vendredi, octobre 31, 2008

L’hiver sera tartan

C’est du mois ce que j’ai conclu en lisant un numéro récent du magazine ELLE dans la salle d’attente de mon médecin – « tartan », 18 occurrences. Mystérieuses occurrences.
J’avoue – j’espère que Blonde Laure me pardonnera – avoir connu comme un flou sémantique. Un précédent numéro avait dû copieusement expliciter le terme – mais je ne suis tombée que sur de vieux Figaro Magazine (dit « FigMag », dans la « profession ») recelant de glaçantes publicités catholiques (de ce genre mais pire : « si vous donnez de l’argent, le petit Jean pourra célébrer le mariage de vos petits-enfants »…une nausée gagne…) et autres énoncés étranges (« les riches sont cool » ?!)…
Perplexité à son comble, donc. Tartan… Caban ? Caftan ? Mélange des deux ? Chapeau tarte ? Écharpe à crans ?... Vive GoogleJe puis donc constater mon extrême dénuement en matière de tartan – à peine une doublure de veste en jean made in Renner – id est H&M en mieux, et toc, fans de tartan, vous ne connaissiez pas, hein ? ah ! ah ! ah ! ça me permet d’ajouter que les brésiliens étaient en avance d’un an – et c’est pas simplement à cause d’une histoire d’hémisphère, mauvaises langues.
Tandis que le mot « tartan » résonnait encore comme une énigme, le docteur D. finit (je poireautais, il n’y a pas d’autre mot) par me recevoir et m’accueille en me disant que j’ai maigris, très mauvaise entrée en matière, je lui réponds complètement hystérique que mes jeans ne sont pas d’accord en pointant mes fesses du doigt, ce qui me permet de repartir rapidement avec du Xanax et un sourire soulagé du dit thérapeute. Suivant.
Malgré les apparences de cet incipit dont la relative loufoquerie et les faux effets d’autofiction-ta-mère-en-tartan ne sont dû qu’à un surmenage profond, cette semaine ne fut pas fashion & kot mais livres & hachis parmentier – avec une pensée émue pour les Pasteis de nata de Betty.
On en reparle. Des livres, je veux dire, les Pasteis sont digérés, c'est leur destin de Pasteis.

jeudi, octobre 23, 2008

Lâcheurs !

Je tiens à dire aux amis qui ont lâchement renoncé au concert de Laetitia Shériff (dont j'ai déjà parlé plusieurs fois ici) au Point Éphémère hier soir pour diverses raisons (rhume, gastro-entérite, inspection de l'Éducation Nationale, enfant sans nounou, dossier à boucler avant le lendemain, grande fatigue, expo à peaufiner avant vernissage, cours à Rennes, mémoire de master à finir, flemme généralisée, thèse tirant difficilement à sa fin, dîner avec mamie, dîner avec Stéphane Bérard - bon, ça c'est quand même une raison...) qu'ils ont vraiment loupé un sacré moment. Du grand Laetitia Shériff, du grand Olivier Mellano, du grand Gaël Desbois.
Également du côté de la première partie, avec Mansfield Tya, que je ne connaissais pas. Belle découverte. À suivre. Je vous exhorte à écouter. En plus, j'avais de très jolies chaussures. Bref, tout raté les mecs et les nénettes.

mercredi, octobre 22, 2008

EM HTIW KLAW ERIF

Un état du début de mon texte sur Twin Peaks pour Écrivains en séries...

Welcome to Twin Peaks. My name is Margaret Lanterman. I live in Twin Peaks. I am known as the Log Lady. There is a story behind that. There are many stories in Twin Peaks - some of them are sad, some funny. Some of them are stories of madness, of violence. Some are ordinary. Yet they all have about them a sense of mystery - the mystery of life. Sometimes, the mystery of death. The mystery of the woods. The woods surrounding Twin Peaks.

To introduce this story, let me just say it encompasses the all - it is beyond the fire, though few would know that meaning. It is a story of many, but begins with one - and I knew her.

The one leading to the many is Laura Palmer. Laura is the one.

L'envers du décor
Les ombres de la forêt
La nuit sert à entendre et le jour à voir
Laura Palmer ne se résoud pas à mourir

Sometime ideas, like men, jump up and say « hello ». They introduce themselves, these ideas, with words. Are they words ? These ideas speak so strangely. All that we see in this world is based on someone's ideas. Some ideas are destructive, some are constructive. Some ideas can arrive in the form of a dream. I can say it again : some ideas arrive in the form of a dream.

