dimanche, mars 30, 2008

& Fayçal Baghriche aussi

du 29 mars au 29 mai à Blank : 15, Passage Ste Anne Popincourt & 2, rue Nicolas Appert – 75011 - Paris – France
Ouvert sur rendez vous du mardi au vendredi de 14h à 19h.
Avec Claude Lévêque.


Fayçal Baghriche est né en 1972 , il vit et travaille à Paris. Diplômé de la Villa Arson, Nice, il a participé à la création du collectif Le Commissariat. Il est aujourd’hui directeur de la Galerie Léo Scheer, Paris. Il présente sa vidéo Point ligne et particules ainsi qu’une nouvelle pièce réalisée à partir d’une réglette de néon. « Les deux pièces sont le résultat d’une action simple et minime, un geste nonchalant appliqué sur des tracés déjà établis : La ligne de chemin de fer et les réglettes de néon standardisées. Dans Point, ligne et particules, je bombe un train à l’arrêt, lorsque celui-ci démarre, se dessine une ligne; dès qu’il prend de la vitesse, la peinture n’adhère plus à la surface, et un nuage de particules se diffuse dans l’air. Le film prend à contre pied la théorie des figures géométriques élémentaires selon laquelle une ligne droite est le produit d’une force appliquée dans une seule direction. Ici, la force unique qui crée le trait est exercée par le support lui-même et non par l’artiste. Mon action se limite à pointer un repère sur le train, lequel dessine sa propre forme, sa propre vitesse. » F.B

Image :
Fayçal Baghriche : Point, ligne et particules. Vidéo couleur, 2mn en boucle, 2008

samedi, mars 29, 2008

Emmanuelle Lainé expose

Au Palais de Tokyo à partir du 3 avril & at The Freak Show à partir du 11 avril.

Au Palais de Tokyo : "Avec GOLDFINGIA, du nom d’un siponcle - ver d’eau remontant au Cambrien et possédant un corps rétractable - Emmanuelle Lainé présente son nouveau prototype décliné en trois exemplaires. Fruits d’une rétro-ingénierie délirante, ces accessoires mystérieux évoquent un monde unicellulaire dans un western mâtiné de folk troubadour.

En 2004, Emmanuelle lainé inventait le DISCOPLANE, un disque volant au gabarit hors norme, auquel une extrême légèreté de structure confère un certain confort de vol.

Emmanuelle Lainé concevait peu de temps après une structure entre l’aile de papillon et la voile en fibre high tech. Cet hybride rendait hommage à Laird Hamilton, héros du sport extrême. À la recherche de plus grandes vagues, il eut l’idée d’utiliser un bateau hors-bord pour aller au large, réinventant la pratique du surf et sa « philosophie ».

S’appropriant la mythologie biotechnologique véhiculée par l’industrie du loisir ou élaborant un monde primitif éclectique, Emmanuelle Lainé braconne dans le monde des objets quotidiens pour bricoler des récits singuliers."

At The Freak Show, l'EXTRABALLE d'Emmanuelle Lainé et plein d'autres artistes :



Œuvres d'Emmanuelle Lainé montrées ci-dessus : Parasure, 2006 ; Discoplane, 2004 ; Laird, 2007 ; Extraballe, 2005.

jeudi, mars 27, 2008

La poésie, c'est sa ptite amie



Texte & musique : Sylvain Courtoux
Avec : Emmanuel Rabu
Clip : Philippe Boisnard

"La poésie c'est ma ptite amie" est tirée de l'album : Vie et mort d'un poète (de merde) à paraître en avril chez New Al Dante.

mercredi, mars 26, 2008

Fatigue > stress > burn out : début de lexicologie

Un article de Giulia Foïs dans Libération de ce jour : Stress, les mots qui font le mal

Des études en rafale, des livres en cascade, des statistiques en veux-tu, et des Observatoires nationaux en voilà : plus que jamais, le stress délie les langues et les plumes. Les sociologues sont à son chevet, les syndicats s’en inquiètent, et le ministre du Travail, Xavier Bertrand, vient d’en faire une priorité de santé publique. Oui, le stress au travail est la grande question de l’année. Serait-il pour autant le «mal du siècle», selon la formule consacrée ?«Non, c’est surtout un mot à la mode,répond le sociologue Marc Loriol (1) . Depuis que l’homme travaille, il peut souffrir d’épuisement, de perte de motivation, d’anxiété pour des raisons diverses… Les symptômes restent, peu ou prou, les mêmes et seules les étiquettes changent.» Les modes passent, les maux restent, mais les mots comptent pour se faire entendre. Et certains sont plus porteurs que d’autres. Rembobinage.

