samedi, avril 29, 2006

… pas 116, pas 118…







Voilà qui donne envie de lire du Jean Bruce et d’attendre le prochain Jean Dujardin

Toujours les drôles de collisions du net…

… sans doute un peu déceptives pour les amateurs de porno…


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mardi, avril 25, 2006

La disparition des lucioles



... en train de lire le dernier livre de Jean-Paul Curnier, s'affirmant comme un moment de souveraineté… ce passage, citant Pasolini :

« Nous sommes en janvier-février 1941, Pasolini n’a pas tout à fait dix-neuf ans lorsqu’il écrit dans une lettre à son ami Franco Farolfi : “ Il y a trois jours, Paria et moi sommes descendus dans les recoins d’une joyeuse prostitution, où de grasse mamans (…) nous ont fait penser avec nostalgie aux rivages de l’enfance innocente. Nous avons ensuite pissé avec désespoir (…) La nuit dont je te parle nous avons dîné à Paderno, et ensuite dans le noir sans lune, nous sommes montés vers Pieve del Pino, nous avons vu une quantité énorme de lucioles qui formaient des bosquets de feu dans les bosquets de buissons, et nous les enviions parce qu’elles s’aimaient, parce qu’elles se cherchaient dans leurs envols amoureux et leurs lumières, alors que nous étions secs et rien que des mâles dans un vagabondage artificiel. J’ai alors pensé combien l’amitié est belle, et les réunions de garçons de vingt ans qui rient de leurs mâles voix innocentes, et ne se soucient pas du monde autour d’eux, poursuivant leur vie, remplissant la nuit de leurs cris. Leur virilité est potentielle. Tout en eux se transforme en rires, en éclats de rire. Jamais leur fougue virile n’apparaît aussi claire et bouleversante que quand ils paraissent redevenus des enfants innocents, parce que dans leur corps demeure toujours présente leur jeunesse totale, joyeuse. ”
Puis, presque immédiatement après : “ Ainsi étions-nous cette nuit-là : nous avons ensuite grimpé sur les flancs des collines, entre les ronces qui étaient mortes et leur mort semblait vivante, nous avons traversé des verges et des bois de cerisiers chargés de griottes, et nous sommes arrivés sur une haute cime. De là, on voyait très clairement deux projecteurs très loin, très féroces, des yeux mécaniques auxquels il était impossible d’échapper, et alors nous avons été saisis par la terreur d’être découverts, pendant que des chiens aboyaient, et nous nous sentions coupables, et nous avons fui sur le dos, la crêt de la colline. ”
Le 1er février 1075, neuf mois avant sa mort, il écrit dans le Corriere della sera un assez long article politique polémique à propos de l’héritage su fascisme, intitulé “ Le vide du pouvoir en Italie ” où on lit ceci : “ La vraie confrontation entre les fascismes ne peut donc pas être chronologiquement celle du fascisme fasciste avec le fascisme démocrate-chrétien mais celle du fascisme fasciste avec le fascisme radicalement, totalement et imprévisiblement nouveau qui est né de ce quelque chose qui s’est passé il y a une dizaine d’années.
Puisque je suis un écrivain et que je polémique ou, du moins, que je discute avec d’autres écrivains, que l’on me permette de donner une définition à caractère politico-littéraire de ce phénomène qui est intervenu en Italie en ce temps-là. Cela servira à simplifier et à abréger (et probablement aussi à mieux comprendre) notre propos.
Au début des années soixante, à cause de la pollution atmosphérique et, surtout, à la campagne, à cause de la pollution de l’eau (fleuves d’azur et canaux limpides), les lucioles ont commencé à disparaître. Cela a été un phénomène foudroyant et fulgurant. Après quelques années, il n’y avait plus de lucioles. (Aujourd’hui, c’est un souvenir quelque peu poignant du passé : un homme de naguère qui a un tel souvenir ne peut se retrouver jeune dans les nouveaux jeunes, et ne peut donc plus avoir les beaux regrets d’autrefois.)
Ce
quelque chose qui est intervenu il y a une dizaine d’années, nous l’appellerons la disparition des lucioles. ”…


À vif (Éditions Lignes)
() : La disparition des lucioles est aussi le titre d’un livre de Denis Roche, d’une grande beauté.

mercredi, avril 19, 2006

« En avant, vitesse de distorsion facteur 1 »…



{Sur La Manadologie de Céline Minard, Éditions MF.}

Si Gene Roddenberry (le créateur de Star Trek) avait lu Leibniz en fumant du THC, il aurait certainement sympathisé avec Céline Minard et on aurait peut-être eu droit à une super production avec Gilles Deleuze et Léonard Nimoy à l’affiche (+ R2D2 en guest star)? Car elle initie dans sa Manadologie une rencontre du troisième type entre Science Fiction et philosophie, développant un univers SF ludique et cohérent tout en l’investissant d’une pensée – qui n’a rien à envier à des essais de facture « classique » – sur la perception, l’être, le langage… Une sorte de science-fiction spéculative – double projection vers le futur et la connaissance. Le tout à la vitesse des Lumières.

