Banal lambeau de rêve, en attendant
L’envie de prendre des photos tout le temps mais le poids de l’appareil gêne ainsi que toutes les pesanteurs – et le compact numérique d’un autre temps – se sentir le dinosaure d’une époque de clic clac de chambre claire mécanique, de noir et blanc, (de vieilles correspondance à stylo plume aussi), de profil reconnaissable en objectif, sans en supporter l’inconfort, ahhhhhhhhhh le caprice, le dilemme.
Aujourd’hui – c’est l’aujourd’hui en blog, l’instantané des petits enfants sages – il pleut comme une vraie journée d’automne. Cela me rappelle toujours cette poésie apprise à l’école primaire et qui me semblait si exotique, récitée de Corse : Anatole France décrivant le jardin du Luxembourg à la rentrée des classes, déjà froid, déjà des feuilles mortes se ramassant à la pelle (mais ça ce n’était déjà plus lui) – et nous, nous allions toujours à la plage en imaginant ses culottes courtes en laine rêche, pauvre Anatole – aujourd’hui, « il pleut sur mon cœur comme il pleut sur la ville » conviendrait aussi, mais c’est décidément trop exotique la poésie qui va à la ligne avec des échos comme les sémaphores gnangnan d’une grand-mère qui ne cesserait de prodiguer de bons conseils « mange ta soupe », « mets des gants », « lave-toi les dents », « ferme mieux ton manteau », « sourit à la dame »...
Le fil et la lecture, aussi :
Il y a donc la guerre quelque part
Au moins des images nouvelles.
ne pas y penser, non, nous sommes perdus
(Je pourrais encore nager jusqu’à l’île)
les étoiles fixes défient tout évaluation. Plusieurs scintillent rouge, comme en colère, d’autres d’un bleu d’esturgeon
ne pas y penser, non, nous sommes perdus
banal lambeau de rêve
d’un vert sans fin
je suis mon unique objet – moi, et quelques étoiles
(Plusieurs scintillent rouge, comme en colère, d’autres d’un bleu d’esturgeon)
Tout cela n’est-il pas devenu un conte ?
ne pas y penser, non, nous sommes perdus
Un vocabulaire limité à certaines teintes vocales
Voilà pour la trace du jour glissant, en attendant
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