La fatigue des philosophes

Les Lumières ont éclairé d’un jour nouveau la notion de fatigue. Les philosophes, et Rousseau le premier, commencent à distinguer bonne et mauvaise fatigue. La première est liée aux activités de plein air, alors en plein essor dans la haute société. Plébiscitée, elle est vue avant tout comme un remède à l’irritation et la lassitude dont souffrent les autres, ceux qui restent au contraire travailler en ville. Victimes, eux, de la mauvaise fatigue. Le concept a plu. Au XIXe siècle, les scientifiques se sont jetés dessus : «Ils voulaient déterminer des critères objectifs pour diagnostiquer et traiter la fatigue,raconte Marc Loriol. Mais elle leur a échappé, se révélant trop complexe, et surtout trop subjective.» La science s’en est donc détournée. Le mot est retombé dans le langage courant. Et le mal est devenu commun. Selon les statistiques, 50 % à 60 % de la population souffriraient aujourd’hui de fatigue persistante. Trop banal pour être digne d’intérêt.«Et très mal vu par les temps qui courent, s’amuse le sociologue. Celui qui se dit fatigué est immédiatement soupçonné de paresse.» A l’heure du «travailler plus», ça fait sans doute un peu tâche…

La neurasthénie des industriels

«L’accélération des modes de communication oblige les hommes d’affaires à être plus réactifs. Les rapports sociaux de plus en plus soutenus supposent de réprimer ses émotions naturelles. Le mouvement du progrès exige de se projeter en permanence dans le futur.» Le constat ne date pas d’hier : il est dressé, en 1869, par un médecin new-yorkais, Georges Beard (2). En pleine révolution industrielle, il s’inquiète des pressions exponentielles qui pèsent sur les chefs d’entreprise. Il trouvera un nouveau mot pour qualifier l’épuisement nerveux dont ils souffrent : la neurasthénie. «A l’époque de l’électricité, les nerfs fascinent, explique Marc Loriol. Ils sont décrits comme un réseau qui transporte l’énergie à travers les corps. Cependant, le mot finit par passer de mode quand les médecins se rendent compte qu’il ne concerne pas seulement l’élite sociale, mais également les paysans ou les ouvriers.» La neurasthénie perd de son panache. Il faudra trouver autre chose.

Le stress des cadres

Depuis son apparition dans les années 30, le concept de stress a connu un succès phénoménal : aujourd’hui, 75 % des Français se disent stressés au travail, toutes catégories socioprofessionnelles confondues (3). «Comme les autres, le terme a séduit parce qu’il était rattaché au départ aux classes dirigeantes, rappelle le sociologue. Sans compter qu’un mot anglo-saxon sonne toujours mieux… Du coup, celui qui ne se dit pas stressé est éminemment suspect.» Flemmard. Ringard. Et tant pis si on ne sait pas très bien de quoi on parle. «On a essayé de décrire scientifiquement le stress. Mais là encore, le ressenti de chacun intervient tellement que le consensus satisfaisant est impossible.» Les travaux sur le sujet ont débouché sur une définition a minima : le stress est une réaction biologique de l’organisme à toute stimulation extérieure. Difficile de faire plus vague, donc tout le monde s’y engouffre. Difficile de faire plus réducteur aussi : «Le salarié est seul responsable de son état : sa réaction à ses conditions de travail est inadaptée. Sa faiblesse psychologique est en cause, pas l’organisation de l’entreprise. Ce qui arrange tout le monde.» Les experts mandatés sur le sujet par Xavier Bertrand avaient opté pour le terme de «risques psychosociaux». Les effets décrits sont les mêmes, mais l’environnement du salarié est pris en compte. Peine perdue : les médias ont préféré parler d’un rapport sur «le stress au travail». Ah ! la mode…