En gesticulant. Scènes de désespoir, de lamentations. La mère, masque de tragédienne, est sous calmant, prostrée au fond d'un canapé. La télévision est allumée. Le père oublie toute dignité, sanglote en public, pantin manipulé par la violence de la douleur. Leur espoir, leur enfant devenue grande, trop vite. Arrachée à la vie. La petite ville de Twin Peaks est stupéfiée. Le charme de sa nature grandiose, rompu. Comment une telle chose peut-être arriver dans un endroit aussi paisible ? Pourquoi, pourquoi, pourquoi ? En gesticulant, en pleurant, on s'interroge. Il était une fois la mort de la belle Laura Palmer. Le 23 février 1989. Laura, la belle Laura, fierté de tous, retrouvée morte, flottant sur une rivière dans une aube glacée, près de l'usine de bois. La rumeur laisse passer. Des gémissements, quelques doutes. J'étais déjà partie. Les cheveux blonds, trempés, ondulés, la pâleur du visage ceint d'un drapé opaque de plastique immaculé lui donnent l'aura d'un ange lassé, malgré lui. C'était écrit, d'ailleurs.

There is a sadness in this world, for we are ignorant of many things. Yes, we are ignorant of many beautiful things - things like the truth. So sadness, in our ignorance, is very real.

The tears are real. What is this thing called a tear ? There are even tiny ducts--tear ducts - to produce these tears should the sadness occur. Then the day when the sadness comes - then we ask : « Will this sadness which makes me cry - will this sadness that makes my heart cry out - will it ever end ? »

The answer, of course, is yes. One day the sadness will end.

Il y a toujours de la musique dans l'air. Mis en scène par l'encadrement de la fenêtre, le spectacle de la famille déchirée de douleur. On ne distingue que des hoquets entrecoupés de mots d'amour à l'attention de leur petite fille morte, leur enfant si lumineuse. Et le contraste de la campagne alentour, d'un vert tonitruant. Elle pourrait en raconter tant, de jour comme de nuit. Et moi donc. La cime des grands arbres ondule une chanson triste. Les chœurs sont des jeunes filles éplorées, intemporelles. Sans conviction, les élèves du lycée de Twin Peaks poursuivent leur journée de cours après la macabre nouvelle. Mais l'entourage proche de Laura ne parvient pas à surmonter le choc. « Que faire dans un monde où n'importe qui peut surgir de n'importe où et faire n'importe quoi ? » Personne ne comprend comment le conte de fées a pu ainsi tourner au cauchemar, comment la jolie princesse blonde au sourire renversant a pu être sacrifiée avec tant de violence. Un déchaînement qui paraît inhumain, comme le fruit de forces obscures et lointaines. Dans cette petite ville noyée au cœur de la forêt, plus qu'ailleurs, on connaît le poids d'une histoire tissée de légendes indiennes, le combat permanent du bien et du mal au cœur de chaque instant. (Le poids de l'histoire et des légendes, et ce qu'il en coûte de ne pas écouter les menaces grandiloquentes du vent dans les sycomores.)

...



lundi, octobre 20, 2008

We don't need another mountain


d'autres chansons de Dionne Warwick



d'autres chansons de Jad Fair & Daniel Johnston

Une pomme par jour

Samedi, j’étais très fière de manger ma pomme journalière après avoir vu Télématin à l’hôtel Pommeraye à Nantes la semaine dernière, une journaliste prônant cette hygiène alimentaire élémentaire (entre 30 et 70 % d’accident cardio-vasculaires en moins), surtout que dans l’après-midi, j’allais écouter la magnifique lecture de l’intégralité de Ouestern de et par Claire Guezengar avec Thierry Raynaud en rôle « western », bien entourée, y papotant avec Julien d’Abrigeon, y rencontrant Alain Farah.

