samedi, mai 22, 2010

Matamore n°29, acte I




« De l'intérieur d'un cheval fabriqué par moi-même, pour m'attaquer moi-même, par surprise. »

Alain Farah, Matamore n°29



Le 1er septembre, chez Laureli, sort Matamore n°29 d’Alain Farah. Ce livre était paru en 2008 au Quartanier, l’excellente maison d’édition d’Éric de Larochellière, au Québec – j’ai expliqué nos affinités Quartanier/Laureli dans un précédent billet. Quelques privilégiés, dont je fais partie, avaient réussi à se le procurer et découvert ainsi cette écriture incroyablement indomptée – pour ne pas réutiliser l’adjectif « indocile », dont j’abuse –, foisonnante, généreuse, où la sole meunière côtoie une – brève et lumineuse – analyse de Ulysse de Joyce, le coup de tête de Zizou, la correspondance de Flaubert, le « patatore » – description du « patatore » p. 27 de Matamore, le 1er septembre – s’érige en arme pour crime parfait, les règles du tennis structurent le récit, le-sombre est sans cesse repoussé de cuisses interminables de blondes polonaises en moments d’amitié, d’éternité.

En parlant d’amitié, parmi les personnages du roman, on retrouve aussi Thomas Braichet, dans sa période parisienne de l’atelier place Dalida – ça ne veut peut-être rien dire pour vous, mais pour nous, ça veut dire, beaucoup, voilà.

Nous en sommes à la relecture/corrections avec Alain. Ce Matamore n°29 ci sera un peu différent du Matamore n°29 de 2008. Parce qu’Alain a choisi de modifier son texte, mais aussi parce qu’on a décidé d’adapter certains termes propres au français du Québec au français de par ici. C’est subtile et c’est un travail absolument passionnant, pour moi, de sonder la langue et ses usages, de découvrir comme des instantanés historiques dans la grande province, des traces de patrimoine oubliés dans l’hexagone. Et surtout, comme toujours, le dialogue qui s’instaure ainsi avec l’auteur, qui fait, donc, proliférer son Matamore.


La maquette est déjà commencée sur XPress, avec une police Minion, une très belle garalde qui a aussi le mérite de posséder de nombreuses variations en display, black, bold, semi-bold, italiques, SC (c’est-à-dire petite cap.)… fort utiles pour le texte, comme vous pourrez le constater. J’avais lorgné tout d’abord sur la fonte Kennedy, bien évidemment – puisque le président apparaît dans le texte… – mais elle n’a pas la plasticité du Minion, hélas. Je tempère donc mes délires cratyliens cette fois-ci…

J’ai aussi passé un ptit coup de Prolexis, surtout, évidemment, pour éliminer les problèmes de mauvaises espaces typographiques… Car, comme vous pouvez le constater sur l’image illustrant ces quelques lignes – et ça me fait toujours bêtement rire, l’aveuglement des logiciels –, Prolexis est resté assez perplexe devant le vocabulaire employé.

Présentation et couverture arrivent bientôt : c’est Marion Pannier – qui avait déjà réalisé pour Laureli les couvertures de Ida ou le délire d’Hélène Bessette et des Carcasses de Raymond Federman – qui planche dessus…

Photo d’Alain Farah © F.Duchesne.

mardi, mai 18, 2010

Le rouge et sa claque

On vous a déjà dit tout le bien qu’on pensait de la revue Rouge déclic ici – à la sortie du numéro 0. Et comme Noël peut arriver au printemps, eh bien voilà, on est dans le sommaire du numéro 1 – paru en mars dernier – et on est bien content d’avoir eu un prétexte pour revoir The Party et passer quelques week ends à retourner le problème dans tous les sens : comment diable écrire un texte à partir d’une telle sublimité cinématographique ? (Je sais, ô écrivains en séries qui lisez ces quelques lignes, ça a pu également être une difficulté pour vous… Et je vous ai répondu : « Hey, t’inquiète, tu vas y arriver, j’ai confiance… » Je n’en ai pas moins conscience, je vous rassure...)


J’ai donc choisi de revoir le film sous un angle purement chorégraphique et de réentendre les phrases de Hrundi V. Bakshi un peu comme il les prononce, mot par mot, avec une charge musicale intense. Je ne suis pas sûre que cela soit vraiment perceptible dans mon « Sugar me »… Mais en tout cas, voilà une clef.


Vous lirez également dans ce numéro des textes de : Didier da Silva, Bertrand Schefer, Valérie Mréjen, Alessandro Mercuri, Claro, Laure Becdelièvre, Daniel Cabanis, Joseph Moncure March, Henri Calet, David Bosc, Jean-François Magre, Éric Pessan, Alain Giorgetti, Guillaume Boppe – cités par ordre d’apparition – et pourrez découvrir des dessins de Abdelkader Benchamma ainsi que des photographies de Philippe Lebruman. Le tout pour 6,50 euros, avouez que c’est cadeau.