Le «burn out» des avant-gardistes

Qu’on se le dise, le burn out sera aux années 2000 ce que le stress était au siècle précédent : résolument tendance. D’abord parce que ça vient des Etats-Unis, donc ça en jette. Des psychiatres américains ont emprunté l’expression à l’aérospatiale dans les années 60 : comme une fusée retombe après avoir brûlé tout son carburant, le sujet n’a plus d’énergie pour rien, parce qu’il en a trop donné. Depuis une dizaine d’années, le mot s’impose en France. Il concernait au départ des secteurs précis : personnel soignant ou enseignant, policiers, pompiers… Mais l’étiquette distingue, donc on veut en être. «Lorsqu’on est en souffrance, se raccrocher à un groupe d’individus permet de trouver un sens à son mal-être, conclut Marc Loriol. On souffre des mêmes maux, on parle le même langage. C’est mieux encore si ce groupe jouit d’un certain prestige. Permettant une forme de distinction sociale, les mots offrent aussi de la reconnaissance.» Résultat, aujourd’hui tout le monde est en burn out. Même les mères de famille, si l’on en croit les féminins.

(1) Au-delà du stress au travail, collectif. Ed. Eres. (2) Cité par Marc Loriol dans Je stresse, donc je suis. Ed. Mots et Cie. (3) TNS Sofres, juillet 2007.,

dimanche, mars 23, 2008

Les fantômes de la célébration

« Faux barrage 10

La vie continue.

D.A.F. : Deutsche-Amerikanische Freundschaft. Non la supposée amitié germano-américaine de l’après-guerre, mais un groupe, allemand, composé de 2 et chantant d’une voix virile sur des rythmes annonçant la techno autre chose que l’amitié entre les peuples dans les années 80.

C’est mon idée de D.A.F. et je ne vais certainement pas, aux jeunes Algériens, imposer par un texte qui probablement ne les atteindra pas – ou l’équivalent en nombre de ce que nous sommes ici : poignée – un rappel (vaccinatoire) du D.A.F. : Déserteur de l’Armée Française

et peut-être qu’après tout ce rappel nous concerne plus qu’eux, car les méthodes et modèles de gouvernement en vigueur aujourd’hui en Alger sont, d’après ce que j’en sais, assez mal librement inspirés des modèles et méthodes de l’A.F.

créatrice de la guerre contre-subversive.
inventeur du faux maquis.
poète puis poiein c’est faire du faux barrage.

on voit alors à quel point la pensée de l’Armée Française me concerne et m’informe à l’égal de Molière dont le Géronte pleure la disparition d’un fils enlevé par des barbares en Alger
que cela justifierait bien, 2 siècles plus tard, une intervention préparée

je peux donc à bon droit me demander si parfois je n’écris pas comme un caporal et si parfois vous ne me lisez pas comme un adjudant
peut-être êtes-vous en ce moment même en train d’entendre un texte scout
mais comment pourrez-vous le reconnaître si vous-même vous êtes scout
vous, imprégné de scoutisme, jurerez vos grands dieux que ce texte n’est pas scout

— Ce texte n’est pas scout, la preuve : il est anti-militaire.

(par exemple), Mais chacun sait que le scoutisme fondé par un militaire anglais, tout en continuant à cultiver des techniques et pratiques militaires, peut se proclamer anti-militaire, Et que le fils d’un général, formé par un général, peut ne pas aimer les généraux, il n’en aura pas moins été formé par un général, Alors comment pouvez-vous savoir que vous n’êtes pas scout au fond Et Donc comment pourriez-vous m’apprendre si mon texte est scout ou ne l’est pas ?

Je n’ai plus qu’à travailler seule à débarrasser ce texte – qui peut-être n’est pas scout du tout – de tout scoutisme. »

Nathalie Quintane, Grand ensemble, POL, pages 33 à 35

samedi, mars 22, 2008

Plein jeux

… Tel est le titre de la dernière pièce de Pierre Henry, magnifique, qu’on pouvait écouter à la Cité de la Musique jeudi dernier, ainsi que La Grande Toccata, La Noire à soixante et Granulométrie, dans un dispositif sonore impressionnant, le maître à la table.

