Chamarande bande compacte
… et puis ce drôle de dimanche à Chamarande, où Emmanuel Rabu faisait une lecture – notamment de son texte « Chamarande bande compacte », sur l’exposition qui s’y déroule en ce moment.
Chamarande bout du monde quand on rate le RER et qu’on attend le prochain une demie heure sur le quai en bavardant avec tout un tas de gens un peu bizarres qui ont l’air de s’emmerder ferme en ce dimanche pluvieux – à verse. Ce qui se confirme dans la rame même du RER finalement arrivé. Un tout jeune couple d’étudiants étrangers, lumineux, est abordé par un homme, comment dit-on déjà, d’un certain âge, ancien « fonctionnaire européen », ne cessera t-il de répéter, intarissable sur l’ « étranger », et surtout le pays du jeune homme : les pays-bas. Trois quarts d’heure de tulipes, de « bedos » (« Eh, Robert, là bas la fumette c’est tranquille »), de l'autre-pays-du-fromage, de « c’est tout plat ! », de maisons toutes petites et penchées, de « et les gens ils sont tous en vélo », de « mais c’est quoi le problème flamand ? » (puisque ça avait dérivé du côté de la Belgique), le tout en boucle avec le sourire patient du jeune homme et la mine tranquillement interloquée de son allemande de petite amie. Je suivais ça sur fond de Colin Blunstone, avec la drôle de lumière de la pluie qui rendait la scène un peu irréelle, irréalité renforcée par un second plan presque lynchien : un petit garçon noir tapant dans ses mains de façon anarchique et un vieil homme (on peut dire ça, cette fois), édenté, me souriant d’un air vaguement salace de toute son absence de dents dès qu’il croisait mon regard. Je me suis dit à ce moment là que si le train s’arrêtait en rase campagne, je me mettrais à hurler. Mais non, à cet instant, le jeune homme d’Amsterdam a dit qu’ils avaient pris ce train par hasard, avec son amie, et qu’ils ne savaient pas où aller. J’ai donc parlé de l’exposition à Chamarande et nous nous sommes tous retrouvés, sous une pluie battante, les jolis amoureux mais aussi le fonctionnaire européen et son pote torché au pastis à la lecture d’Emmanuel Rabu… Finalement, ça peut être bien la mélancolie des dimanches.
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