L’autre bonne nouvelle de ce billet, c’est qu’une soirée de présentation de ce numéro aura lieu demain, mercredi 19 mai, à la librairie Le Comptoir des mots, 239 rue des Pyrénées, dans le XXe arrondissement, à Paris (métro Gambetta), à 20 heures. Vous pouvez télécharger le flyer ici. Et surtout, vous radiner au Comptoir.

jeudi, mai 13, 2010

La rentrée Laureli, 1/3 : Chants magnétiques

Et nous voilà, de deadline en deadline, de réunion commerciale en réunion commerciale et d’instruction de mise à l’office en instruction de mise à l’office, depuis plusieurs semaines déjà, en pleine préparation intense de « la rentrée littéraire ». D’où mon silence relatif par ici, inversement proportionnel à ma surchauffe, ailleurs.

Chez Laureli, trois livres à paraître, et j’en fais la roue en solo devant mon pack Adobe, tellement j’en suis fière :

Matamore n°29 de Alain Farah, à paraître le 1er septembre : le livre était déjà paru il y a deux ans au Quartanier, mais sans grande diffusion, hélas, par ici – tout comme j’ai toutes les peines du monde à faire diffuser Laureli au Québec… Du coup, avec Éric de Larochellière – éditeur du Quartanier –, on a décidé de procéder autrement. Comme nous admirons mutuellement nos catalogues, eh bien, nous allons en publier certains auteurs. Donc, très prochainement, CIVIL de Daniel Foucard, au Quartanier. Et Matamore n°29, donc, de Alain Farah, chez Laureli. J’en avais parlé ici au moment de sa sortie – enfin, pas mal de temps après, avec mon retard de lectures habituel, quoi. C’est, pour moi, un livre majeur, et un auteur majeur. Alain Farah passera une dizaine de jours à Paris au moment de la sortie du livre, l’occasion pour vous, lecteurs, journalistes, de le rencontrer lors d’événements que je suis en train d’organiser… je vous en tiendrai bien évidemment au courant ;

Chants magnétiques de Claire Fercak & Billy Corgan, à paraître le 15 septembre ;

Écrivains en séries « saison 2 », encore plus épais que la « saison 1 » ! à paraître le 20 octobre.

(Toutes les fiches de présentation seront bientôt en lignes ici.)


Je suis en pleine maquette de Chants magnétiques de Claire Fercak & Billy Corgan. Une belle aventure que celle-là. Oui, ce Billy Corgan, c’est bien le Billy Corgan des Smashing Pumpkins. Claire l’a rencontré en écrivant son livre The Smashing Pumpkins: Tarantula Box Set (Le mot et le reste, 2008), et l’idée de ce duo d’écriture est né. Il faut préciser que Billy est également écrivain. Il a publié aux États-Unis : Blinking with Fists (Faber and Faber, 2004), un livre de poésie qui a figuré sur la liste des best sellers du New York Times – ça mérite quand même d’être souligné, c’est pas si courant pour un livre de poésie… Nous nous sommes ensuite vus tous les trois, et Billy n’a pas été horrifié par mon anglais supra dégueulasse – j’ai un pote qui m’a dit que je ressemblais à Louis de Funès quand je parlais avec des Américains, parce que je mime les deux tiers des trucs… Alors, vous imaginez ce que ça peut donner quand il s’agit d’évoquer des termes d’édition précis…–, on s’est découvert pas mal d’addictions littéraires et musicales communes, j’ai été sidérée par son extrême douceur, sa simplicité… Il m’a même donné des conseils de composition musicale… Bref, une vraie belle rencontre, un trio d’affinités, et voilà ces Chants magnétiques, deux récits qui se répondent : Écho la nymphe déchue que ses bavardages ont transformé en phénomène sonore, désincarné, tragiquement amoureuse de l’inaccessible Narcisse. Médée la magicienne meurtrière qui, répudiée par Jason, saura inventer des armes barbares pour assouvir sa vengeance.

Estelle Degez a effectué une traduction préparatoire du texte de Claire en anglais pour que Billy ait accès à toutes ses subtilités. Nathalie Bru a ensuite traduit le texte de Billy Corgan en français, pour le livre.

L’image de couverture que vous découvrez ici a été réalisée par Danny Steve – à qui j’avais précédemment fait appel pour Écrivains en séries « saison 1 »… et qui créera aussi la couverture de la « saison 2 » – qui a également dessiné deux illustrations intérieures, avec la même technique mais en noir et blanc. J’en suis très fan car je trouve qu’elle arrive à tenir l’exacte ambivalence exprimée dans le livre, avec sa base de lumière et son ciel de chair, les yeux creux de ses nymphes : la cruauté/la tendresse, le désir/l’effroi… J’ai gardé ma fonte de titrage habituelle, Peignot, mais en la « vaguelisant » pour ne pas trop heurter le dessin de Danny et garder la sensation de mouvement.