Bon, je le dis d’emblée histoire de m’en débarrasser, je suis nettement moins fan du jeu de lumières accompagnant la musique. Et puis je suis allergique aux fumigènes. J’en imagine bien la fonction ; ce travail lumineux peut servir de support visuel à un public très jeune (façon féerie des eaux au Rex) ou peu averti, soulignant les architectures musicales, appuyant les effets. Mais bon… L’avantage étant néanmoins qu’on peut fermer les yeux pour s’en passer ce qui est tout de même fort pratique et a d’ailleurs été fort pratiqué.

La Noire à soixante (1961) est, selon Pierre Henry, un « essai de structuration subjective du temps » et un « conditionnement rythmique à la mesure de chaque auditeur ». Bref, le fantasme de chaque musicien : pulvériser le métronome, carcan à la fois douillet et détesté. Le diffracter, mais en post percussionniste, en multipliant les battements dans une grande économie de moyen dont le classicisme rappellerait le projet du Clavier bien tempéré, par exemple. C’est une œuvre qui subdivise le temps en en conservant la logique, qui le provoque et en célèbre l’inéluctabilité. Une présence aussi indissociable qu’une ombre avec laquelle on joue, lui imprimant des formes décidées.

Granulométrie (1967) est une autre œuvre mythique, en ce qu’elle concrétise la rencontre de Pierre Henry et de François Dufrêne. C’est donc une pièce violemment expressionniste (comparée au "classicisme" de La Noire à soixante) qui se concentre sur le travail vertigineux de la voix : cris, murmures, borborygmes, râles… L’un de mes voisins de rangée en trouvait la facture un peu vieillie. Moi, pas du tout. Écouter Granulométrie avant ou après une pièce de Mike Patton, par exemple (je parle évidemment des pièces expérimentales), on aurait presque du mal à les dater. De surcroît, la rencontre des univers à la fois proches (la musique concrète/la poésie sonore) et distants (la voix, brute/la recherche sonore, symbolique) crée une alchimie profuse et sensible : la tension de ces deux extrêmes module une outrance éloquente, terriblement sensible.

Enfin, concernant Plein jeux, pièce en cinq mouvements (« Pressentiment », « Expérience », « Croissance », « Plénitude ») je vais citer Pierre Henry : « Une polyphonie de claviers, une miniaturisation de motifs musicaux exécutés sur un piano sont les principaux paramètres de cette composition.
Plein jeux est une aventure esthétique vécue comme une expérience intérieure : combat/exaltation, intensité/rythmicité, repos/pulsation. Je tente ici une réalité temporelle sans cesse recommencée. Pour moi, et en contradiction avec Gaston Bachelard, le réel est continu. »

jeudi, mars 20, 2008

Voilà

Une pièce remarquable de Philippe Minyana au Théâtre du Rond Point, allez-y voir !

mise en scène Florence Giorgetti
avec
Hélène Foubert - Nelly
Florence Giorgetti - Ruth
Nicolas Maury - Hervé
Émilien Tessier - Betty


Entretiens à propos de Voilà

En exergue de votre pièce, vous avez placé, un peu comme s’il s’agissait de figures tutélaires, des citations des écrivains Haruki Murakami et Jane Bowles. Pourquoi ?

Philippe Minyana : J’écris entouré de livres. Quand je lis, je souligne plein de passages. C’est une façon de m’approprier des mots. J’aime beaucoup Jane Bowles qui est un auteur trop peu lu à mon avis. Quant à Murakami, je dévore tout ce qu’il publie. J’aime sa capacité à aller voir dans les coins comme s’il soulevait un voile sur des détails étranges, inaperçus. C’est un peu ce que j’ai essayé de faire avec cette pièce en travaillant sur une dimension climatique avec des variations dans lesquelles surgissent de temps à autre des détails évocateurs, qui jouent comme un déclencheur, un supplément d’imaginaire. C’est un fil que je tire entre le banal et l’extravagant.


Vous travaillez sur le détail infime en installant un rythme très particulier jouant sur la différence et la répétition qui évoque une ritournelle. Il ne se passe presque rien en apparence, mais en vérité cela se trame dans le temps de façon subtile, en profondeur...

Ph. M. : « Ritournelle », j’aime ce mot. Ce sont des petites chansons naïves en surface, mais qui en même temps convoquent quelque chose de plus grave. J’aime aussi l’art naïf, les figurines, les marionnettes, les miniatures, c’est-à-dire toutes façons destinées à styliser le réel.


