lundi, juin 23, 2008

Bibi-la-Bibiste

Raymonde Linossier
(1897-1930)

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Bibi-la-Bibiste
roman
par les
Sœurs X...

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Chapitre Premier

Enfance

Sa naissance fut semblable à celle des autres enfants.
C'est pourquoi on la nomma Bibi-la-Bibiste

(Ceci fut l'enfance de Bibi-la-Bibiste)



Chapitre Deuxième

Adolescence

Le sang coulait rouge dans ses artères ; le sang coulait noir dans ses veines (1).

(Telle fut l'adolescence de Bibi-la-Bibiste)



Chapitre Troisième

Amour

À seize ans, elle travaillait dans un atelier.
— Aïe ! mon nez me démange ! s'écria-t-elle.
— C'est un vieux qui t'aime, répondirent ses compagnes, interrompant leurs chanson.
Une violente émotion la saisit. Son cœur fit volte-face dans sa poitrine.

(Telles furent les amours de Bibi-la-Bibiste)



Chapitre Quatrième

Déception

Elle sortit.
Dans la rue populeuse, les vieux messieurs passaient, nombreux. Bibi-la-Bibiste les examinait de son regard anxieux. Mais aucun ne répondit à son appel. Un seul lui lança un coup d'œil enflammé, et il était jeune !
Ne voulant pas s'opposer aux desseins mystérieux de la Fatalité (2), Bibi-la-Bibiste poursuivit son chemin.

(Et ceci fut la déception de Bibi-la-Bibiste)



Chapitre Cinquième

Rideau

Dans un lit d'hôpital s'éteignit Bibi-la-Bibiste. Comme Marie sa patronne, comme Jehanne d'Arc, elle était vierge. Mais sa fiche portait la mention « Syphilitique ».
Ô puissance magique d'un regard amoureux !

(Et ceci est le dernier et le plus tragique chapitre du roman de Bibi-la-Bibiste)


(1) Cf. Caustier, Anatomie et physiologie animale et végétale.
(2) Nous aurions mis « Providence » si le roman avait été destiné à La Croix.


N.D.E. : le livre a été publié en 1918 à compte d'auteur, imprimé par Paul Birault et réédité par les Éditions La Violette noire (surnom que Léon-Paul Fargue avait donné à Raymond Linossier). La première édition est évidemment denrée rarissime ; la seconde n'est plus vraiment trouvable non plus mais encore un peu, en cherchant bien... Guettez, ça vaut le coup !
Une traduction en anglais de Keith Waldrop ici.

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