Dans la lignée du roman philosophique made in XVIIIe siècle exilant son action dans un orient propre à rendre des réalités sociales, politiques, philosophiques plus limpides, Céline Minard – dont on avait déjà remarqué le premier « voyage », R. – confronte deux voyageurs intergalactiques à une succession d’aventures qui leur montrera d’autres notions d’existence, de langage, de pensée, d’étendue, de sentiment d’appartenance à une espèce… avec pour point commun des boissons à 55° dont la saveur et l’attrait à heures fixes ne semblent guère changer…

Ainsi faut-il lire la Manadologie en bafouillant un peu la Monadologie de Leibniz ; le héros, René Dancart, est – tiens, tiens… – attaché au doute méthodique, à la morale par provision, à la question de l’union de l’âme et du corps… ; la planète Baruch est expliquée par le sage Spaïnoz ; apparition monumentale à la 2001 l’Odyssée de l’espace, un curieux morceau de cire flotte dans l’espace, semblant tout juste « tiré de la ruche : il n'a pas encore perdu la douceur du miel qu'il contenait, il retient encore quelque chose de l'odeur des fleurs dont il a été recueilli »… Chaque lieu, chaque personnage, chaque aventure est investi d’un souvenir philosophique signifiant, s’imbriquant dans une architecture dont le langage est le ciment et la quête…

Le commandant René Dancart et Maine, son ami Streck – son Spock à lui, un alien aux facultés surdéveloppées, télépathe, sensible et réservé qui change joliment de couleur selon son humeur – étudient les manifestations d’une « manade » lorsqu’ils sont contraints de quitter le site chassé par les autorités du métaroyaume – qui n’apprécie pas trop que ça manade à tort et à travers dans l’espace. S’en suit une série d’aventures qui les conduiront dans des univers où seront mises en jeu les notions de mesure, de langage, de performatif et de fiction. Cette quête s’écrivant dans une langue malicieuse et euphorique, tissée de dialogues savoureux (rencontre d’expressions populaires plus ou moins « futurisées » et d’idiomes aliens aux consonances musicales) et d’apartés irrésistibles. Car on se marre quand même beaucoup dans l’espace et son silence éternel entre une panne de navette, un accueil hostile, une rencontre de charme et une explosion mystérieuse…

Mais n’en disons pas plus, les planètes se découvrent, elles ne s’expliquent pas… après cette traversée riche en suspens, raisonnant sans stagner, philosophant en apesanteur, le lecteur ne pourra que se sentir embarqué dans le même vaisseau spéculatif et se laisser délicieusement aller à des mises en abyme vertigineuses du réel qui l’entoure… avec une bonne rasade de 55°, tout de même – il reste des valeurs absolues.

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Texte à paraître dans La Revue Littéraire du mois de mai 2006.

lundi, avril 17, 2006

Coucouche panier papattes en rond



David F blogue toujours très vite (et c’est aussi pour ça qu’on l’aime)… notamment aujourd’hui pour annoncer la sortie du nouvel album du Club des Chats, Pump up the seed ! sur leur nouveau label Le vilain chien

Vous pouvez même y entendre le Dahu

dimanche, avril 16, 2006

La course

… Il y a des moments, comme ça, où l’on se sent courir après le train, dans un écart qui se creuse sans cesse, le robinet qui goutte dans la baignoire qui fuit et si l’on double sur chaque case d’un échiquier le nombre de grain de blés déposés sur la case précédente tout en comparant deux horloges dont l’une retarde de 2 minutes et l’autre avance de 4 minutes 30…

{migraine}

… bref, le retard devient exponentiel et c’est – entre autres – rougelarsenrose qui trinque… En vrac : nouvelle série à addiction immédiate : Rome (en plus, c’est l’occas’ ludique de ne jamais perdre son latin…) ; une expo à fictions et le livre qui va avec (+ image ci-dessous) ; ici, à partir d’aujourd’hui, quelques notes factuelles sur Fonction Elvis ; l’envie de partir à la plage mais ce n’est sans doute pas le moment…


