lundi, novembre 30, 2009

Le Zaroff chez Pensées Classées

Mardi 15 décembre, nous vous attendons à la Librairie Pensées Classées, à Paris, pour une lecture et une signature du Zaroff par Julien d’Abrigeon, avec la présence du Tampographe Sardon muni d’une valise entière de ses tampons – à vous arracher dans un combat sans merci. C’est à partir de 19 heures. On vous accueillera comme des comtes en claque.


Librairie Pensées Classées
9 rue Jacques Cœur
75004 Paris
Métro Bastille


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vendredi, novembre 27, 2009

De la typographie foucardienne

« L’écriture est une prison. Chaque prison a son règlement intérieur. Les traits d’union y sont prohibés car ce sont des objets contondants qui peuvent blesser les gardiens, impressionner les détenus ou forcer les serrures. Pas de traits d’union. »

Daniel Foucard


Photo prise dans l’atelier du Tampographe Sardon – préparation de tracts.

lundi, novembre 23, 2009

CASSE : question de fab, épisode 13

En ce moment, je travaille sur CASSE, le troisième livre de Daniel Foucard publié chez Laureli/Léo Scheer, le sixième de l’auteur après Peuplements (Al Dante, 2000), Container (Sens & Tonka, 2001), Novo (Al Dante/Éditions Léo Scheer, 2003), COLD (Laureli/Léo Scheer, 2006), CIVIL (Laureli/Léo Scheer, 2008). CASSE paraîtra le 6 janvier avec une couverture de Jean-Luc Moulène – ne vous fiez pas au brouillon de maquette qui apparaît ici. L’image sera la même, mais j’ai un peu de mal avec la composition de titrage – caser des ronds et de la typo linéale dans un rectangle, c’est plutôt coton… Le résultat final sera donc vraisemblablement un peu différent.

Je travaille aux corrections sur Word. Après avoir passé le manuscrit de Daniel en Garamond – il écrit en Arial, j’arrive difficilement à corriger en Arial… Alors on a toujours le même protocole : je passe le manuscrit en Garamond, je corrige, et puis je fais la maquette en Univers – une linéale, un peu comme l’Arial, mais en mieux. J’ai passé une demi-journée à fouiller dans les familles de linéales pour me rendre compte que décidément, l’Univers (ça m’aura en tout cas permis de bien ranger mon Suitcase par familles et de découvrir – à travers des clics digressifs – plein de typos ornementales qui serviront peut-être un jour, ponctuellement)… Et puis la plupart de ces polices sans empattement sont en général crées pour les titrages, l’affichage… pas pour du texte littéraire dense. Donc l’approche en est parfois très surprenante – c’est-à-dire qu’on peut moins facilement jouer avec l’approche qu’avec une garalde, on se retrouve avec des lignes très denses ou très blanches pour éviter une veuve, une orpheline ou une coupe hérétique… Déjà que c’est acrobatique en Univers, j’ai pas eu le courage de me casser le nez sur les quelques Linotype qui me séduisaient.

Mercredi, je vois Daniel pour qu’on bosse sur le texte. J’aime beaucoup ce moment auteur/éditeur. C’est l’un des grands cadeaux de ce métier ! Être en prise directe avec l’écriture, intégrer sa logique pour pouvoir faire des propositions, agir en maniaque du détail au service de l’auteur.

J’aimerais qu’à travers ce livre, le grand public comprenne ENFIN qui est Daniel Foucard. C’est-à-dire, disons-le sans ambages, une lecture incontournable.

Je ne doute pas que ça arrivera un jour. Je trouve juste un peu égoïste qu’on ne soit pour l’instant qu’une bande d’initiés – certes surpassionnés et hyperactifs et certes la bande grossit chaque jour de nouveaux lecteurs – à le savoir. C’est dégueulasse pour le reste du monde qui passe à côté d’un grand auteur simplement parce que l’info n’est pas assez relayée…

J’aimerais bien que ça arrive vite pour Daniel, aussi. J’en ai un peu marre qu’on s’exclame la larme à l’œil, qu’on déplore être passé à côté de, qu’on crie au mythe une fois que les vers sont en train de bouffer les intestins des écrivains. ça devient dur pour eux d’en profiter, à ce moment-là. C’est aussi mon travail de tout faire pour informer, en temps et en heure, transmettre mon enthousiasme et tenter de faire en sorte que les livres soient ouverts par la critique – ce qui n’est pas vraiment une critique envers la critique, en tout cas, pas une critique de tous les critiques ; j’ai eu l’occasion, il y a quelques mois, d’aller dans le bureau de la responsable livre d’un quotidien national et j’ai failli faire un arrêt cardiaque en constatant qu’elle travaillait derrière des murs de livres de 3 mètres de hauteur… Il n’est pas humainement possible de tous les ouvrir. Alors a fortiori, les lire… Alors c’est un combat de tous les instants. Avec une artillerie assez limitée, aussi limitée que la détermination est grande.