Dimanche, ça allait encore, ronron doux (organique) à la maison, même si je me marre en lisant qu’on caractérise certains boulots remarquables au milieu des ronrons sans intérêt (esthétiques) de « réalisation un peu old school » – comme si le « new school » (et quel « new school » ou « un peu new school », d’ailleurs ?) assurerait la grâce et le talent ! Deuxième hilarité en lisant le brillant billet de Chloé sur l’Antimanuel de littérature – déjà, le titre, ça annonce du surfait défait ! C’est fou de prendre les lecteurs pour des cons avec autant d’assurance et de démagogie… M’enfin, comme dit Chloé, passons, on est tout de même quelques uns à faire (pas à brasser du vent) et avoir l’humilité de ne pas affirmer pour préférer chercher et découvrir tous les jours… Troisième rire – ou plutôt ricanement – dont on ne va pas se priver. Puis présentation du livre de Daniel Foucard et Mathieu Briand, UBÏQ, a mental odyssey, sorti chez Dis Voir par Danièle Rivière à l’Hôtel Particulier Montmartre, du côté de la cossue avenue Junot. Belle lecture de Véronique Levy, comme toujours Véronique lit, amis, très très beau livre, jus d’orange sanguine, tiens, la nénette de Télématin n’en a pas parlé, mais ça ne doit pas être mauvais…

Et ce matin, lundi, je pleure avec rage. Je pleure comme quand on est démuni. Comme un pauvre môme au jouet cassé. Ou dont le rat, dans sa boîte grillée, serait mort. Tout autour, cet espèce chaos fade, fuligineux, à la violence perverse. Les amis malheureux qui traversent des épreuves qu’on n’imaginerait jamais pouvoir traverser – tenir. Le Manifeste des innombrables, entre autres pétitions, pour tenter d’assurer un minimum de dignité à ce pays – avec les moyens du bord, citoyens. Un cauchemar stupide avec tous mes fantômes et tous mes lieux abandonnés – ou plutôt arrachés. En plus, Sœur Emmanuelle est morte. Et ça finit, comme toujours par un magistral coup de pied au cul (que faire d’autre ?) car le soleil brille et, comme le fait remarquer Tarik Noui dans son dernier livre, je ne risque tout de même pas de me prendre une balle en sortant de chez moi – oui oui, en plus, j’ai un chez moi, enfin, je loue. Peut-on vraiment savourer certaines chances ?

jeudi, octobre 16, 2008

Dominiq Jenvrey répond à vos questions sur les extraterrestres :

L’extraterrestre ou plutôt les Espèces Technologiques (E.T.) est ce qui va révolutionner la littérature. C’est ce qui va devenir un projet littéraire total. C’est ce qui va occuper la littérature pendant longtemps. Ce n’est pas en rencontrant les E.T. dans des actions exactes, mais en les imaginant, en développant l’intuition de rencontres avec les E.T. que la littérature va récupérer son pouvoir de maître de la fiction. Elle a perdu ce pouvoir lorsque d’autres moyens techniques de fabrication de la fiction l’ont supplanté. Parce qu’imaginer toutes les possibles rencontres avec des E.T., avant qu’elles ne se produisent, et ainsi les prévoir, c’est-à-dire prévoir de l’action inédite, est d’une ambition totale qu’aucune autre discipline n’est capable d’affronter.

Pourquoi Maurice Blanchot aurait dû écrire une fiction à propos d’une rencontre extraterrestre ?

La rencontre extraterrestre est-elle soluble dans le capitalisme ?

mercredi, octobre 15, 2008

Œuvres

Je ne sais pas pourquoi, j’ai souvent l’impression de voir Édouard Levé dans la rue. Tous les hommes qui ressemblent à Édouard Levé sont, de façon fugace, Édouard Levé jusqu’à ce qu’une petite voix dans ma tête dise : « Enfin, ce n’est pas possible. »
Je ne sais pas si cela signifie qu’il a réussi son projet (être extrêmement vivant en étant tout aussi extrêmement mort) ou témoigne simplement de mon vrillage mental ; sans doute une coexistence tranquille de ces deux paramètres…

Peut être qu’un jour, j’arriverais à écrire sur Suicide. Dans longtemps, on a le temps, il a le temps.

mardi, octobre 14, 2008

lundi, octobre 13, 2008

Rassérénée

… et ravie de ce très ensoleillé Lire en Fête à Nantes puis Lille.

