En secret, je m’aime bien
Ça fait du bien d’être dans le secret, de temps à autres. De fomenter tout tranquillement comme au temps des arbouses chipées au maquis, des vagues qui s’écrasent sur les rochers en écume odorante. C’est bien beau tout ça, le jour le jour qui file, les archives négligées, mais je suis comme Berlol, moi : sans inscription, le temps m’échappe, les souvenirs s’ancrent de façon erratique et désordonnée, je réfléchis pour connaître mon âge, la date de sortie de mon premier livre. Ne comptez pas sur moi pour vous raconter ce qui s’est passé. Je ferais un bien mauvais témoin oculaire. Je décrirais en détail la couleur de la Sainte-Victoire le 25 février 1996, mais difficilement ce qui s’est passé la semaine dernière. Bref, c’est bien un trou d’un mois, un laps obscur qui ne sera jamais vraiment comblé. En même temps, les choses s’expliquent parfois de façon toute mathématique : arrêt maladie d’un mois en décembre = pause de Rougelarsenrose d’un mois à la veille de l’été, faites le compte, ça fait des semaines, des jours, des minutes de course contre la montre pour tenter de rattraper le temps perdu.
Essayons tout de même d’évoquer quelques moments, de retrouver des bribes.
La préparation intense de KART, le premier roman de Frédéric Junqua, dont je suis bien fière et qui sort le 26 août. Le feuilleton de sa couverture qui mériterait bien un « question de fab#10 »… Celle des Carcasses de Raymond Federman (qui sortent de leur zone pour envahir les librairies le 9 septembre) ; on s’y est vraiment bien amusé de synonymes en ajustements de transmutations (Stéphane Rouzé : « Pour Marie-Antoinette, ce serait mieux d’indiquer “transmutée en brioche” plutôt qu’en crème caramel, non ? » Raymond : « Oh oui ! » Laure : « En effet, et même en brioche au sucre ! »…) Carcasses transmutées en caractère Céleste, comme il se doit. Les futurs lecteurs comprendront… L’inventive couverture est de Marion Pannier ; c’était là aussi un beau défi de représentation – montrer la chimère, enfin, l’« homofaune » plutôt que la carcasse. J’appuie sur la touche avance rapide (et achronologique) en ce qui concerne les divers travaux de communication, rédaction d’argumentaires, devis, dossiers de sub, courrier, bla bla bla, etc. pour arriver aux beignets de fleurs de courgette. Ah ! Les beignets de fleurs de courgette ! Cela faisait une dizaine d’années que je n’en avais pas cuisinés. Eh bien salivez ! Ils étaient délicieux. Mais je vous avertis, ô Parisiens, la fleur de courgette dénichée – « commandée » serait plus juste – chez les marchands des quatre saisons de la capitale, coûte un rein. À déguster comme du caviar. Ou travailler vraiment mais alors vraiment beaucoup beaucoup plus pour en manger plus. Les livres lus et aimés pendant cette période, il y en a beaucoup – j’ai bien choisi, il est vrai, je n’avais pas envie d’être déprimée… Il faudrait trouver le temps d’écrire un texte qui leur rende dignement honneur. La nouvelle et monumentale étagère (merci Yiching, merci Fred !) qui signifie… bibliothèque à ranger (programme du week-end… avec ma pige pour CCP). Mon engueulade avec un serveur à la Madeleine qui vire les gens venant de raquer 12 euros parce qu’ils s’attardent un peu sans recommander – ben c’est vrai, quoi, un café, c’est fait pour boire, éventuellement pour manger et surtout faire chauffer sa gold, pas pour discuter, et encore moins littérature avec un auteur. Ma fureur amère devant ce type de pratiques – le mépris qu’elles signifient. Ya des TVA à 5,5 qui s’égarent. Le prochain livre de Lucien Suel (La Table Ronde) sur mon bureau. Celui de Jérôme Lafargue (Quidam) lundi dans ma boîte aux lettres. Bref, quelques articles en vue pour La Revue Littéraire et Rougelarsenrose – mais hélas pas Vengeance du traducteur de Brice Matthieussent, j’avais pourtant très envie de le lire et d’en parler mais monsieur Hirsch nous a annoncé qu’il ne recevrait pas le livre avant le 12 juillet… Oh !... Il ne me reste plus qu’à demander à mes amis libraires la formule magique leur permettrant de recevoir et lire des livres qui ne sont pas encore arrivés de l’imprimerie…
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