Je sais que c’est l’un des prix de l’« exigence », ce mot dont on nous rabat les oreilles – je ne vais pas me plaindre, c’est toujours mieux que le glacial et inapproprié « expérimental » – pour désigner une écriture qui ne donne pas dans le produit formaté. Mais avec le côté Quijote qui est le mien, ne comptez pas sur moi pour baisser les bras.

jeudi, novembre 19, 2009

L’effet Doppler du foimentir

(Ou : « Question de fab, épisode 12 », si je ne m’abuse.)

Le Silure est en train d’être imprimé, composé en Esprit, avec des apparitions d’Animalia et de Compendido. J’ai longtemps hésité avec Candida en guise de fonte principale ; l’approche me semblait tout de même plus confortable en Esprit.

Le livre comporte – à la façon de Tristram Shandy – une page noire, dont j’espère qu’elle ne maculera pas, même si je me suis accrochée à l’impression sur bouffant 80 g au lieu de choisir plus raisonnablement un offset…

La couverture est – comme toutes celles d’Emmanuel Tugny – de Nathalie Talec. C’est une aquarelle sur papier de 20 x 22 cm qui se nomme « Celui qui croit être un insecte », avec un fond végétal que j’ai éliminé pour insérer l’image en couverture de crainte que l’effet matière rende mal, flou – sans compter les discrètes ombres créées pas le papier légèrement gondolé sous l’effet de l’aqueux mélange teinté. Et puis aussi parce que placer une typo colorée sur du vert sans que ça vibre – la couleur de titrage choisie restant en harmonie avec le reste de la composition – c’était pas gagné… Voilà donc ce que ça donne, en écran capturé.


Le Silure est en train d’être imprimé, dans une imprimerie où les conducteurs machine ne sont plus appelés « ours » ni « singes » mais vous les retrouverez dans le livre…

mercredi, novembre 18, 2009

Très grande tristesse



André Benchetrit
1955-2009


Le Bord de la terre, roman, éditions L’Une et l’Autre, 2009.

Très-Grande Surface, roman, Éditions Léo Scheer, 2004.

Impasse Marteau, roman, éditions Actes-Sud, 1999.

Le Ventre, roman, éditions P.O.L, 1995.

etc.

Photo © André Benchetrit.

Sous réserve

… Je me rends compte que je n’avais pas mis en ligne l’article sur le premier livre d’Hélène Frappat, Sous réserve, publié dans La Revue Littéraire n°6 en 2004. Voilà qui est fait, pomme C pomme V :

« Je forme une entreprise qui n’eut jamais d’exemple et qui n’aura jamais de successeurs »... mais – pourrait-on ajouter – beaucoup de prétendants à la « confession » pourtant : la traque minutieuse du moindre mensonge, la présentation aux yeux du monde dans le plus simple appareil d’une conscience qui se lave en public.
Objectif ? Susciter le réflexe cathartique d’une compassion (il ou elle vaut autant que moi, je vaux autant que lui, pas mieux pas pire, j’ai moins honte de mes faiblesses en découvrant les siennes – + supplément voyeurisme – , telle est la nature humaine, toujours trébuchante mais si attachante, alors ya pas de raison pour que quiconque d’entre nous grille en enfer, hein, même en alignant tous les petits forfaits, toutes les petites lâchetés... = la grande fraternité solidaire des h-u-m-a-i-n-s trop humains...). Voilà pour l’émotion facile d’un genre aujourd’hui galvaudé ; passons à l’analyse singulière d’un objet qui ne l’est pas moins.

Roman composé de 477 fragments entrecroisés, Sous réserve se veut ainsi un livre à contraintes : « Règle numéro 1. Il ne doit se trouver, à l’intérieur de ce livre, aucun mensonge. Règle numéro 2. Je dois y avouer, sans exception, tous mes mensonges ».
Sous le haut patronage du Rousseau des Confessions1, Hélène Frappat fait alterner citations (Kant et correspondance de Kant, Rousseau et correspondance de Rousseau, Hawthorne, François Lyotard, Dante, Wittgenstein...) et révélations personnelles, dans une progression narrative, celle d’une vie – qu’il conviendra au lecteur de découvrir : l’enfance, la scolarité, la lutte contre le négationnisme et l’engagement, les histoires d’amour, leurs trahisons, la famille et ses silences... Un trajet signifiant qui démontre formellement vouloir éviter l’écueil de l’exemplarité et de l’érection d’une statue narcissique.

