Je ne me souviens jamais de mes rêves
Ça se passe en Corse, je crois que c’est Villa L’Alcyon (la maison dans laquelle je suis née).
Je travaille, apparemment, pour mon père.
Ou dans une organisation que dirige mon père.
Un truc mafieux, quoi.
Ma mission consiste à assassiner une jeune femme blonde, très belle, carré court, yeux bleus. Elle a un bébé à ses pieds. Ou plutôt un petit enfant de deux ou trois ans. Tout blond. Il y a une histoire de parole. Je ne sais pas si elle n’a pas parlé ou si elle en a trop dit. Elle est assise sur une chaise, sereine. L’enfant est sage, contre sa jambe. Il me semble que c’est dans le salon du rez-de-chaussée, avec la lumière qui entre et illumine son visage, on y lit le mouvement des plantes du jardin balancées par la brise de mer. Mimosa, kaki, figuier. Jusqu’au déplacement des nuages dans le ciel. Très bleu. Je suis censée lui briser la nuque, d’un coup sec, en tournant sa tête sur la gauche.
Et là je ne peux pas. Je la regarde, je regarde l’enfant et je tourne les talons.
(Pourtant cette mission semble supposer que j’en ai effectué d’autres du même genre).
Je vais voir mon père et je lui dis « je ne peux pas, c’est ma responsabilité, je ne peux pas faire ça ».
Je fais un choix, face à lui, contre lui.
Bizarrement, pas de réaction (la statue est pesante et immobile).
Les conséquences arrivent très vite, je dois fuir. Je suppose que le reste de la bande va m’éliminer.
Je rassemble donc en hâte quelques affaires dans ce qui était ma chambre à Bastia, au premier étage, et je dis à ma grand-mère de veiller sur le reste, sur ma bibliothèque, sur mon piano. « Je te fais confiance ». Elle me soutient en silence. Je dévale les escaliers – nombreux.
En fait je ne fuis pas, je pars. Sans peur.
1 commentaire:
Courage ! Vous allez vous en sortir !
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