dimanche, mai 27, 2007

I’m a plane



... Sublimissime concert de Shellac au Bataclan, samedi soir. Le bonheur d’entendre enfin jouer ces remarquables musiciens que sont Steve Albini, Bob Weston et Todd Trainer – pour lequel j’avoue un petit faible avec sa touche de gothique paumé, où qu’il se trouve – avec leurs amplis supra vintage, voire carrément rouillés, et ce son absolument unique. Mais aussi le sentiment d’assister à un moment qui n’est pas simplement musical grâce aux interventions des musiciens. Où l’on apprend, à l’occasion de questions posées par le public, que Bob Weston a trois chats « un noirr ey deux tigrreus » – ça veut peut être rien dire pour vous, etc. – et qu’à la question « qui est pire Bush ou Sarko ? », Steve Albini a fait remarquer que la France était un petit pays aux petits enjeux (mondiaux) alors que Bush était responsable de la mort de nombreuses personnes, dans le monde – je crois qu’il a dit « millions ». Et qu’il ne fallait pas déconner quand même. Mais que c’était un petit pays très joli et qu’ils avaient très bien mangé…
À un autre moment, il a parlé des avions. Assez longuement. Du fait qu’il trouvait ça absolument amazing que l’homme soit capable de construire des villes de fer volant dans les airs. Et que tout le monde trouve ça normal.
Ça m’a frappé car cela m’a fait penser à un passage du prochain livre de Tarik Noui, Serviles Servants, que Laureli publie à la rentrée prochaine (comment ça je ne m’arrête jamais de bosser, si, si, ça m’arrive) :

« Brando dit :
— … Dans… dans quel silence avons-nous pensé nos machines, Willard, au point qu’un bateau, soc de métal, puisse tracer une voie dans la mer… Au point qu’un avion puisse balafrer le ciel de sutures blanches de kérosène ? »

Et j’aime ces rencontres, de grandes rencontres. Même lorsqu’elles ne se déroulent que pour moi, dans le secret (éphémère, vous le voyez bien) de mes connexions mentales. Une chanson de Steve Albini, un texte de Tarik Noui. Un concert qui parle de notre monde, certes, mais qui, surtout, crée une forme pour le crier, le rythmer, le vivre.

Après c’est toujours pareil, un fin sourire, quelques bières dans le bar à côté, beaucoup de cigarettes et des projets pour mille vies.

5 commentaires:

Anonyme a dit…

Héhé

Content de tomber sur ton billet. J'étais au concert de Shellac, il se trouve que c'est moi qui lui ai posé la question. J'étais bien content qu'il réponde aussi longtemps. Manifestement, c'était tout de même un problème qui le préoccupait, et il connaissait bien Sarkozy ("I know him pretty well").

Ca m'amuse qui ait dévalué ainsi la France. Branleur de ricain !!! Mais quel génie musical...

Laure Limongi a dit…

Oui, on l'a senti très concerné, alors merci pour cette question.
... Et la première à avoir applaudi quand il a dit que la France était un tout petit pays... c'était moi ! Parce que c'est quand même très très vrai, ça fait du bien de retrouver la juste échelle des choses (en plus il a reconnu notre supériorité culinaire, allez).

Anonyme a dit…

en attendant la semaine prochaine la sortie de Excellent Italian Greyhound, on peut regarder sur le site de Touch and Go une vidéo de shellac, jouant notamment le sublime "the end of radio" qu'on a entendu samedi et qui inaugure leur nouvel album (qui était déjà dans les peel sessions)
http://www.touchandgorecords.com/bands/band.php?id=93#

Anonyme a dit…

"dans quel silence avons nous pensé nos machines" cette phrase est splendide, un magnifique titre de livre. Merci

Anonyme a dit…

ça y est Excellent Italian Greyhound est sorti aujourd'hui et c'est magnifique…