Le très riche festival MidiMinuitPoésie de Nantes m’a permis d’entendre Prexley, alias Jean-Michel Espitallier, Laurent Prexl et Florent Nicolas , dont j’avais jusqu’à présent systématiquement raté les concerts, shame on me, car ce n’est vraiment pas à rater !
Mais aussi la rencontre très impressionnante entre Marilyn Hacker (poète)/Christine Wodrascka (pianiste) et Ian Monk (poète)/Philippe Deschepper (guitariste) au Pannonica. La poésie de Sereine Berlottier. Celles de Ma Desheng et de Tibor Papp. La guitare héroïne Delphine Bretesché… J’en oublie beaucoup et j’en ai manqué davantage encore, entre les rendez-vous et les balances, mais chaque festival à ce côté un peu frustrant… Côté Chantiers d’artistes qui se déroulait au même moment au Lieu Unique, j’ai carrément tout zappé faute de temps, dont Danny Steve, Charles Pennequin, Pakito Bolino… Argh.

On était bien contents de notre concert/lecture (improvisation à la guitare par Olivier Mellano à partir de textes de lui et Bibi, lus par Bibi) Place du Change. Je veux dire : quand on sort de 50 minutes de scène en ayant savouré et habité chaque seconde, l’euphorie.

>> Entretien avec John Morin pour Jet FM + extrait du concert/lecture : ici (pour télécharger, "alt" sur Mac et clic droit, j'imagine, sur PC).


Surtout qu’on a remis ça (différemment, hé, c’est improvisé !) le lendemain à la Maison Folie de Wazemmes à Lille avec tout autant de joie superlative. J’y ai notamment rencontré deux surpassionnées de musique : AlternativeTeken.

Après la route, la routine ? Oh que non !

Photo : Barreteau/Lapasin.

samedi, octobre 11, 2008

Et dimanche...

Le Cabaret Anonyme, les 10, 11 et 12 Octobre 2008 à la maison Folie de Wazemmes, à Lille.

Le vendredi 10 octobre à partir de 21 h jusqu'à 1h :
Delfino
David Bausseron & Francois Andes
Crise de nerf
Projection : Clin d’œil Heure Exquise !

Le samedi 11 octobre à partir de 20h jusqu'à minuit et demie :
Alexis Trousset
Dimitri Vazemsky (avec David bausseron et le collectif Digital Vandal)
Lucien Suel & Patrick Devresse
Julien Delmaire
Dylan Municipal
Projection : Clin d’œil d’Heure Exquise !

Le dimanche 12 octobre à partir de 20h jusqu'à 23h30 :
Chants de maldoror (avec Charles Compagnie & Nicolas Mahieux)
Bertrand Betsch
Olivier Mellano et Laure Limongi
Projection : Clin d’œil d’Heure Exquise !


Participation et intervention mix image sur les 3 jours : DIGITAL VANDAL

Programmation video Clin d’œil Heure Exquise ! :
Don't kill Britney Pascal Lièvre 2008
Unlight Mihai Grecu 2007
Working girl Corine Stübi 2004
menSonges Gérard Cairaschi 2008
Counter Volker Schreiner 2004
Minuit moins dix - Minuit moins cinq Sabine Massenet 2008
Cinema dolls trilogy Roxane Billamboz 2007

jeudi, octobre 09, 2008

sous la barque (quand on creuse)

Depuis quelques jours, on trouve chez tous les bons disquaires le premier disque du groupe Molypop.


Découvrez Molypop!


En exclusivité mondiale, je vous livre ci-dessous un descriptif de l’album, à travers quelques chansons, tiré d’un entretien réalisé avec Emmanuel Tugny – qui signe toutes les paroles et compositions.

« Sous la barque : L’idée était de faire une chanson sur un jeu enfantin qui consistait à creuser des cabanes sous les barques déposées sur les plages en Bretagne. Le phénomène acoustique est le même que lorsque l’on met un coquillage sur l’oreille, on y entend la mer d’une façon étonnamment puissante. Le sens se rapproche de celui de la chanson La pêche à la ligne, à savoir que lorsque l’on veut s’arrêter de comprendre les choses, les choses vous parviennent avec une intensité folle. C’est une autre chanson sur la contemplation et la nécessité d’y arriver. Alors ce qu’on contemple, ce n’est pas seulement la nature et des objets inanimés, mais aussi ce qui nous intéresse dans la nature et en fait partie, c’est-à-dire les femmes.