Parce que la pièce se déroule sous la forme d’une série de visites où les mêmes personnages réapparaissent. Mais on ne sait pas vraiment combien de temps se déroule entre chaque visite. On a presque des doutes même quant à la chronologie. C’est voulu ?

Ph. M. : Je pense qu’entre chaque visite il y a beaucoup de temps qui passe. Les personnages sont les mêmes, mais ils changent à chaque fois comme s’ils étaient des figurines humaines. La question c’est : comment capter les rites ordinaires ? Le thème de la visite permet cela. J’ai donc pensé la pièce sous la forme de cinq suites, c’est-à-dire cinq visites. Et j’ai voulu travailler sur l’écart entre le réel et la reconstitution du réel. Dans la pièce, il y a un coucou qui à un moment se dérègle ; il y a des chiens et des chats... J’aime bien imaginer que le chien se mette à parler tout d’un coup, comme une soudaine extension du réel vers le merveilleux.


De quoi parle cette pièce de Philippe Minyana dans laquelle vous jouez et que vous mettez en scène en duo avec Robert Cantarella ?

Florence Giorgetti : À mon avis, la pièce n’est pas racontable. On pourrait dire qu’elle parle du temps qui passe. C’est une pièce sur le temps et sur les variations du temps. On pourrait appeler ça « Les Variations Minyana ». Par moments on ne sait plus si on est dans un temps réel ou un temps de cauchemar. Il y a aussi cette obscénité du mot qui revient sans cesse. Car ils disent tout, ces personnages qui se retrouvent à différents moments de leur vie en se rendant des visites. Dans le théâtre de Minyana, le mot résonne, fait du bruit. Alors je crois que nous, les acteurs, nous sommes comme des choristes, nous devons trouver comment faire sonner ces mots. Et puis à certains moments, les personnages sont gênés, ils ne savent plus quoi dire, alors ils chantent un petit air. Il y a aussi dans Voilà un aspect que l’on peut traduire sous formes de vignettes un peu comme ces illustrations qu’on trouvait autrefois dans les livres de la Comtesse de Ségur. Il y a toujours un va et viens entre ce qui est réel et ce qui ne l’est pas, comme si les personnages se demandaient à chaque fois s’ils n’ont pas tout simplement rêvé ce qui vient de se passer.

mercredi, mars 19, 2008

Le Salon du Livre est terminé

... vous pouvez reprendre une activité normale.

mardi, mars 18, 2008

Bon & Babu

...Enfin vu François Bon, hier, au Salon du Livre. C’est drôle, c’était un peu comme rencontrer un correspondant, vous vous souvenez, quand on avait des correspondants à l’école primaire. On connaît nos bouilles, on s’est écrit, mais on ne se connaît pas, donc, on se connaît quand même. Mais se voir pour de vrai, c’est quand même irremplaçable car François Bon fait partie des personnes qui vous offrent un regain d’énergie et de générosité d’un sourire et d’un mot – c’est de cela qu’est tissé son Tiers Livre, son publie.net, etc.
Avec Alexandre Civico, on est ensuite allé jeter un œil aux nouveaux supports de lecture numérique. J’ai retenu celui-ci, certes un peu grand – à peu près une page de livre de format 140 x 205 – mais tout léger et assez proche d’une physique livresque, avec le feuilletage au pouce, sur la gauche. Et un petit crayon intégré, un peu comme sur un palm. Tout cela est encore trop gris pour moi et trop cher, fade, bref, ne suscite pas un désir d’achat. Attendons qu’Apple s’y mette…
L’événement inattendu du jour, c’était u Babu au Salon du Livre, visite surprise. C’est une des rares personnes qui ne cessera jamais de m’étonner, je crois – cela peut même aller jusqu’à la stupéfaction. Cela me rappelle la fois où il a fait exactement la même chose, à Madrid. Il a débarqué dans l’hôtel (calle Fuencarral, un truc atrocement miteux mais central) où je me trouvais pendant un voyage scolaire, sans prévenir – il avait déjà quitté la Corse. J’avais 16 ans et la réception m’annonce que mon père monte dans ma chambre. Comme on transgressait, gentiment, le couvre-feu, il a fallu que les garçons se planquent en catastrophe, deux sous les lits, un dans la douche, on a eu chaud, Virginie riait nerveusement sans s'arrêter tandis que mon père matait discrètement (pensait-il) les jambes d'Isabelle portant mini-short et débardeur. Bref, toutes les personnes que j’ai vues ensuite au Salon l'ont donc rencontré – François, je crois que s’il était arrivé avant, tu aurais eu une explication génétique à ma démarche décidée… J'étais un peu palotte. Babu et Pascal Arnaud ont ainsi pu discuter rugby (c’était trop technique pour moi) et vrais-faux passeports… On a parlé de La Loi, aussi.