L’originalité de cette structure n’a rien d’un artifice. La narratrice – multipliant les actes de langage extérieur dans un jeu de caché montré – y développe sa volonté de ne pas se laisser empêtrer dans les leurres qu’elle exhibe à dessein : le « mensonge », la « vérité », pouvoir distinguer les deux comme le blanc et le noir, monde acéré mais rassurant du manichéisme : « 14. (...) Je croyais au secret, à l’imposture, au mensonge. 15. Lorsqu’il renonce au militantisme, Jean-François Lyotard quitte un groupe où l’on pense que la vérité ne transige pas. Des années plus tard, il racontera comment, abandonnant la théorie-vérité, il est devenu un artiste de la théorie-fiction. 16. Le moment est venu d’interrompre la terreur théorique. Le désir du vrai, qui alimente chez tous le terrorisme, est inscrit dans notre usage le plus incontrôlé du langage, au point que tout discours paraît déployer naturellement sa prétention à dire le vrai, par une sorte de vulgarité irrémédiable. Or le moment est venu de porter remède à cette vulgarité, d’introduire dans le discours idéologique ou philosophique le même raffinement, la même force de légèreté qui se donne cours dans les œuvres de peinture, de musique, de cinéma dit expérimental, évidemment aussi dans celle des sciences. Ce qui nous fait défaut est une diablerie ou une apathie telle que le genre théorique lui-même subisse des subversions dont sa prétention ne se relève pas ; que le vrai devienne une affaire de style.»

Révéler sans croyance en la révélation, exhiber son incessant questionnement théorique sur la question de la « vérité » tout en narrant « naïvement2» ses mensonges, ses tricheries, ses choix.

Fantomette combat pour la vérité... masquée !

Loin de chercher une voie médiane, acceptable, la vraisemblance d’un caractère, d’un destin, Hélène Frappat fait siens ces paradoxes pour offrir un portrait diffracté, vibrant, une myriade de polaroïds contradictoires sans que se trouve là l’essentiel de ce roman. Pas un panégyrique du « moi » mais la recherche du « style » – la « diablerie » d’un « style » – dans la vibration entre énoncés hétérogènes, le frottement des citations, les collisions temporelles, la rencontre de figures historiques et personnelle.

Sous réserve s’ouvre d’ailleurs sur une lettre de Maria von Herbert à Kant, l’appel au secours poignant d’une lectrice désespérée au philosophe : par un « grand mensonge », elle a perdu son grand amour ; la fréquentation assidue des œuvres du philosophe ne lui est plus d’un secours suffisant, elle a besoin d’une réponse directe. Et le grand Kant, depuis son refuge de Königsberg pourtant bien éloigné des vicissitudes amoureuses, sera touché et lui répondra...

Les héros de ce vaudeville philosophic’autofictionnel, donc : le mensonge (/la vérité), la honte (/plaisir et « péché »), la sanction (/la mort). La dénudation par petites touches et brouillage référentiel pléthorique d’un secret-matrice, moteur de cet auto « épluchage » (p. 48) minutieux exhibant sa vacuité avec l’énergie d’un désespoir qui ne s’avoue pas.

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Notes :
1- « 30. Je m’étais choisi un compagnon, un modèle, un maître, et c’était Rousseau. Je me souvenais avec terreur du silence qui accueille son aveu dans les dernières lignes des
Confessions. » (p. 20)
2- « 24. (...) « La
naïveté est l’explosion de la droiture originellement naturelle à l’humanité contre l’art de feindre devenu une autre nature » ». (Kant, Critique de la faculté de juger).

Hélène Frappat, Sous réserve, Allia, 2004.

mardi, novembre 17, 2009

Dans le désordre, donc…



Jeudi 12 novembre, nous participions à une soirée Hélène Bessette à la bibliothèque Mériadeck de Bordeaux, organisée par le festival Ritournelles, avec Noëlle Renaude, Fred Léal et Julien Doussinault. La bibliothèque a fait un magnifique travail de documentation, la lecture de Garance Rose (un livre d’Hélène Bessette paru en 1965 chez Gallimard, pas encore republié – mais ça ne devrait pas tarder) par Noëlle Renaude est toujours aussi impressionnante et c’est un bonheur d’écouter Fred Léal ainsi que de découvrir de nouvelles anecdotes bessettiennes à travers l’inépuisable passion de Julien Doussinault.



Et puis j’y ai rencontré Danielle Mémoire que je lis avidement depuis des années – elle était l’une des invitées du festival Ritournelles. Une rencontre, oui, une vraie.