Je fume plus : Si je fume est-ce que je me guéris ? En France, la réponse est clairement non, c’est en arrêtant que l’on va se sauver, moins on fume, plus on est sain. Moi j’avais l’impression en écrivant cette chanson que c’est justement en arrêtant de fumer que l’on se sauvait pas. Le fait d’arrêter de fumer implique la rupture nette avec un lien au monde formidable, le lien aux amis, le lien au jardin, le lien au café, toutes ces petites choses qui sont fondamentales pour vivre, justement, et par conséquent on ne meurt pas moins en ne fumant plus, on meurt plus, et puis finalement, j’ai généralisé l’affaire dans le refrain en disant qu’au fond, c’est La peau de chagrin de Balzac : la vie tue. « La vie est ce qui tue la vie ». Ce qui est le plus dangereux pour la santé, c’est de vivre, ce n’est pas de fumer. Plus l’on vit longtemps, plus la mort est terrible. Il y avait une émission sur France Inter sur ce sujet justement, et tout le monde était d’accord, mais un auditeur a appelé en disant “ Oui c’est bien joli tout ce que vous me dites, mais moi j’ai pas envie de m’emmerder 170 ans. Je veux bien vivre longtemps, mais si je vis sans fumer sans baiser, sans me droguer, je vais m’emmerder, donc j’aime autant fumer et pas vivre longtemps. ”

La Parade : C’est un appel à l’aventure. C’est pour cela que L’Espérance est centrale dans cet album, car il fallait absolument que cela se termine sur une note d’espérance. Des gens sont morts, des gens vous ont quitté, la situation contemporaine est un peu merdeuse, on ne peut plus fumer, tout d’un coup les dieux de la métaphysique médiévale refont leur apparition, on souffre de ne pas pouvoir être contemplatif, de ne pas pouvoir voir les choses mais ce n’est pas grave puisqu’un nouvel amour, de nouveaux pays, des choses illusoires mais bandantes vous attendent au bout du voyage, c’est ça l’idée. C’est ce que dit Woody Allen dans un film : “ La réalité est atroce mais c’est le seul endroit où l’on peut manger un bon bifteck. ” Hé bien La Parade, c’est cela : je vais un jour rencontrer ce bifteck. Prends un train et tu vas voir, ça va être super mieux après. C’est jamais super mieux après, mais il vaut mieux se dire que ce sera super mieux. Et c’est pour ça que les dernières notes de l’album sont des notes de fête. Allez hop ! Joue de la trompette en plastique ! Et si t’as pas de trompette tu vas la faire avec la voix et si t’as pas de voix tu vas la faire avec les aisselles et puis démerde toi pour faire plutôt que de ne pas faire ! Et peut-être que ce sera la cause du salut. »

Ah oui, et pourquoi « Molypop » ? Bon, deuxième exclusivité mondiale mais c’est bien parce que c’est vous… Dans la mythologie grecque, le moly (μῶλυ) est une plante magique. Dans L’Odyssée, Hermès en offre à Ulysse comme antidote aux sortilèges de la magicienne Circé, qui transformait ses hommes d’équipage en pourceaux : « (...) le dieu aux rayons clairs tire du sol une herbe, qu’il m’apprit à connaître avant de la donner : la racine en est noire, et la fleur, blanc de lait ; « μῶλυ » disent les dieux ; ce n’est pas sans effort que les mortels l’arrachent ; mais les dieux peuvent tout. »… C'est peut-être une explication...

mercredi, octobre 08, 2008

« Souscrivez à DADA, le seul emprunt qui ne rapporte rien »

Grâce à Berlol, je découvre la mise en ligne de la revue LITTÉRATURE (nom censé être souligné mais je ne trouve pas l'outil html approprié...) par Sophie Behar. Une mine. Quelques jours avant le Salon des Revues – auquel, hélas, je n’assisterai pas, lisant en fête ailleurs, « Les débuts de LITTÉRATURE » par Philippe Soupault. LITTÉRATURE 1, mars 1919 :

