#10
Je ne ferai pas de bilan ni de prospective, ça me rappelle trop les dossiers de subvention. J’ai déjà donné, par le passé, dans l’euphorique résolution, c’est joli en hiver, mais c’est point très efficient. Et puis faut bien dire que 2009 a été une année pourrie de merde. Comme l’a écrit Florent – je vous invite d’ailleurs à lire le texte federmanien qu’il a mis en ligne –, Raymond nous a fait la mauvaise blague de mourir. Je guette à présent la moindre de ses transmutations. J’ai même arrêté d’écrabouiller les araignées à cause de ça. On ne sait jamais. D’autres l’ont imité et n’était-ce le Zoloft (merci Zoloft), j’aurais pleuré un max de rivière. J’ai donc formulé deux buts accessibles à la fin du mois de décembre. Le premier était de m’inscrire à un cours de boxe pour éviter de filer des coups de poings dans le mur suite à des appels de fâcheux. Ce projet a été étouffé dans l’œuf dès le 25 décembre après que j’ai été lâchement agressée par le bol mélangeur de mon mixeur, ce dernier m’ayant atteint en plein visage et ouvert le nez de l’une de ses arêtes coupantes – pile à l’endroit de mes deux précédentes fractures, comme un fait exprès, la première datant de 1982 (ou j’apprends la loi de la gravité), la deuxième de 1990 (ou faire un plat en dehors du tatami, ça fait mal). J’ai réalisé à ce moment-là que j’étais davantage bibelot de chez Typhus – ou princesse au petit pois, selon les références des lecteurs – que Eugene Robinson, et que je n’avais pas envie de dépenser mon salaire en fards hors de prix pour masquer les contusions. En plus, vu que je cicatrise comme un mort vivant, les voisins de tarderaient pas à appeler les flics, pensant qu’on me bat comme plâtre. Bref, la mauvaise idée. Abandonnée. Je vais tranquillement retourner à ma salle de pétasse – quand j’aurais les sous – et transpirer dans de jolie brassières aux couleurs vives en remuant mes fesser de guitarra. Ça fait 10 ans que cela m’évite un fait-divers du genre : « une éditrice tue trois personnes avant de se pendre avec le câble de son Mac » (’a pas peur, tante Luce, c’est juste une hyperbole !), ça devrait continuer à fonctionner. Ma seconde résolution – moins risquée, il est vrai, d’un certain point de vue – a en revanche été un franc succès : réaliser des canelés maison, à l’aide de moules en cuivre étamé. J’en suis aujourd’hui à la version 5.02. Tout mon entourage a pris 2 kg. 2010 sera l’année du canelé – oui oui, ça s’écrit avec un seul « n » – qui n’est pas qu’un simple plaisir gustatif – il est vrai indéniable – mais un véritable travail de mémoire puisqu’il est originaire de Bordeaux, ville négrière (comme Nantes, La Rochelle, Lorient, Marseille…) au XVIIIe siècle. On y trouve du rhum et de la vanille qui arrivaient dans les mêmes bateaux que les esclaves. Il ne restait plus qu’à se servir des surplus de jaune d’œuf (le blanc était utilisé pour clarifier le vin avant expédition), le canelé était né.
Laureli vous souhaite le meilleur : de la curiosité, de l’engagement, de la passion, de l’art, un gros budget livre.
Laureli vi preganu curiosità, impegnu, passione, arte, dinari per libri, pace e salute per l’annu novu.
1 commentaire:
Agressée par un bol de mixeur, elle mit le boxeur KO.
Je vous souhaite une année sans câble (où se pendre ou à péter), en espérant que vous aurez l'occasion de continuer à nous faire découvrir Federman.
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