lundi, juillet 12, 2010

Équipage

Avec des potes, enfin, je veux dire, avec d’éminents collègues, mes pairs, écrivains, cette année, on a eu la chance d’être invités au festival Écrivains en bord de mer, une manifestation organisée par les éditions Joca Seria qui se déroule à La Baule, du 14 au 18 juillet 2010 – le programme ici.

J’en suis bien contente, parce que 1- j’adore lire (mes textes ou ceux des autres, à haute voix, en public ; j’aime bien sûr les lire aussi pas à haute voix, je ne suis pas folle, comme dirait Bessette ; enfin, ceux des autres, je veux dire, les miens, je ne passe pas mon temps à les relire hors scène…) ; 2- je ne suis jamais allée à La Baule et cela constituera ma seule sortie « en bord de mer » de mon studieux été, en plus… ; 3- j’y retrouverai de bons camarades (d’où ma blague en incipit) et j’y rencontrerai d’autres écrivains, dont j’estime le travail. Bref, tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes.

J’ai également eu l’honneur et l’avantage d’être interviewée par Quentin Périnel pour le magazine Kostar, diffusé en Loire Atlantique, un gratuit qui évoque les actualités de création artistique et culturelle du grand Ouest – dans ce numéro#21 d’été, vous lirez entre autres également deux pages de Pierrick Sorin et un grand entretien avec le groupe Sexy Sushi (dont je vous ai déjà parlé ici mais j’arrive plus à retrouver où… j’écoute toujours « T’enflamme pas pétasse », « Hibernatus/DVD » et autre « Fokjaretdeboire » en boucle….) à l’occasion de la sortie de leur nouvel album (oh la bonne nouvelle !) Cyril.

Avec Quentin Périnel, de Kostar, donc, on avait papoté plus longuement, via boîtes mail interposées, que ce qui apparaît dans le magazine… Donc, je me permets de reproduire ici ses questions et mes réponses. Rendez-vous à La Baule !


° Quels genres de livres emmenez-vous à la plage ?

À vrai dire, à la plage, j’emporte plutôt un paréo et des palmes… Lire est l’un de mes métiers et je trouve assez violent de le faire en plein air, la lumière est toujours trop violente, du sable s’immisce entre les pages, on finit toujours plus ou moins par laisser des traces de monoï sur un joli bouffant soigneusement choisi par l’éditeur, et puis il faut surveiller d’un œil le neveu qui se baigne, ce qui n’est guère propice à la concentration… Je préfère lézarder tranquillement, écouter le bruit des vagues, faire des pâtés de sable avec les mômes et siroter de l’eau de coco. Mais, certes, il m’est tout de même arrivé d’y emporter des livres : Au piano de Jean Echenoz ; Trois vies de Gertrude Stein ; Point de lendemain de Vivant Denom ; Arrêter d’écrire de David Markson ; Lamiel de Stendhal ; le Journal de Kurt Cobain ; Bunker anatomie de Claro ; Le Choix des mots de Clément Rosset ; Salammbô de Flaubert ; Devant le temps de Georges Didi-Huberman ; Psychotic Reactions de Lester Bangs ; Remèdes à l’amour d’Ovide ; Celestino avant l’aube de Reinaldo Arenas ; Moinous & Sucette de Raymond Federman ; La Funghimiracolette d’Olivier Mellano ; Grandes espérances de Kathy Acker…


° Y a-t-il un livre (voire plusieurs) que vous auriez honte d’avoir lu, et d’avoir aimé ?

Non, je n’ai aucun sentiment de honte esthétique pour la bonne et simple raison que je revendique l’hétérogénéité des goûts. Et il y a encore moins de honte à lire un livre que l’on trouve déplorable, cela permet de mieux cerner le curseur de ses prédilections – même si l’on n’est évidemment pas obligé de s’imposer trop d’épreuves masochistes de ce genre.


° Quel écrivain tapageur médiatique trouvez-vous charismatique ? Ou insupportable ?

Je ne suis guère sensible au charisme des individus médiatiques, sans doute parce que je maîtrise moi-même assez bien la rhétorique ainsi que Photoshop. Et j’aime encore moins éreinter mes contemporains. D’autant plus qu’il y a suffisamment d’œuvres qui émeuvent, bouleversent, passionnent – des œuvres contemporaines que l’on peut découvrir chaque jour dans de bonnes librairies – pour faire passer le goût des fâcheux effets à obsolescence rapide qui mobilisent trop souvent kiosques et écrans.


° Quel auteur pourrait écrire votre biographie ?

Qui pourrait avoir cette idée saugrenue un jour ? Si cela devait arriver, cela serait sans doute dans cent ou deux cents ans… Peut-être un jeune auteur refusant de se soumettre au formatage ambiant qui aura découvert la collection Laureli à la BNF, et ces livres l’auront conforté dans son indocilité, alors, il aura décidé d’écrire une biographie sur leur éditeur ayant également commis des écrits. Mais on lui refusera son manuscrit parce que même romancé – l’enfance au sein des « nuits bleues » de la Corse des années 80, le pittoresque Paris festif des années 2000… – cela ne sera pas assez vendeur, alors, il le mettra en ligne gratuitement, pour la beauté du geste.


° Le livre que vous auriez rêvé écrire ?

Il y en a plusieurs et je vais sans doute en oublier : Ulysse de James Joyce ; RAS infirmière chef de B.S. Johson ; La Tour d’Hélène Bessette ; Louve basse de Denis Roche ; Bouvard et Pécuchet de Gustave Flaubert ; Vie et opinions de Tristram Shandy de Laurence Sterne ; Rose poussière de Jean-Jacques Schuhl ; Roses et poireau de Arno Schmidt ; Cap au pire de Samuel Beckett ; Yapou bétail humain de Shozo Numa…


° Le livre inadaptable au cinéma ?

Salmigondis de Gilbert Sorrentino… Quoique…


° Un écrivain en bord de mer, c’est un écrivain en vacances ?

Un peu. Mais un écrivain n’est jamais en vacances…

1 commentaire:

auddie a dit…

pari tenu

à l'aveuglette