« Après la disparition de la revue de Pierre Reverdy, Nord-Sud, André Breton et moi, Philippe Soupault, nous décidâmes, après de longues discussions, de publier une revue, plus éclectique que Nord-Sud. André Breton et moi-même subissions encore les influences de quelques-uns de nos aînés. Nous étions bien naïfs. “ Aux innocents les mains pleines. ” Quand nous hésitions encore, nous fîmes connaissance d'une jeune homme qui désirait devenir un écrivain et qui semblait avoir quelques moyens, Henry Cliquennois. Il nous proposa d'éditer une revue dont il serait le directeur et nous les rédacteurs en chef. C'était le mariage de la carpe et du lapin. C'était aussi mal connaître André Breton. Pourtant les rencontres avec Cliquennois continuaient. Il s'agissait d'abord de trouver un titre pour cette revue. Nous avons beaucoup cherché. Nous avons pensé d'abord à La Revue du monde nouveau. Naïveté ! Il venait de paraître une revue intitulée La Revue du nouveau monde. Nous avons renoncé à ce titre ambitieux. Nous avons alors consulté Pierre Reverdy qui nous proposa le titre : Carte Blanche... C'était dans le style de Reverdy mais nous parut trop singulier. (Ce titre fut repris et copié (une fois de plus) par Cocteau qui s'en empara pour ses chroniques du journal Paris-Midi.) André Breton eut alors l'idée de demander conseil à Paul Valéry. Celui-ci nous reçut et parut assez content de nous proposer ironiquement et en souriant de choisir le mot : Littérature, “ souligné ! ” nous dit-il, dans le sens où Verlaine dans un art poétique avait précisé : “ Et tout le reste est littérature ”. “ Tout un programme ” nous fit remarquer Paul Valéry. C'est sans enthousiasme que nous choisîmes ce titre en nous souvenant que c'était l'auteur de la Soirée avec M. Teste qui nous l'avait proposé. Un titre c'était une promesse. Mais après l'avoir adopté, Henry Cliquennois se montra de plus en plus réticent.
Cependant, nous avions établi une liste des écrivains qui pouvaient être sollicités. Liste hétéroclite. C'était une liste qui aurait pu être celle de La Nouvelle Revue française qui n'avait pas encore annoncé sa résurrection. Henry Cliquennois était de plus en plus inquiet des responsabilités qu'il avait pu croire assumer. Il craignait l'autoritarisme de Breton. Il nous proposa un prospectus annonçant la parution de la revue Littérature dont la direction et la rédaction étaient situées 1, rue Clovis à son domicile. Mais après une discussion fort animée Henry Cliquennois préféra se retirer. Il en avertit André Breton en lui renvoyant les prospectus qui, je crois, furent corrigés d'un commun accord. Je pense que les corrections furent écrites par Cliquennois qui n'était pas fâché de se débarrasser de cette lourde responsabilité. “ Je vous comprends ” lui dit André Breton sans méchanceté. C'est ce dernier qui habitait à l'Hôtel des Grands Hommes, 9, place du Panthéon qui accepta de recevoir les abonnements.
Mais il fallait faire paraître la revue. Breton dont les parents avaient appris qu'il avait renoncé à ses études de médecine et qui lui avaient “ coupé les vivres ” ne pouvait en financer la publication. Nous étions “ engagés ”. Je venais d'avoir vingt et un ans - et je venais de disposer, après ma majorité, d'un mince héritage. Je proposais à mon ami qui voulait, malgré les difficultés matérielles, publier notre revue, de nous informer des dépenses qu'en représentait l'impression. Nous avions déjà obtenu la collaboration des écrivains qu'à cette époque nous admirions et qui ne pouvaient pas encore publier (c'était en 1919) leurs poèmes. Drôle d'époque. Époque incertaine et équivoque. Breton et moi avions remarqué rue de Rennes une imprimerie (c'était dans le quartier que nous connaissions le mieux), l'imprimerie de la Cour d'Appel (drôle de nom). Nous demandâmes un devis. Et le directeur, méfiant (comme on le comprend) nous demanda une avance. Ce que je lui accordais. Ce n'était pas encore l'inflation. Nous établîmes une maquette du premier numéro. Mais nous savions mal calculer. L'imprimeur nous signala que nous nous étions trompés. Une page de trop. Il fallait supprimer un poème. Ce fut mon poème qui fut “ sacrifié ”. Ce qui explique que mon nom ne figure pas au sommaire du premier numéro de Littérature.
Quand nous avions décidé, André Breton et moi de publier cette revue, André Breton proposa que Louis Aragon qui était à cette époque son meilleur ami, qui était encore mobilisé et résidait en Allemagne, soit un des trois directeurs (on nous appelait ironiquement les trois mousquetaires). J'acceptais avec joie et Louis Aragon aussi. La revue parut à la date prévue. Elle eut plus de succès que nous l'avions espéré. Mais il fallait la déposer chez les libraires. Ce que nous fîmes. »

Philippe SOUPAULT

mardi, octobre 07, 2008

Fabiana Cozza em Europa

Caras, la grande Fabiana Cozza en concert à Paris ce soir à la Favela Chic mais aussi le 10 octobre au Festival Brésil de la Mairie du XIIe arrondissement. Les berlinois quant à eux pourront l'entendre le 9...