La question de la fonte intérieure coulait de source : une garalde, bien évidemment. De l’empattement cristallin, de la larme légère. J’ai finalement opté, en bonne cryptocratylienne, pour Centaur. Et puis fait mumuse avec les quelques appels de note présents dans le texte de Claire, aussi. Comme ils se réfèrent tous aux Métamorphoses d’Ovide, j’ai opté pour l’ornemental davantage que pour une efficacité académique. Pour le texte de Billy, j’ai carrément fait péter la lettrine qui, à mon sens, s’accorde bien à son ambiance de conte noir… Voilà, maintenant que vous avez un vague aperçu des coulisses, vous n’avez plus qu’à découvrir le livre – vous en avez de la chance ! – chez votre libraire préféré, le 15 septembre.

lundi, mai 03, 2010

« Il semble que devenir fou soit la seule alternative qu’il reste…

… à ceux qui ont le mauvais goût de ne pas s’éclater comme des bêtes dans cette pouponnière qu’est devenue l’Occident. »


Dans le nouveau Chronic’art (#65, mais 2010), j’ai eu la bonne surprise de lire – outre l’article consacré à Kathy Acker – un entretien avec Sacha Ramos, l’auteur de l’excellent Complot des apparences, paru aux Éditions Léo Scheer en janvier dernier.

Aux Éditions, on a la chance de voir Sacha de temps en temps – il vit à Rome – et d’être charmés par son mélange tout à fait personnel d’érudition et de fantaisie. Vous, moins, forcément… Alors, voici un court extrait de l’entretien, ça vous donnera une idée :

« Romaric Sangars : L’individu aussi pose problème, à vous lire…

Sacha Ramos : Oui, parce que ne pas désirer exactement ce que désire l’immense majorité de vos congénères, c’est mal. Considérer que votre sexualité ne regarde que vous, et que celle de votre voisin ne vous regarde pas, c’est mal. Préférer la viande rouge aux machins macrobiotiques, la cigarette à la méditation en plein air, la torture à Internet, l’art d’hier (et de toujours) à l’art contemporain, c’est mal. Bref, être un individu, c’est être une personne qui ne met pas son espoir de salut entre les mains de la désormais sacrosainte collectivité bisounoursienne, et c’est mal. En finir avec l’individu, c’est en finir avec le mal. C’est le bien. La société moderne n’a qu’un seul but : devenir la société du bien, à n’importe quel prix. Autrement dit, devenir l’île aux enfants. Casimir et Bisounours sont les véritables nouveaux modèles du nouveau genre humain, et Walt Disney son théoricien de référence (avec Bourdieu, naturellement)… »

{Titre : Sacha Ramos : citation du même entretien avec Romaric Sangars, Chronic’art#65.
Photo de Sacha Ramos © Thierry Ratea.}

dimanche, mai 02, 2010

To be continued…

Je vous avais narré ici et les aventures d’Écrivains en séries « saison 1 ». Eh bien voici à présent : Écrivains en séries « saison 2 », à paraître le 20 octobre, plus bottinesque encore que le premier, avec 102 auteurs et 135 séries – ces chiffres sont susceptibles d’évoluer encore un chouilla dans la semaine qui vient.

J’ai heureusement appris de mes trois semaines de bouclage cauchemardesques en février et mars 2009, j’aborde donc ce challenge de secrétariat de rédaction, correction, harmonisation, maquette, etc. avec une relative sérénité. J’ai bien dit relative, je finirai bien par céder à la panique à un moment ou à un autre – étant donné, n’est-ce pas, qu’il y a d’autres livres à faire, choisir, défendre, écrire…

L’essentiel, c’est quand même qu’avec Emmanuel Rabu – créateur du projet –, nous sommes plus que ravis : enthousiastes et euphoriques devant l’extrême qualité des textes reçus. Il faut dire que, comme pour la « saison 1 », on a bien soigné le casting.

Voilà déjà la liste des séries dont on parlera dans Écrivains en séries « saison 2 ». Pas de répétition par rapport à la « saison 1 », exception faite de quelques séries cultes et/ou dont de nouvelles saisons sont parues entre temps (Lost, The Wire, Mad Men) et/ou dont le traitement est très différent : texte/intervention graphique (Dexter, Derrick). Vous pourrez y lire des textes à la fois sur des chefs-d’œuvre intemporels (Le Manège enchanté), sur des séries symbolisant ce qu’on s’est accordé à appeler le « nouvel âge d’or des séries » (Les Soprano) ou encore sur de toutes nouvelles séries de grands réalisateurs (Treme). Coming soon : la couverture de Danny Steve – qui avait réalisé la couverture d’Écrivains en séries « saison 1 » –, la liste des auteurs et une page de présentation, concoctée par Tony Lesterlin, sur le modèle de celle-ci (créée pour la « saison 1 »).