dimanche, mars 16, 2008

Jour sans mais avec

… Ça a commencé au bureau de vote. Suite à une erreur de manipulation, au moment de signer et de glisser ma petite enveloppe bleue dans l’urne, l’assesseur s’est rendu compte que quelqu’un avait déjà signé à ma place, par erreur. Panique, « où est le président ! », « Josiane, on t’a dit de bien faire attention », etc. Pas très réveillée, j’ai tenté une blague régionale qui est tombée à plat, bien évidemment : « si on fait voter les morts et deux fois les vivants… » Bref, après une heure de retard, je file au bureau me charger d’exemplaires de Chut et, chargée comme si j’allais escalader le Kilimandjaro (avec des bottes à talons, bien sûr, sinon c'est pas drôle), je me dirige vers le Salon du Livre, retrouver Raymond Federman au stand Wallonie-Bruxelles. J’arrive à griller la file interminable grâce à mon badge – puisque l’entrée professionnelle était envahie de visiteurs, les contrôles de sécurité ralentissant le flux – et je fais un petit tour puisque j’ai un quart d’heure d’avance. Comme chaque année, je commence par aller me ruiner chez Allia, je passe devant le stand de POL, des hommes, dans l’allée, y commentent de façon désobligeante le tee-shirt blanc moulant, très moulant, de Nicolas Fargues – mais leurs femmes ont l’air bien intéressées par une signature – , je fais une bise au CIPM et puis, ah, c’est l’heure, je finirai mon tour plus tard, je file en W 86. Raymond commençait à signer à tour de bras quand on a entendu une annonce « Veuillez regagner les portes afin que nous procédions à une vérification technique. » Mouais. Euphémisme pour alerte à la bombe. Bref, cohue, stupeur, flotte, clopes mouillées, affamée (soyons positif : évité l’un des immondes sandwich hors de prix du Salon, plutôt), mon sac toujours aussi lourd (Allia y ayant remplacé Laureli), on papote et plaisante une bonne demi heure avec Éric Pesty et les IMHO, et puis au moment où la foule devient vraiment trop dense et qu’on nous refoule hors de l’enceinte de la Porte de Versailles, Raymond et moi décidons de renoncer pour passer à une autre lutte : celle des transports en commun. Inutile de rêver d'un taxi. Grâce à mon professionnalisme en la matière, je parviens à caser une demie fesse sur un siège de bus où j’entends la phrase suivante : « Toute la France est enceinte. Hé ben, la France, elle travaille. » J’ai l’impression que le XVe arrondissement est infini, de magasins de luxe en façades grises, que la Quatrième dimension fait des siennes et que plus jamais je ne quitterai le XVe arrondissement. Un bus hanté, peut-être, un déplacement cosmique (pas climatique, c’est bien ma veine) du Triangle des Bermudes. Enfin, le VIIe est arrivé, puis le VIIIe, le IXe, le XVIIIe… Heureusement que Raymond avait pu rencontrer de nombreux lecteurs à la librairie Libralire vendredi. C’était un moment magique – comme tous les moments passés en sa compagnie.