7/10 à 22 heures
Roda do Cavaco invite Fabiana Cozza à la Favela Chic
18 rue du Faubourg du Temple, 75011 Paris

9/10 à 22h30
Popkomm - Wabe Jazz Club
Danziger Straβe 101, Berlin

10/10 à 20h30
Festival Brésil Douze à la Mairie du Douzième
130 Avenue Daumesnil, 75012 Paris



lundi, octobre 06, 2008

À midi ou à minuit

Si vous êtes à Nantes du 9 au 12 octobre, faites un tour à MidiMinuitPoésie...



Lecture Olivier Mellano/Laure Limongi samedi 11 octobre, place du Change à 20 heures.

samedi, octobre 04, 2008

Migraine



... mon amie pour la vie, du moins faut-il s'en persuader (l'envisager comme ennemie serait reconnaître ma défaite).

Hier, j’ai changé de trottoir en sortant du bus, pour rentrer chez moi, un autre monde est apparu. Autres passants, autres chiens au bout d’autres laisses, autres boutiques, autres bars, autre lumière, autre prudence pour traverser. En multipliant soigneusement ces micros déplacements, on ne marcherait jamais deux fois dans ses pas. Multiplions. Même si parfois, marcher dans ses pas rassure.

Aujourd'hui, je me (re)plonge dans les livres du Prix Nocturne, délaissant la Nuit Blanche parisienne (comme presque chaque année depuis un certain retour chaotique - transports en commun ultra bondés, taxis occupés) et Facebook (comme souvent également) dont un heurt de statuts m'accroche néanmoins.

vendredi, octobre 03, 2008

Question de fab, épisode 3

Réponse de la PAO :

Bonjour,

Votre couverture est très bien.
Du texte noir à 80% ne doit pas pixeliser (ou alors le conducteur méritera d'être pendu par les pieds).
Reporter la couleur de l’image, c’est une idée qui se défend (on le fait assez souvent).
Par contre, cette teinte est plus soutenue que le noir 80%, donc tout dépend dans quelle mesure vous voulez différencier ces éléments du noir du reste du texte…

Bien à vous,

F.

Petit aperçu des vrais problèmes techniques que l’on se pose et de l’hypocondrie inhérente à ce métier. Il arrive d’échafauder des difficultés qui ne se poseront jamais (d’autant plus qu’on les imagine !), et parfois, l’évidence disparaît sous le détail, effet lettre volée, comme si un malin génie jouait avec la perception…

Question de fab, épisode 2

Envoi des fichiers à l’impression, J – 3, question à mon interlocuteur PAO à l’imprimerie :

Cher F.,

Je ne vais pas tarder à vous envoyer les fichiers de l’ouvrage Treize mille jours moins un, devis n° tant, pour impression.
Je me pose une question concernant la couverture.

Je souhaiterais que certains éléments sur le dos et la 4e de couv apparaissent en gris foncé.
Sur le dos : le titre et les 2 “L” du logo Laureli/Léo Scheer.
Sur la 4e : le titre et les filets.

Je les ai mis en noir 80 % mais je me demander si ça ne va pas pixeliser...

Bref, ma question est : est-ce que le noir 80% passe bien (vraiment bien) ou faut-il créer un gris foncé quadri ?
Dans ce dernier cas, quel gris foncé quadri correspondant en densité à un noir 80 % voire 85 % ?
(En général, je m’appuie sur la facilité du Pantone, j’ai du mal à créer un gris quadri sans le teinter outrageusement en cyan ou en magenta...)
En me référant au gris du sol de l’image, j’obtiens (pipette Photoshop) : C 70/M 64/J 60/N 54.
Cette valeur vous semble t-elle correcte et préférable à mon noir 80 % ?

Je joins le PDF compressé de la couv pour vous donner une idée.

