, ses livres...

Photo Hosted at Buzznet.com

(Par Burroughs)

Photo Hosted at Buzznet.com

(In Sleep)

mercredi, novembre 02, 2005

Toujours du vert

Photo Hosted at Buzznet.com

Ce n’est pas un hasard que la couverture de ce singulier R. de Céline Minard soit un miroir vert – d’un vert changeant – au plus profond duquel on discerne ses propres pupilles, ses traits concaves ou convexes – selon le mouvement que la main imprime au livre –, telle une invitation à la recherche mémorielle, anecdotique. L’annonce d’une subjectivité un peu torve, très très feuillue.

Ainsi, sous le haut patronage du Rousseau des Confessions, entre t-on de plain-pied, la première page tournée, dans le mécanisme subtil d’un pastiche de roman picaresque au style délié et précieux. Une allure intemporelle faite de tournures recherchées, de langage parlé et d’intrusions technologiques. Une écriture prenante qui entraîne le lecteur aux rets des rebondissements de ce parcours initiatique aux alentours du Lac Léman...

Tour à tour fils oisif, marcheur invétéré, bon vivant, Robinson... le narrateur, fils de et cousin de R. s’aventure dans sa propre vie, à pied. Car le rythme en est ainsi propre à la contemplation et autres aventures – factuelles, amoureuses, mes-(aventures)... De la tentation de l’ensauvagement à celle de l’idylle, l’on aboutit à la recherche d’une langue qui serait apte à traduire cet être au monde-là : piéton, changeant, espiègle, jouisseur, musculeux, contemplatif. Une langue et des inventions un peu absurdes, mais finalement pas tant que le simple fait de respirer, en société, baladant son regard sur ses congénères industrieux, d’un calme feint, de droite et de gauche, alors qu’un feu intérieur vous exhorte à l’anéantissement de toute activité. Lettres, frise spatio-linguistique et surtout dossier comptable final (vous permettant à votre tour de tenter l’aventure, à moindre frais) complètent ce manuel de survie.

« ... Quelle paix pour nous, cher Rousseau ? Quelle paix possible ? Se retirer du monde n’est pas la solution, vous le savez, nous le savons. La nature, la nature, ohlala, laisse parfois apercevoir dans ce qu’elle fournit de drogue vivante au corps vivant ce que c’est que l’apaisement passager. Mais la paix ? L’équilibre ?... »

-------------
R. de Céline Minard, Éditions Comp’act