vendredi, mai 26, 2006

L’Histoire des Vivian Girls dans ce qui est connu sous le nom des Royaumes de l’Irréel...

... et de la violente guerre glandéco-angelinienne causée par la révolte des enfants esclaves







Henry Darger

mercredi, mai 24, 2006

*** Strip ***



Paris Strip Film Festival #1 du 31 mai au 4 juin.
Toutes les infos ici.

dimanche, mai 21, 2006

Mon oncle d’Amérique – et celui de Picardie



{Sur Cavale de Nathalie Quintane, Éditions POL}

Tout comme dans Mortinsteinck – du même auteur, le livre du film éponyme de Stéphane Bérard – le moteur de Cavale est un meurtre. Un meurtre tout bête, quoique peu commun dans sa réalisation improvisée – à la boule de bowling, avec une bouchée de Sachertorte (ce gâteau très chocolaté) et une gorgée de bière dans la bouche – sans motif véritable. Juste la suppression d’un être humain de la surface de la terre par un autre être humain au détour d’un agacement, d’un hoquet de parcours, et les conséquences qui en découlent pour ce dernier. Des conséquences éminemment, caricaturalement romanesques, donc, de l’ordre de la fuite, de la rencontre, du (faible) remord, de la dissolution de son existence – de laquelle émerge une paradoxale liberté – dans cet acte puni par la société. Une trame ordinaire, vue et revue tous les jours, du quotidien à la série télé, en passant par le film de première partie de soirée, le thriller ou le tabloïd dans lequel on peut apprendre qu’ « elle a mangé ses trois petites filles après les avoir tuées. L’aînée avec du ketchup, la cadette à la moutarde, la plus jeune nature. » Une trame en cela idéale quand on n’en a que faire de l’« efficacité romanesque » et de l’ « originalité thématique » car on peut y accrocher ses mélodies, son rythme, ses accrocs, sa langue, ses drôles de personnages claudicants… comme sur un sapin illuminé. Un squelette-consensus à habiller pour l’hiver que Nathalie Quintane emmitoufle avec brio.

S’il est moteur, ce meurtre américain et sucré n’est pas démarrage, Cavale s’annonçant comme un « roman excentré » proposant 21 ouvertures possibles. Un roman sans abscisses ni ordonnées définies, donc, sans réflexes conditionnés ni sens de l’histoire. L’inverse d’un « roman cible » où tout convergerait dans un sens : effet de suspens, évolution des personnages, construction de l’intrigue… vers un « soulagement » final de l’action et du lecteur que d’aucuns nomment « résolution » en insistant sur le plaisir replet qui en découle – et qui s’apparente pourtant bien souvent davantage à l’évacuation hygiénique d’une fiction trop lourdement lardée. Non, pas de toboggan narratif, pas de saveur passe-partout du style : ici, il faut naviguer entre les 21 débuts qui sont aussi la « réserve théorique et pratique du livre » : la pêche au silure (et par extension la passion de la pêche), la France de Bonnot, la noyade, la coquille (le raté, la faute, le lapsus), la « voix » du récit, sa dualité, les deux oncles de part et d’autre de l’Atlantique, l’aller-retour entre les deux (le même ?), le vol du cerf-volant, la nécessaire « sympathie » du personnage… une série d’éléments comme les pièces d’un puzzle étalées sur la table et qui viendront s’assembler gentiment à la Fantasia – vous n’aurez pas à vous casser la tête ; ceci est un roman fragmenté, pas un supra Da Vinci Code mutant pour excités du bulbe ayant épuisés énigmes et Sudokus.

Passé ces 21 incipit-indices, on peut observer au ralenti la chute de la boule de bowling sur le crâne de la grosse victime russe – en imaginant le goût de la Sachertorte mâchée piquée de bulles de bière bon marché dans la bouche du meurtrier – et sauter sur le porte-bagage du fugitif qui choisit le vélo comme véhicule…

> La suite et beaucoup d’autres choses dans Les Lettres Françaises du 1er juillet (in L’Huma)

samedi, mai 20, 2006

Encore Bessette

Ici, un excellent article de Bartlebooth sur Hélène Bessette – qu’on pourra à nouveau lire en septembre – scoop – mais on en parle bientôt et ailleurs.

To be continued...

dimanche, mai 14, 2006

Week-end à l’INA

À défaut de monoï et de paréos (fatum météorologique), un voyage dans le passé…


Le premier générique de la kitchissime émission Champs Élysées...




Où l’on peut voir



que Madame Galabru a fait péter la fourrure en espèce protégée…






(mais Champs Élysées, c’était aussi de grands moments




(I love Jean Roche-fort…)









L’époque d’Apos-trophe, puis de Bouillon de Culture : le départ du plateau de Denis Roche face à un Bruno Gollnisch hideux.