En vous remerciant par avance et dans l’attente de votre réponse,

Bien à vous,

Laure

jeudi, octobre 02, 2008

Question de fab, épisode 1

J’imagine que de loin on pense que la conception physique (relecture, correction, maquette, couverture, suivi de fabrication…) d’un livre se fait relativement rapidement et sans douleur. Ou peut être que certains ont cette chance – réaliser toutes ces étapes rapidement et sans douleur. Moi pas. Douleur est exagéré, bien sûr. Disons plutôt obsession maladive du détail, réveil en sueur à 4 heures du matin en criant « page 86 ! » (et en découvrant le lendemain une coquille à la même page… assez flippant…), traquer les fautes de toutes sortes, vérifier la syntaxe, la concordance des temps, l'utilisation de la ponctuation, heures passées à peaufiner la maquette, remplacer les espaces avant certaines marques de ponctuation par des demis insécables, régler les coupes, éliminer systématiquement ces pauvres veuves et orphelines, choisir, entre deux maux (une dernière page de chapitre avec seulement trois lignes ou une quasi orpheline 3 pages auparavant) le moindre, éventuellement se maudire d’avoir choisi une police bâton jolie mais difficile à travailler (car créée pour le titrage), supprimer les folios superflus, vérifier la pagination, vérifier encore la pagination, ajouter les seuils qui permettront de parvenir à un multiple de 32 (nombre de pages dans un cahier) donc ajouter éventuellement page de faux titre, page « du même auteur », page « dans la même collection », créer l’achevé d’imprimer, éventuellement appeler l’imprimeur pour lui dire que finalement le livre ne fera pas tant de pages mais tant, calculer le prix de vente possible à l’unité d’après l’ensemble des coûts du livre, se renseigner sur « l’atterrissage » du livre (objectif de mise en place) auprès du diffuseur pour ajuster le tirage, passer à la couverture, placer correctement le titre sur l’image ou l’illustration, éventuellement se maudire d’hésiter entre plusieurs solutions sans élire la bonne immédiatement, vérifier que l'image soit bien en TIFF et en CMJN (ou la passer en TIFF et CMJN en contrôlant l'évolution de couleur par rapport au RVB), vérifier la colorimétrie de l’image ou de l’illustration, choisir le Pantone ou la couleur quadri de titrage qui correspond, placer ensuite le logo, prévoir le trait du mors collé sur la 1ère de couv, régler le dos, créer puis régler l’approche de la 4e, placer les filets, le prix, le code barre, le © de l’image ou de l’illustration, vérifier le code EAN (je dis abusivement EAN par habitude mais c'est en fait l'ISBN 13 qui équivaut à présent au code EAN) dans l’achevé d’imprimer du livre et sur la 4e de couv, vérifier le code EAN dans l’achevé d’imprimer du livre et sur la 4e de couv, vérifier le code EAN dans l’achevé d’imprimer du livre et sur la 4e de couv, vérifier le code EAN dans l’achevé d’imprimer du livre et sur la 4e de couv (ça, je peux le faire une bonne dizaine de fois…), imprimer la couverture en A3 pour pouvoir la tracer et vérifier les coupes, vérifier à nouveau la pagination de l’intérieur du livre, intégrer éventuellement les derniers ajouts de l’auteur ou retrancher ses repentirs (et donc, régler à nouveau la maquette en vérifiant à nouveau les chasses, la pagination… et puis tant qu'on y est le code EAN et la place des folios), relire une dernière fois avant d’envoyer les fichiers à l’imprimeur, les envoyer finalement avec angoisse (le sentiment de l’irrémédiable), contrôler soigneusement les fichiers B.A.T. page par page, vérifier une dernière fois la pagination, vérifier le code EAN dans l’achevé d’imprimer du livre et sur la 4e de couv (ad. lib.), contempler l’ensemble, couverture et intérieur, en espérant que par miracle une dernière coquille maligne saute enfin au visage, en avoir marre d’attendre l’illumination et finir par envoyer un « bon à tirer » à la fois soulagé et terrorisé (le sentiment de l’irrémédiable), expérimenter la déréliction sans jardin des oliviers (« livre, livre, pourquoi m’as-tu abandonnée ?! »), aller au calage de la couverture pour contrôler la balance des couleurs ou la recevoir avant montage et façonnage, attendre la réception du livre et frôler l’arrêt cardiaque à l’ouverture du carton…

Et après, on dira qu’un livre n’est pas un objet magique…