Photo Steve Murez

Grindhouse



Enfin vu le dernier Tarantino, Death Proof, grindhouse diptyque avec Planet Terror de Roberto Rodriguez - que je n'ai pas encore vu. Je lis dans plusieurs critiques que le film (Death Proof) serait "trop tarantinien" parce qu'on y reconnaît un certain régime de dialogues, des cadrages, un mode de pertubation filmique, de détournement, une BO soignée... ça me fait doucement marrer. Non mais c'est vrai, quoi, au bout de trois mesures d'une fugue de Bach, on en démasque le compositeur, pareil avec cinq lignes (en coupant la phrase...) de Proust, on le reconnaît tout de suite. Depuis quand le style est-il un élément en défaveur d'un objet esthétique ? Death Proof est un film de Tarantino super tarantinien. Tant mieux !
Bon, je ne vais pas faire mon Allo Ciné, allez-y voir, et le film, surtout. Et écoutez la bande originale qui est, en effet, somptueuse. Un petit aperçu ci-dessous.









Mea maxima culpa

... l'un des oublis impardonnables de la track-list du Contre-Journal du 13 mars... je me doute bien qu'il y en a bien d'autres... désolée...

jeudi, mars 13, 2008

Libération !

Ne manquez pas le Libé des écrivains de ce jour, m'est avis, un sacré collector.

Pour ma part, j'y ai coordonné le Contre Journal (rubrique de Karl Laske, l'article paraîtra sur deux jours) et écrit quelques autres papiers... notamment en sport (hé oui !) et en économie (hé oui !). Non sans une certains angoisse de se confronter à des matières si distantes en un temps si court (pas le temps de se faire une crise de pourquoi et dans quel état erre-je ?), et avec un nombre de signes limités ! (pas l'espace de la digression, ou, ne se concentrer que sur ce qui digresse, strictement) mais c'est la règle du jeu. Et ma foi, elle est sacrément passionnante.

Une vraie ambiance de colonie de vacances, des échanges uniques, des rencontres, une journée qui est passée trop vite... merci Libé !

mardi, mars 11, 2008

À quelques jours du Salon du Livre



Le Prix littéraire par Jean Poiret & Michel Serrault.
Merci, m'sieur Tugny, pour le lien !

lundi, mars 10, 2008

Toujours dire jamais...

ou ne jamais dire toujours ou ne jamais dire jamais ou toujours dire toujours...

dimanche, mars 09, 2008

« It’s very expensive to be me. »


… lecture du très chic roman collectif Une chic fille, chez Naïve, dans le train Paris > Rennes, caressé le chien du bar/bureau de tabac de la rue de clignancourt, reçu la republication en un volume du Jardin Ouvrier (1995-2003), la revue d’Ivar Ch’vavar, publiée par Yves di Manno chez Flammarion, évité l’averse en allant voter, oublié d’aller au Marché, adoré 30 Rock ! fume trop, travaillé sur le Contre Journal de Libé à paraître le 13 mars, fait mumuse avec les presets de l’orgue B4, une petite merveille, mais je sèche, côté composition piano, sur une transition entre un do # M et un do m 7, quelle idée, aussi, bon, ça se débloquera tout seul…

« *
– Houston, le 22 octobre 2001 –
Sugar Pie, caniche

Chien chien à sa Nana. Moi. Chic. Caniche ma race. Aboie. Chut. Pas sauter. Zizi stop. Pipi maintenant. Poutou. Ici. Non, ici. Là. C’est pour qui le joli bobol. Pas sauter. Chut. Doucement. Doucement. Voilà. Qu’il est mamour. Zizi stop. Moi caniche à sa Nana. Chic. Concon le chien. La nounou. Dans le cul à son moimoi le crayon. La cutie nounou à son caniche. Elle est pas là ta maman. Dans le cul. Non, ici, pas zizi, non. Voilà maman, il est vontent, il est con, va voir maman, voilà. Chic. Non, ici. Zizi stop. Oh les mamours. Moi content. Pas besoin prozac. Chut. Aboir prozac. Non, pas besoin prozac du bobol. Pas besoin prozac du cul. Les mamours. Oh mamour. Le joli chienchien à sa Nana. Lui manque que la parole. Si manquait pas saurait Nana maman mamour pour crayon du cul la nounou. Pas besoin crayon du cul, pas besoin la nounou. Méchante avec moimoi. Moi pas crayon dans le cul si Nana pas là. Moi pas nounou. Doucement. Gentil. Zouzou. Mamour. Pas zizi. Non, ici, là, chut, pas sauter, ici, pas zizi, pas sauter, ici, là, là j’ai dit, là, là, là. Gentil chienchien. Nana contente. Zouzou. Poutou ma race. Rerepoutou. Qu’il est mamour. Qu’il est concon. Chic. Rererepoutou. Mamour. Doucement. Voilà. Pas zizi. Pas sauter. Ici, Nana. Chic. Cuite moimoi. Ici, non, là. Ici. Oh les mamours. Voilà. Doucement. Pas zizi, pas sauter. Chut. Aboie. Chut. Aboie. Chut. Aboie. Chut. Aboie. Ta gueule à moimoi, maintenant. Prozac. Méchante Nana. Méchante nounou dans le cul. Prozac à moimoi pas zizi. Pas crayon nounou dans le cul. Pas sauter. Mamour. Couché. Non, ici. Couché. Prozac. Pas zizi. Moimoi. Couché.

