Beam up
La réalité est juste un peu décalée (puisque c’est le futur). Nous et pas nous avec les pattes en pointe (au lieu des côtelettes à la Elvis, dans les années soixante). L’alien à l’air à peu près humain, mais il a les oreilles pointues, de drôles de sourcils, le sang vert et ne connaît pas les sentiments – oh, le charme glacé de Spoke. Les échecs ont plusieurs dimensions. (On sent bien pourtant que les acteurs déplacent les pièces n’importe comment, comme dans une pièce de théâtre d’école primaire.) Au rang des innovations : les femmes peuvent occuper des postes de pouvoir (médecins, chercheuses) tout en restant cruches avec leurs minijupes, leurs soutiens-gorge pigeonnants et leur choucroute du futur. Et inlassablement draguées, vénéneuses, éconduites, éplorées. Les États-Unis dominent avec bienveillance (ce qu’ils sont gentils) une humanité bigarrée qui a su garder ses accents comme on n’oserait même pas le faire aujourd’hui, et les machines clignotent de toutes parts, manœuvrées par de grands gestes et un vocabulaire inlassablement répété (« space, final frontier », « Enterprise, come in », « distorsion 8 »). Puisque le russe et le japonais sont membres d’équipage, il y a bien d’autres menaces : des androïdes, des entités gazeuses et intelligentes, des sondes détériorées, des formes de vie un peu biscornues, des rochers pensants, des illusions séduisantes, des poisons inconnus et sans remède, des monstres en peluche très très méchants.
Les échecs ont plusieurs dimensions.
La téléportation permet de surgir en deux ex machina, sans trajet ni trompettes. Elle fait disparaître le voyage et confine l’aventure à l’écran du vaisseau. La téléportation disperse l’identité pour la recomposer. Ce faisant, elle risque toujours le couac : tuer le téléporté sans que l’on puisse se représenter comment ses molécules se disperseront dans l’infini et si elles y trouveront un jour quelque finalité. (D’une métaphore que l’on pourrait utiliser – rebrancher – comme l’a fait Daniel Foucard.)
Et après ?
Monsieur Spock, alien vulcain censé vieillir quatre fois moins vite que les humains s’est révélé tout aussi ridé que ses petits camarades dans les derniers avatars de la série.
Monsieur Sulu vient de faire son coming out, scandalisé par l’attitude du gouverneur de Californie Arnold Schwarzenegger (encore une téléportation ?) refusant de légaliser le mariage homosexuel.
Et l’on dispersera les cendres de James Doohan, l’acteur jouant le rôle de Scotty – le responsable de la salle des machines – le mois prochain dans l’espace, pour de vrai...
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