Que vive L’Association !
Depuis le début de la grève à L’Association le 10 janvier – ceux qui n’en ont pas entendu parler peuvent lire un résumé ne prenant pas partie (ils sont rares) ici –, je me suis gardée de tout commentaire, proprement hallucinée par la tournure que prenaient les choses. Comme dans un match de catch, nous avions d’un côté les salariés-dans-leur-bon-droit soutenus… ben par tout le monde ; et de l’autre, le méphistophélique Jean-Christophe Menu qui aurait même inventé la grippe aviaire s’il en avait eu l’idée… Surmédiatisation d’une part avec force emails, articles, pétitions, soirées de soutien d’un côté ; silence, de l’autre.
Je ne connais évidemment pas tous les détails – et encore moins les protagonistes de cette affaire – et je ne suis qu’une lectrice-admiratrice de L’Association. Mais depuis ces derniers événements, donc, on n’entend grosso modo qu’un son de cloche, on lit des propos plus que caricaturaux, on voit passer de drôles de pétitions et une rhétorique de l’insulte plus que douteuse. Je ne sais pas vous, mais moi j’ai du mal avec les présentations binaires, comme ça… avec cette impression que se joue davantage une variante de la fameuse scène de Festen qu’une négociation, si ce n’est sereine, du moins objective.
Ce soir, je découvre une réponse détaillée de Jean-Christophe Menu, fondateur de L’Association, que vous pouvez lire ici.
J’ai trouvé sa lecture des plus intéressantes et j’ai décidé de vous faire part de mes commentaires – qui ne feront sans doute pas avancer les choses mais avec toutes les approximations qu’on a pu lire dernièrement, ce ne sont pas quelques remarques subjectives – et s’affirmant comme telles – qui vont les envenimer…
En tant qu’ouvrière de l'édition depuis treize ans, ayant connu des tempêtes et des situations précaires, je ne puis que trouver les arguments de Jean-Christophe Menu rationnels. Beaucoup de structures sont en difficultés en ce moment. Il n’y a jamais de bonne solution quand des salariés, des catalogues, des auteurs sont en jeu. C’est un monde de passion aussi, où les entreprises les plus audacieuses sont souvent menées par des francs-tireurs, pas toujours des pros de la communication ou des gestionnaires hors-pairs, mais qui les conduisent avec une vision précise voire éclairée ; un monde où on a l’excommunication rapide, aimant déchirer ce que l’on a aimé…
Mais pourquoi, aujourd’hui, préférer, au sein d’une structure aussi atypique que L’Association, le conflit à la négociation ? Pourquoi balancer tout ça dans une arène où des gens qui n’y connaissent rien viennent balancer des avis ineptes dans une claire intention de manipulation ? Quel bon droit ou défense de ou quoi que ce soit de très pur pourrait justifier les attaques ad personam et l’insulte ?
J’aurais tendance – n’ayant aucun conseil ni expertise à fournir dans cette situation précise, je le répète – à penser que ce qui compte, c’est que de telles entreprises éditoriales continuent. C’est essentiel, c’est vital. Ce qui compte aujourd’hui plus que jamais, c’est de résister. Au flux de l’uniformisation, aux merdiers économiques, à la morosité. C’est-à-dire – dans ce cas particulier – publier. Soutenir les auteurs. Faire vivre les livres.
J’imagine que ma position sera mal comprise par certains mais bon, ils n’ont qu’à lire attentivement ces lignes, je crois m’être clairement expliquée ; j’ai juste beaucoup de mal avec les mixtures médiatiques qu’on drape dans une soi-disant bonne conscience politique. Il ne s’agit pas de prendre partie, de défendre le patron versus les salariés… mais justement de ne pas se laisser entraîner dans des généralisations de ce genre lorsque les problèmes sont tout autres… et surtout qu’il y a des solutions à trouver ou inventer.
J’ai foi en l’intelligence et en le talent de toute cette équipe, alors : vive L’Association, ses auteurs, ses salariés, Jean-Christophe Menu.
Déconnez pas, j’attends les prochaines publications de pied ferme. Vous pouvez pas nous laisser tomber.
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