* »

Une chic fille, collectif Inculte, Naïve, p. 92-93.

(dessin noir & blanc d'Ivar Ch'vavar)

mercredi, mars 05, 2008

Factuel caramélisé

… je confirme que l’idée de se gaver de Häagen-Dazs ou tout autre mélanger détonnant sucres rapides/graisses giga-saturées pour dissiper une déprime de quelques heures (c’est ça les filles qui ne dorment pas assez, des enfants grincheux) est une très mauvaise idée, sauf si on aime cultiver les crises de foie. Ça c’est de la faute d’Emmanuel qui me fait mater plein de séries télé américaines où des brindilles taille 32 font semblant de noyer leurs chagrins d’amour et autres manques en s’adonnant à ce genre d’exercice – je sous-estimais l’utilisation télévisuelle de la valeur symbolique des produits laitiers (des sensations pures). Pourquoi faut-il donc que je prenne les métaphores au pied de la lettre ?

Pour une fois, revenons aux valeurs locales : huîtres/champagne en temps fastes ou vin blanc/vin blanc pour les vaches maigres – à compléter. Si si, c’est quand même un peu moins mauvais pour le foie. Et surtout, dormons. Puis courons. Un matcha, et ça repart.

mardi, mars 04, 2008

Bredouille

… N’ayant peur de rien, ou presque, ou animée d’un certain sens de l’ironie, je ne sais, j’avais contacté l’entreprise Ovomaltine pour leur proposer un partenariat concernant la publication de Suite suisse d’Hélène Bessette, qui ne se nourrit presque que de ce produit, dans le livre :

« L’ovomaltine est mon bonheur.
J’ai vu un panneau indicateur en forme de flèche marqué « Ovomaltine » « La route Ovomaltine ».
J’ai suivi la route.
Depuis deux jours je vis d’Ovo.
Je bois Ovo. Buvez Ovo. Je consomme Ovo. à raison de trois doses par jour. »

J’avais donc écrit, en janvier dernier :

« Madame, Monsieur,

Je suis directrice de collection et je publie en mai prochain un livre d’Hélène Bessette, qui s’appelle Suite suisse. L’auteur bénéficie d’une bonne reconnaissance en France et a été plusieurs fois inscrite sur des listes de prix littéraires.
Cette publication devrait être portée par un engouement à la fois critique et publique.
Dans ce livre, l’auteur, qui s’est exilé en Suisse en raison de conditions de vie difficiles, en France, pour un écrivain, ne se nourrit quasiment que d’Ovomaltine et le répète à de nombreuses reprises.

C’est pourquoi j’ai songé à vous demander si vous seriez intéressé par un partenariat pour la publication de ce livre : financièrement ou à travers le pré-achat d’un certain nombre d’exemplaires. Il s’agit, certes, d’un objet littéraire dont la visée n’est pas explicitement publicitaire, mais qui fait, indirectement, la promotion de votre marque. Il pourrait donc constituer un cadeau d’entreprise original, et de cachet.

Je joins également à cet email une sélection d’articles sur Hélène Bessette. Mais la totalité est actuellement mise en ligne sur notre site Internet.

N’hésitez pas à me contacter pour tout renseignement complémentaire ; je tiens également à votre disposition les épreuves du livre qui seront prêtes dans une dizaine de jours.

En espérant que ma proposition saura attirer votre attention, je vous prie de recevoir, Madame, Monsieur, mes meilleurs salutations.

Laure Limongi »

Mais bon, ça ne marche pas à tous les coups – voir, peu souvent…