Contre toute rationalité économique, j’ai acquis dix moules à canelés en cuivre – puisque la réalisation de canelés maison est l’un de mes objectifs 2010. Il faudrait sans doute que j’accepte un jour le fait que j’ai en général à peine le temps de faire cuire des pâtes… J’imagine que cet investissement – que je léguerai un jour à ma nièce et qui pourra en faire des photophores originaux si elle n’a pas apprivoisé la recette à ce moment-là – est une manière de lutter contre le courant…



Première photo : Claude Chambard.

La suite, dans le désordre

Hier, c’était la soirée du Prix Wepler, fondation La Poste. C’est le seul prix littéraire auquel j’assiste depuis des années et j’y anime toujours le dance floor en fin de soirée – sur un mix d’Anne Garreta – pourtant éclipsée cette année par les prestations chorégraphiques extrêmement impressionnantes de Johan Faerber… Je m’incline, Johan – faudra quand même m’expliquer un jour comment tu fais ça.

En plus, comme j’ai été sage – ou terriblement diabolique, on peut jamais savoir… – j’ai eu des bons points du Tampographe… Chic !

Il faut aussi souligner – autre événement – que cette soirée était celle du retour au monde de Claro, actuellement en train de finir son prochain livre qu’on a hâte de lire, Madman that missed you et qui est apparu en grand forme et tout bronzé, ou alors je suis tellement pâle que je trouve tout le monde tout bronzé, je sais plus – comme quoi on a le droit de finir un livre en humant les embruns, j’essaierai de m’en souvenir.

Vous le savez sans doute puisque c’est dans la presse, Lyonel Trouillot a gagné le prix avec son livre Yanvalou pour Charlie (Actes Sud) et Hélène Frappat avec Par effraction (Allia) a remporté la mention. Qu’ils soient ici chaudement félicités ! Je n’ai pas besoin de réitérer mon goût pour l’écriture d’Hélène Frappat. Par contre, je dois avouer ne jamais avoir lu de livre de Lyonel Trouillot… ce qui va changer très vite car j’ai été, comme beaucoup, impressionnée par son discours, d’une justesse et d’une humilité extrêmes. Kart de Frédéric Junqua et Les Carcasses de Raymond Federman étaient sur la liste du Wepler, avec d’autres livres que j’aime comme Dans les ombres sylvestres de Jérôme Lafargue (Quidam) et L’Autoportrait bleu de Noémie Lefebvre (Verticales) mais, que voulez-vous, c’est la loi des prix, il faut un lauréat ! Et puis, ce qui est bien avec le Wepler, c’est qu’on sait que c’est un choix de lecteurs…

Un hommage a été rendu à Raymond Federman ainsi que le souhaitaient Marie-Rose Guarnieri et les autres membres du jury. Nous avons lu un court extrait des Carcasses avec Nathalie Lacroix – libraire du Comptoir des mots à Paris, membre du jury. Raymond était tellement heureux d’être sur une liste de prix français ! Il était présent à travers son écriture. Il le sera toujours.

J’en profite pour vous signaler un remarquable article de Frank Wagner sur Raymond Federman.

mercredi, novembre 04, 2009

Le Zaroff : résumé des épisodes précédents

Encore un long moment d’apnée… Décidément, ça ne s’arrange pas !

Entre autres choses, Le Zaroff de Julien d’Abrigeon a pris la forme d’un livre de 128 pages qui paraîtra le 25 novembre. Un cadeau de Noël idéal pour dire à vos proches combien vous les aimez. Vous pouvez même préparer un coffret-cadeau personnalisé avec Le Zaroff + un tampon du Tampographe Sardon – dont j’avais parlé ici – puisque c’est lui qui a réalisé cette belle couverture avec des squelettes en plastique – j’en ai un en souvenir, qui décore mon bureau rue de l’Arcade, à côté d’un crâne rouge et noir de rituel candomblé brésilien. C’est du plus bel effet.

Vous avez le choix. Zaroff + « Le grand esquelette », Zaroff + « Kommanduturlututu », Zaroff + « Majeur », Zaroff + « Chrétiens de gauche », Zaroff + « Usage de faux Dubuffet»… Pour toute la famille (ne convient néanmoins pas à un enfant de moins de 72 mois) et pour tous les budgets.

Très heureuse, donc, d’être l’éditrice de l’implacable Zaroff. Guettez des lectures publiques du texte ! Julien d’Abrigeon est également l’un des membres des amis BoXon – dont j’ai déjà dû parler ici, j’ai la flemme de chercher les liens, mais vous trouverez facilement. Je ne résiste pas à l’envie de vous montrer deux vidéos de coulisses BoXoniennes – Julien n’y apparaît pas, hélas, mais c’est tout ce que j’ai trouvé sur le net. Je tâcherai de vous montrer d’autres choses prochainement.