Photo Édouard Levé

samedi, avril 08, 2006

… oui, les séries télé sont un univers addictif…



…Un espace fictionnel suractif. Et les années 2000 ++ semblent représenter un âge d’or formel de séries initiées, par exemple, par Twin Peaks. Mais les généalogies sont plus complexes. Car justement, ce qu’il y a de bien, avec les séries, c’est que c’est un genre décomplexé…

Ça ne vous est jamais arrivé à vous ? Vous êtes censé représenter une espèce de catégorie culturelle Bac +(quelque chose entre le souvenir des fesses ankylosées sur les mauvaises chaises de l’Éduc. Nat. et le goût aigre annonciateur d’ulcère (mais c’est la nicotine, aussi) du café machine n’en ayant que le nom – de café – avec, parfois, heureusement, quelques éveils intellectuels et sensoriels, ouf), vous vous trouvez en pleine discussion dite « culturelle » avec des personnes censées représenter la même catégorie « sociale » que vous (clever fauchés) lorsque, entre une citation de Futur ancien fugitif et une allusion à Clément Rosset, vous vous mettez, sans transition à évoquer le dernier épisode de Dark Angel, de Six Feet Under, de Star Trek, des Simpsons, de Futurama… et vos interlocuteurs vous regardent soudain comme si vous veniez de commettre un geste totalement déplacé tout en ayant perdu un gros morceau de cerveau en route…

Le problème – si tant est qu’il y en ait un – est sans doute que les séries peuvent être le lieu de rencontre, justement, de plusieurs catégories culturelles. Que s’y superposent différents niveaux de lecture avec pour point commun : le plaisir de l’instant. Socialement, les séries sont fédératrices ce qui passe difficilement dans une structure hiérarchisée. Moralement, elles représentent une espèce de pause active, une détente teintée d’affects et de sentiments ; c’est encore pire.

Et puis c’est une culture de branleurs, quand même, non ? (pas de pages à tourner, de piste difficile à avaler, de place à raquer, de public à supporter…)

Yes ! so what ?

Nullement bridées par un cadre historique, esthétique ou culturel, les séries peuvent se permettre de piocher où bon leur semble pour créer leur univers dans une temporalité fragmentée qui est leur dénominateur commun. Ainsi, pour les anciens insomniaques shootés à Xfiles (amoureux de Mulder ? de Scully ? de la carrure de Skinner ?… ou juste paranos…), les insomniaques chroniques branchés sur Profiler, les régressifs-mais-pas-trop abonnés à Buffy contre les Vampires, les punks ne ratant jamais un South Park, les Œdipe foirés matant Les Feux de l’amour (avec leur grand-mère – c’est toujours moins déprimant que Julien Lepers) + Côte Ouest + Santa Barbara + Love & Married + Derrick en phase dépressive (là on commence à avoir du mal à acquiescer, tout de même…)… il existe aujourd’hui nombre de séries réconciliant une qualité d’image et de narration avec ce plaisir un brin pervers du découpage en épisodes – avec production d’adrénaline garantie.

Par exemple (en tout sauf exhaustif) : 24 heures chrono, Six Feet Under, Desesperate Housewifes, Les Sopranos, The She World, Carnivàle, Lost… il s’agit là d’un espace de création qui n’a rien à envier – du point de vue de l’exigence formelle – aux arts dits « nobles » (du 1er au 7e) avec une efficacité impactuelle décuplée.

Quant à l’effet anxiolytique – anesthésiant ? floutant ? euphorisant ?… (« divertissement » ?)… sans doute autant que la tartine du matin, la clope de 11 heures, le Spéculos dans le café, la surenchère de produits de beauté, le p’tit Chardonnay de 19 heures, le ronron du chat, l’odeur du pot-au-feu… le réel dans ses effets

jeudi, avril 06, 2006

Juste une info comme ça...

... Les Lettres Françaises - dont on ne saurait trop conseiller la lecture - sortent à présent le premier samedi de chaque mois, toujours avec le numéro de l'Huma correspondant...

samedi, avril 01, 2006

Allo la Lune ?

… Je savais que les éditions MF (post Musica Falsa) existaient mais je les avais un peu perdues de vue… carrément pour tout dire… Alors quand je suis retombée sur leur beau catalogue, ça m’a fait un choc… tout particulièrement La Manadologie de Céline Minard – l’auteur de R..Comment ai-je pu rater ça ? Sur quelle planète me trouvais-je en octobre dernier ? Pour quelles raisons des aliens auraient-ils effacé ce segment de mémoire ? ou gommé les couvertures made in MF de mes yeux lors de mes visites en librairie ? Il y a des mystères comme ça qu’à défaut de pouvoir dissiper, il faut se hâter d’outrepasser… Alors je vais citer Claude Riehl qui écrivait dans Topo : « Ouvrez et lisez ! »