lundi, octobre 17, 2005

Choisir sa fuite

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C’est le temps du trifouillage dans le moi et de l’exfoliation en profondeur (épouse x ou veuve y, tout est affaire de cases, de remplissage, de couleurs de formulaires plus ou moins passées).
Ça pourrait être drôle mais ça gratte, seulement. Les os qui remontent avec toutes les pilules qui ne sont jamais passées. On ne peut pas s’empêcher de trouver ça extrêmement surfait, ridicule et la bibliographie qui va avec. L’image de millions de pages tournées, feuilletées, ça, ça, surmoi, le chœur professoral, les divans parisiens, et ron et ron petit patapon, mon moulin va décidément beaucoup, beaucoup trop vite — ajoute t-elle, avec des mouvements de bras.

« On se calme et on boit frais », ce devrait être un mot d’ordre.

(Changer d’île).

En attendant, on continue à se lamenter sur les mensonges de sa vie grossis à la loupe, à manger trop de gluten, à acheter Biba en période de déprime, à ne pas supporter le métro aux heures de pointe – définitivement, à boire alors qu’on ne supporte plus l’alcool, à constater qu’on a un bien petit nombril, à gâtifier avec son chat comme une grand-mère perdue pour la science, à lire Arno Schmidt en grommelant qu’on aurait dû faire allemand, à récupérer difficilement après quelques menus excès, à avoir envie de changer de coupe pour se dégonfler 5 minutes plus tard, à danser un vieux pogo des familles dans son salon à 6 heures du mat’ sur de la techno minimale en nuisette petit bateau 14 ans délavée, à se dire que ça serait bien de s’intéresser aux prochaines présidentielles, quand même, à se trouver une sale gueule, à ne pas réussir à ranger ses papiers de grande personne correctement, à subir des ambiances de bureau qu’on aimerait bien transformer en carnage pour amateurs de tartare, à constater l’augmentation exponentielle de sa bibliothèque, à se payer une ostéo pendant qu’on fait patienter EDF, à se balader dans lastminute.com en rêvassant, à ne jamais se trouver assez de curiosité, à avoir peur de son ombre, à aimer ses ennemis, à compter ses amis, à constater que ce soir – juste ce soir, hein ? – on a davantage envie de regarder un épisode de Star Trek qu’un Godard même plus trouvable en VHS, à aimer l’air de la ville comme celui de la mer, à traquer le faux pas, à se rendre compte qu’on revend toujours le livre dont on a besoin une semaine plus tard, à se demander ce qu’on a bien pu mériter, etc., à se répéter que ce qui ne te tue pas ne te tue pas (et c’est déjà pas mal, en fait, quand on y pense), en vivant avec une fraîcheur sans cesse renouvelée, l’arrivée de lendemains aux aubes transparentes – même si parfois malades à l’astre cou coupé sur les bords – teintées de rose et de bleu...

L’histoire immédiate.

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