vendredi, février 27, 2009

Hair 140

{Petite note vite écrite pour cause – toujours… – de bouclage d’Écrivains en séries… Allié à une panne de réveil, ça me faire encore un joli week end !…}

Visitez l’expo Hair 140 à la Galerie L140, 36 rue Durantin à Paris, XVIIIe. Outre les œuvres présentées, vous pourrez y consulter – et peut-être même acheter, soyons fous ! – l’édition limitée de 100 exemplaires publiée à cette occasion. Une fort jolie boîte kraft renfermant des textes et images de :

Emmanuel Abela, Emmanuelle Bayamack-Tam, Philippe Blondez, Daniele Bonfanti, Kandido Burenson, Giovanni Cittadini Cesi, Moustache club, Caroline Cornu, Rozi Cosmos, Marc Dachy, Alexandra David, Anji Dinh-Van, Emma Dusong, Mélissa Epaminondi, Kikifruit, Adeline Grais-Cernea, Isa Griese, Michel Griscelli, Géraldine Husson, Clara Lindsten, Bertrand le Pluard, Laure Limongi, Marianne Maric, Lucie Lux, Arno Nollen, Jérémy Perrodeau, Marc-Antoine Plumyoen, Nicolas Querci, Aurélie Romanacce, Philippe Schweyer, Emilie Voirin.


Allez, un ptit extrait de mon texte pour Hair 140, « La relique » :

Je passe ma main dans les 135 000 cheveux qui composent ma chevelure et presque autant d’éléments Internet et autres références bibliographiques.

Ma raie se dessine automatiquement, à gauche, sur cheveux secs ou mouillés, longs ou courts, raides ou artificiellement bouclés – avec un épi rebelle quand on tente de la contrarier. La raie – sa nature, le lit qu’elle s’est choisi – est plus forte que l’artifice. Mais elle est loin de montrer le chemin du côté de la cascade de possibles quant à la manière d’attacher ou de tresser le sujet.

La chevelure est un océan.
Ma raie subsistera après ma mort, tant qu’il y aura des cheveux en souvenirs.

Je passe ma main dans les 135 000 cheveux qui composent ma chevelure et presque autant d’éléments Internet et autres références bibliographiques. Elle exhale la fleur de jasmin avec une nuance d’acide angoisse : « Comme un qui s’est perdu dans la forêt profonde. Loin de chemin, d’orée et d’adresse, et de gens : Comme un qui en la mer grosse d’horribles vents, Se voit presque engloutir des grands vagues de l’onde. »

Je m’en veux de ne pas penser « toison moutonnant jusque sur l’encolure » mais tas en Canada et coercition : le diktat des codes.

Trois images s’imposent, au détour, en obsession :

(...)

Le sentiment,
le scalp
a les traits d’Alice
qui
grandit ou rapetisse,
à la poursuite du lapin blanc.
Elle doute de ce qu’elle fuit – la logique, la réalité –
et doute même d’elle-même.
Elle ne se retrouve Alice que par soustraction :
« Je suis sûre de ne pas être Ada, se dit-elle, car elle a de longs cheveux bouclés,
alors que les miens ne bouclent pas du tout. »
Ses cheveux raides sont Alice.

Le rêve était beau et étrange,
ses nattes sont toujours aussi serrées
– ou bien ses cheveux étaient-ils retenus en arrière –
– ou bien simplement lâchés comme pour une promenade en barque –
pourtant elle a couru
même si c’était en rêve.

Alice est aimée.
Alice est aimante comme un chien.
Dylan aime Alice
et il le montre
fugacement
sur l’hémisphère gauche de son crâne.

Cela repoussera en cycle immuable :
1 cm par mois,
plus de 13 km par an
pour l’ensemble de la chevelure.
Beaucoup de possibilités
de déclarations,
beaucoup
d’Alice
futures.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Je viens de découvrir votre blog et je tiens à vous féliciter pour sa densité et l'émotion qui s'en dégage. je le mets parmi mes favoris et serais très heureux de pouvoir échanger avec vous.

Norbert Paganelli
www.invistita.fr