rose Côte d'Azur
Il y a des façades aveugles et roses et ocres qui regardent la mer, qui sont posées là en grandes carcasses piquées de palmiers.
Et la mer, en face, est un calme plat. Est une surface de métal fondu, si belle à voir. Si monstrueusement belle à voir. Magnétique, hypnotique. Un animal endormi prêt à se déchaîner. Une peau habitée, sans le montrer. Quelle que soit la saison, parfois, un tuba en dépasse et on l’entend respirer.
Sur ses bords nichent les Toutou, les Nounou, les Doudou, les Rourou. Chez Toutou, chez Nounou, chez Doudou, chez Rourou. On est trop vieux alors on accepte, au soleil, de retomber en enfance, de bégayer, de dire oui aux transats, aux parasols et à l’orange pressée. Et les machines à sous font houhou ! Chez Toutou, chez Nounou, chez Doudou, chez Rourou. Et le train file, sans s’arrêter.
Parfois, aussi, un toit vert.
Les façades, visages immobiles, la mer, plateau labile, immobile, le duel est acharné quoique silencieux. En armées shortées, à tongs inoffensives. En épuisettes et rose. En migrations et marées. Mais la mer ne parlera pas. Non, elle ne dira rien et surtout pas à ceux-là. De toute façon, ils sont cuits. On connaît déjà la fin de l’histoire. Reste, toujours, le miroir liquide pour rapporter les traits décochés, les conquêtes sablées, les défaites au fil du courant. Reste le miroir qui, reflétant, ne s’engage à rien, a pour lui les rochers flattés. Pas besoin de catapulte, pas besoin de tactique ou de bactériologie sournoise, c’est lui, le vainqueur, c’est elle. On ne se baigne pas deux fois dans ses eaux.
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