mardi, novembre 22, 2005

« message personnel »

{ ou

l’abC

ou

de la bergère à la bergère }


Le RSS toc à la porte.

Alors on lui ouvre, bien entendu ; le froid dehors, le vacarme des véhicules, on aperçoit même, aux feux rouges, des animaux aux longs cils s’entredéchirer à belles dents en se faisant des sourires ensanglantés et des papouilles dans le sens poli du poil – « comment va votre femme ? Oh, le feu est vert, donnons-nous la main, traversons de concert. »

Alors on lui ouvre, on le fait entrer pour s’extraire de la meute, on ne voudrait pas qu’il prenne froid, et on le dévisage un peu, quand même.

Et ça circule.

On n’a que faire des coups de griffes. Ni des querelles, ni des humeurs. On est au-dessus ou en dessous, bref, ailleurs, non ? Dans une autre tonalité, on joue notre vie toujours en mineur avec accords poker, mélodies en Black Jack et points d’orgue à la roulette. On compte les jetons en les dilapidant. Le temps qu’il fait est toujours un décor indiscret, du Sud au Nord. Le rythme intérieur, souvent absurde, remplace les minutes du cadran. C’est ainsi, on s’adapte. On finit par s’adopter. Oui on est à vif, désespérément à vif, ça goutte deçà delà, du rouge pommette au noir tomate, en sueur de temps qui passe, c’est bien le moins, le poids de l’œil écarquillé, de l’histoire-vertige et de la veille imposée qui hurle en continu les souvenirs, les mensonges, la mort. Alors entre deux gouffres, on vit sa vie en changeant souvent de masque pour qu’on nous laisse un peu tranquille, au jour le jour, tandis qu’on se harcèle en tentant sournoisement de débrancher la machine. On a l’impression d’avoir tout vécu, et puis rien du tout. On aime les eaux changeantes car on risque toujours de s’y noyer – et que ça économiserait une stratégie destructrice de plus. Et puis ça permet de tester ses nages, son souffle, son imperméabilité. Les cheveux trempés et l’avancée en sirène, fendre l’eau, vers. Toujours vers. On aime par-dessus tout les gens qu’on aime parce qu’on les aime, qu’on les a toujours aimé et qu’on les aimera toujours. Parce que ce sont eux (parce que c’est nous) et c’est tout.

Le reste n’est, vraiment, que littérature.

Aucun commentaire: