mercredi, novembre 02, 2005

Toujours du vert

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Ce n’est pas un hasard que la couverture de ce singulier R. de Céline Minard soit un miroir vert – d’un vert changeant – au plus profond duquel on discerne ses propres pupilles, ses traits concaves ou convexes – selon le mouvement que la main imprime au livre –, telle une invitation à la recherche mémorielle, anecdotique. L’annonce d’une subjectivité un peu torve, très très feuillue.

Ainsi, sous le haut patronage du Rousseau des Confessions, entre t-on de plain-pied, la première page tournée, dans le mécanisme subtil d’un pastiche de roman picaresque au style délié et précieux. Une allure intemporelle faite de tournures recherchées, de langage parlé et d’intrusions technologiques. Une écriture prenante qui entraîne le lecteur aux rets des rebondissements de ce parcours initiatique aux alentours du Lac Léman...

Tour à tour fils oisif, marcheur invétéré, bon vivant, Robinson... le narrateur, fils de et cousin de R. s’aventure dans sa propre vie, à pied. Car le rythme en est ainsi propre à la contemplation et autres aventures – factuelles, amoureuses, mes-(aventures)... De la tentation de l’ensauvagement à celle de l’idylle, l’on aboutit à la recherche d’une langue qui serait apte à traduire cet être au monde-là : piéton, changeant, espiègle, jouisseur, musculeux, contemplatif. Une langue et des inventions un peu absurdes, mais finalement pas tant que le simple fait de respirer, en société, baladant son regard sur ses congénères industrieux, d’un calme feint, de droite et de gauche, alors qu’un feu intérieur vous exhorte à l’anéantissement de toute activité. Lettres, frise spatio-linguistique et surtout dossier comptable final (vous permettant à votre tour de tenter l’aventure, à moindre frais) complètent ce manuel de survie.

« ... Quelle paix pour nous, cher Rousseau ? Quelle paix possible ? Se retirer du monde n’est pas la solution, vous le savez, nous le savons. La nature, la nature, ohlala, laisse parfois apercevoir dans ce qu’elle fournit de drogue vivante au corps vivant ce que c’est que l’apaisement passager. Mais la paix ? L’équilibre ?... »

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R. de Céline Minard, Éditions Comp’act

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