J’avais oublié (bon, j’avais 5 ans…) : François Mitterand explique les 35 heures à Ajaccio en 1981




Le chien de Gains-bourg, Nana
(actrice dans Je t’aime moi non plus)




Juliette Gréco et Michel Piccoli










Les inoubliables Droits de réponse de Michel Polac :






où l’on apprend notamment que L’Amant de Marguerite Duras c’est « très bien fait » (Philippe Sollers)…








Romy Schneider parlant de Berlin…




& tout le monde clope...

mardi, mai 09, 2006

Un certain vermillon cavale



« Et après ça, tout serait kif-kif ? Le règne du kif-kif pour les amateurs de kif-kif ? Le kif-kif à volonté en suspension autour de la planète et pour les extra-terrestres aussi ? Alors pourquoi ces multiplications de licences ? Un vrai kif-kif n’en a pas besoin ! C’est juste la poursuite du kif-kif qu’on figure sur les écrans, ou : regarde, mon kif-kif est plus kif-kif que le tien.

Ce à quoi l’on s’attache, au contraire, en revanche, c’est l’envers du kif-kif, son retour, son inversion, ce kif-kif inverti qui est notre antique motif : la mise en valeur, la dé-couverte, le vermillonage.
Comment mieux voir en radiographie les détails naturels d’une tête humaine sciée en deux ou l’intérieur d’un cœur de chien encore jamais pénétré ? Comment échapper à l’indifférenciation rétinienne ? À la mal-vue ? À la grande myopie ? À la tache aveugle ? Par le vermillon ! Le cœur de chien doit être injecté au vermillon, sinon il n’est pas cœur – il n’est pas endocarde, péricarde, oreillette, valvule, ventricule. La tête humaine aussi doit être injectée, sans quoi elle n’est que tête à coiffeur ! L’animal, le végétal et le floral vermillonnés. L’animal, le floral, le végétal, l’atomique, l’anatomique et le cosmique vermillonnés, repoussant toujours plus loin les limites du vermillonnage par la confection de tubes, de couloirs, tunnels où viennent et ne viennent pas, mais viendront, quantités de d’ores et déjà vermillonnés, là uniquement parce que vermillon. Le sujet, le sujet qu’on course, ne l’est pas, pas plus que tête de chien ante-traitement ou que que ce soit ante-traitement, le vermillon est ce sujet ! Hors vermillon, pas de sujet, pas de tête de chien, pas de naine blanche, pas de kif-kif – car le kif-kif lui-même n’est que vermillonné (à condition du vermillon). Il n’y eut pas extirpation de la masse mais injection dans la masse pour coloration de la masse et distinction dans la masse ; photo, mention, fixation (clous, punaises, patafix, dossier, fenêtre), sous condition de vermillon, mettant en valeur les propriétés spécifiques du vermillon et organisant une pensée vermillonnée vermillonnante.

Vous ne pourriez me voir, ni mon vélo, si nous n’avions été préalablement injectés. Et si vous pouvez lire, c’est que ça a été vermillonné. Quand ça vous dit quelque chose, c’est du vermillon. Difficult to manifest present conditions not suitable. C’est le contraire qui est surprenant ! C’est le contraire qu’il faut sans cesse préparer, cultiver, et puis orchestrer : des conditions suitables. Suitèbeule condichones. La suitabilité des conditions conditionne au deux tiers le temps. Nous travaillons à cette suitabilité, et lorsqu’elle est atteinte, voilà. »

CAVALE de Nathalie Quintane p. 92-94 – POL, avril 2006.

dimanche, mai 07, 2006

Postérité d’un Osso Bucco



Ma mère aurait certainement préféré que je conserve jalousement cette recette (même si ce n’est évidemment pas la recette qui compte) bien que l’on ne puisse imaginer quelle aurait été sa réception de l’ère d’Internet. L’échange qui trouble la notion des familles. C’est donc avec la supposition de son consentement d’un glissement technologique (cocotte en fonte) à l’autre (Mac) et en souvenir d’un récent succès osso buccien sur fond d’amitié tendre et de cuisson à la Doufeu® (Hey this is a blog ! = speciale dedicace) que j’énonce – pour quatre personnes :

- 4 grosses tranches de jarret de veau (bon le jarret svp : allez chez le boucher !)
- 1kg 500 de tomates en cubes (ou pulpe de tomates)
- 1 oignon
- 1 boîte d’anchois
- 2 feuilles de laurier
- 2 ou 3 gousses d’ail
- 1 botte de persil
- 1 carotte
- le zeste d’une demi orange
- de l’huile d’olive
- du beurre
- du sel et du poivre
- grosses pâtes italiennes en forme de coquillage (du type Conchiglioni Rigati 126 chez De Cecco par exemple)

Dans la plus grosse et belle et chère cocotte en fonte que vous aurez pu trouver, rendez tranquillement transparent l’oignon que vous aurez préalablement épluché et coupé en fines lamelles – snif, je n’ai pas de méthode fiable pour ne pas pleurer –, sur fond de mélange subjectif de beurre et d’huile d’olive. Touillez avec une cuillère en bois. Lorsque tout cela est joliment transparent, presque au point de faire penser à une quelconque production de la mer pas encore arrivée à maturité et prête à être dévorée par un prédateur salivant (la murène de Nathalie Quintane ? Je suis en train de lire Cavale…), retirez du feu et réservez dans une assiette.

