mercredi, février 11, 2009

Dentru è fora

Depuis quelques temps, c’est l’île qui vient à moi – tout en trônant dans son bassin. C’est très apaisant. Porteur d’euphorie. J’en suis partie il y a quinze ans, injustement – car j’étais rejeton et non agent – honteuse (scugnosa) d’y avoir beaucoup perdu. Enragée de colère. Abandonnées les cendres de ma mère, abandonnée la maison de mon enfance, abandonné le paysage qui m’émeut et que je porte en moi à chaque détour. Finalement sans pierre mais possédant ardemment chaque grain de sable de toutes les plages. Je pourrais presque les compter. Le ressac est utile et peu à peu, on apprend à sourire au passé. À se réconcilier avec des images douloureuses. À se dire que les images ne sont que des images. Qu’elles se rangent dans des albums. Et que la terre n’est pas une image.

Et puis, surtout, les gens, sur cette terre. C’est là qu’est mon cœur. Et je suis fière de tout comme une enfant de son univers. (Vous m’entendrez conter bien des histoires et mon regard brillera, même aux plus cruelles.) Outre cette mythologie chérie – léonine d’être tant bercée – je suis, objectivement, fière des insulaires que je rencontre ou revois – vivant sur leur étendue de terre entourée d’eau de tous côtés ou en diaspora –, de ceux que je ne connais pas et qui portent tant de passion. Qui croisent, échangent, métissent, traduisent, importent, exportent, révèlent, pensent, écrivent, chantent, délivrent. On ne me fera pas croire que c’est un lieu comme un autre. Car c’est le mien. Sénèque y a été exilé. Il y a des menhirs qui sourient. Et des fougères qu’on ne déracine pas.

1 commentaire:

François-Xavier Renucci a dit…

Mademoiselle Limongi,
je suis bienheureux d'être arrivé jusqu'à votre blog (et votre oeuvre), via le message très engageant de Vannina Bernard-Leoni.
Je me suis permis d'évoquer ce soir votre blog, sur le mien : http://pourunelitteraturecorse.blogspot.com

Je ne connais pas encore votre travail, je vais à sa rencontre avec une grande curiosité. Je me souviens de quelques cours de Jean-Marie Gleize, à la Fac de Lettres d'Aix, que vous connaissez bien sûr. J'admire son anthologie de texte critique sur la poésie ; j'aime son travail sur Ponge, et sa présentation de Rimbaud.

A très bientôt, après lecture de votre "Elvis" ou du tout dernier livre à paraître !

Bien à vous,

François Renucci