Les 4400 (The 4400) ; 90210 Beverly Hills : Nouvelle Génération (90210 (next gen)) ; Alerte à Malibu (Baywatch) ; Alfred Hitchcock présente (Alfred Hitchcock Presents) ; Alias ; Angels in America ; En analyse (In Treatment) ; Aqua Teen Hunger Force ; Arabesque (Murder, She Wrote) ; Les Arpents verts ; Astro Boy ; Au cœur du temps (The Time Tunnel) ; Au nom de la loi (Wanted: Dead or Alive) ; Les Aventures de Saturnin ; Baby Cart (Kozure Ōkami) ; Baretta ; Battlestar Galactica ; Beavis and Butt-Head ; Berlin Alexanderplatz ; The Big Bang Theory ; A Bit of Fry and Laurie ; Bones ; Bored to Death ; Breaking Bad ; Les Brigades du Tigre ; Californication ; Candy ; La Caravane de l’étrange (Carnivàle) ; Cashmere Mafia ; Chapeau melon et bottes de cuir (The New Avengers) ; Chateauvallon ; Les Chevaliers du Zodiaque (Saint Seiya) ; ChiPs ; Les Cinq dernières minutes ; Clara Sheller ; La Cloche tibétaine (Die Gelbe Karawane) ; Le Club des Gentlemen (The League Of Gentlemen) ; Le Commissariat de Tampy ; Conrad ; The Corner ; Coronation street ; Cosby Show (The Cosby Show) ; Cosmetic Paradise ; Cowboy Bebop ; La Croisière s’amuse (The Love Boat) ; Daktari ; Damages ; Derrick ; Deux flics à Miami (Miami Vice) ; Dexter ; Docteur Who (Doctor Who) ; Dollhouse ; Dream on ; Dr. Horrible’s Sing-Along Blog ; Duas Caras ; Dynastie (Dynasty) ; Edge of Darkness ; Entourage ; Les Envahisseurs (The Invaders) ; L’Equipée du Pony Express (The Young Riders) ; Faites entrer l’accusé ; Ma famille ; La Famille Addams (The Addams Family) ; Femmes$ de Footballeurs (Footballers’ Wive$) ; France tour détour deux enfants ; Freaks and Geeks ; Friends ; Fringe ; La Fureur dans le sang (Wire in the Blood) ; Gabriela ; Goldorak (Yūfō Robo Gurendaizā) ; Gossip Girl ; Les Griffin (Family Guy) ; Haine et Passion (Guiding Light) ; Happy Tree Friends ; Hartley, cœurs à vif (Heartbreak High) ; L’Homme qui valait trois milliards (The Six Million Dollar Man) ; L’Hôtel en folie (Fawlty Towers) ; How I Met Your Mother ; Les Insatiables ; The IT Crowd ; Jinny de mes rêves (I Dream of Jeannie) ; John from Cincinnati ; Journal intime d’une call girl (Secret Diary of a Call Girl) ; Kadi Jolie ; Kaamelott ; Kojak ; Kung Fu ; Life ; Lost ; I Love Lucy ; The L Word ; Mad Men ; Mafiosa ; Maigret ; Le Manège enchanté ; Mannix ; M*A*S*H ; MillenniuM ; Monk ; Monsieur Manatane ; Mushishi ; Les Mystères de l’Ouest (The Wild Wild West) ; NCIS : Enquêtes spéciales (NCIS) ; Une nounou d’enfer (The Nanny) ; The Office ; Pépin la bulle ; La Petite maison dans la prairie (Little House on the Prairie) ; Peyton Place ; Profit ; Le Renard (Der Alte) ; Six Sexy (Coupling) ; Skins ; Les Soprano (The Sopranos) ; Starsky & Hutch ; Star Trek ; Super Jaimie (The Bionic Woman) ; Superjail ; Sur écoute (The Wire) ; Les Télétubbies (Teletubbies) ; Les Têtes brûlées (Baa Baa Black Sheep puis Black Sheep Squadron) ; Thierry la Fronde ; Treme ; True Blood ; United States of Tara ; Urgences (ER) ; The Vampire Diaries ; Vidocq ; La Vipère noire (Blackadder) ; Walker, Texas Ranger ; Wallander ; Wonder Showzen ; Wonder Woman ; X-Files : Aux frontières du réel (The X-Files) ; Zorro.