Dans la même cocotte, en rajoutant tout aussi subjectivement un mélange de beurre et d’huile (les origines, les voyages et les mariages comptent en cela beaucoup : proportion d’aceite et proportion de production-de-la-vache), faites revenir les jarrets de veau, à feu plus vif que pour l’oignon. Les poivrer et les saler mais légèrement – car quelques anchois viendront mettre leur grain de sel plus tard.
Ajouter les gousses d’ail et l’oignon, sur la fin – il ne doit pas brûler – ainsi que la carotte que vous aurez râpée.
Si vous invitez une douzaine de personnes à dîner, bien évidemment, faites-le en plusieurs fois, réservant les jarrets dorés au fur et à mesure – et rajoutant autant de matière grasse que nécessaire.

On peut aussi, à ce stade, déglacer au vin blanc sec, ok, ok, ok… but not me – pour ce plat précis.

Quand tout est bien doré (mais pas cuit, évidemment) de tous les côtés, mettez tous les jarrets dans la cocotte et ajoutez les tomates en cube, le laurier et la moitié du persil dont vous aurez soigneusement découpé les feuilles avec une paire de ciseaux, au fond d’un verre – je connais aussi la méthode dite « de la paume » mais qui s’apparente souvent à de l’auto-mutilation : préférez le verre. Rajoutez éventuellement un peu de poivre. On peut aussi, selon le mood, mettre une petite pincée de piment, de quatre épices, de ce qu’on trouve dans sa cuisine… mais c’est vraiment une question d’inspiration personnelle et de hauteur de Lune dans le ciel.

Touillez l’ensemble comme vous pouvez (c’est lourd tous ces jarrets !) pour vérifier que tout est bien réparti et que rien n’attache au fond.

Baissez le feu au minimum, couvrez et laissez cuire au moins 2 heures.

Une demi-heure avant la fin, ajoutez les anchois que vous aurez préalablement écrasé dans leur propre huile – c’est dur mais c’est la vie : pensez aux calamars dans leur propre encre ! Touillez pour lier la sauce. Vérifiez ensuite que la teneur en sel soit suffisante – tout dépend de la motivation des anchois à saler la sauce ; on peut les y aider sans remords.

Ajoutez le reste de persil (toujours ciselé).

Se pose ensuite la question du zeste de l’orange. Ça dépend de l’humeur. Personnellement, il y a des jours où je n’ai pas envie qu’un relent d’orange se mêle à l’onctuosité sous-jacente de la moelle collant aux énormes pâtes italiennes tout juste al dente. D’autres, où le piquant de l’agrume semble relever et rendre aérienne la lente cuisson quasiment caramélisante des tomates et de la viande… so… je vous laisse prendre en compte les différents facteurs (température, invités, semaine passée, fromage et/ou dessert…) et choisir…

Reste la cuisson des Conchiglioni. Dans le plus grand récipient possible, avec la plus grande quantité d’eau (salée) possible : environ 13 minutes : il est impératif de conserver la fermeté de la pâte ! (les origines, les voyages et les mariages comptent en cela beaucoup : al marteau-piqueur, al dente, al galette-de-sarazin…)

Il n’y a plus qu’à servir et à bien racler les os – à moelle.
Dress code : chemise black mafieuse préférable à de l’immaculé fragile.

vendredi, mai 05, 2006

Deux coups de sonnette, un disque et un livret

Sortie de la pièce de Pierre Henry Deux coups de sonnette dans la collection Signatures de France Culture. Avec des images et des textes inédits.

mercredi, mai 03, 2006

« l’ héroïne est absente »



...mais le fin sourire d'Hélène Bessette n'a pas fini de rayonner...

— notamment en mai à Dijon.

{photo D.R. collection particulière famille Brabant}

lundi, mai 01, 2006

Cryo génie



... Si nos savants démiurges, entre un clonage condamné par la morale et une invention transgénique quelconque, avaient réussi à faire revivre des morts, le temps d’une visite guidée des progrès et événements survenus après leur disparition, avec quelle personnalité du passé aimeriez-vous vous entretenir ? Marylin Monroe, pour connaître les circonstances de sa mort ? Diderot, pour retrouver un peu d’esprit subversif et éclairé ? Che Guevara parce que l’esprit de guerilla se perd ? Elvis Presley, pour obtenir de sa bouche la recette originale du sandwich à la banane et au beurre de cacahuète ? Einstein, des fois qu’il révèle un nouveau théorème révolutionnaire ? Daniel Balavoine pour l’inviter en guest surprise à la Star Ac’?… En ce qui concerne Arno Schmidt, c’est Goethe que son récit d’une fantaisie irrésistible a décidé de faire revivre, le temps d’une rencontre, entre écrivains… un Goethe davantage intéressé par les femmes, le vin et la grandeur de sa postérité que par l’histoire ou la politique. Évaporé comme un songe 24 heures plus tard, le revenant laisse un sentiment partagé, entre ironie et admiration...

Goethe et un de ses admirateurs de Arno Schmidt, Éditions Tristram.